[Côte d’Ivoire/Violences pré-électorale] Des ivoiriens fuient Abidjan
Abidjan, 30-10-2020 (lepointsur.com) « Monsieur, je voudrais vous le dire, je suis à Accra, au Ghana, depuis ce jeudi 29 octobre 2020 ». La jeune dame qui m’informe ainsi, est une internaute active sur les réseaux sociaux. « Je ne supportais plus le stress, les discours vindicatifs et les violences ». Elle a embarqué sa petite famille, cinq personnes au total, pour se mettre à l’abri. Passage sur l’eau, à partir d’Assinie. Puis, le parcours de combattant à l’intérieur du Ghana. « Beaucoup d’autres ivoiriens, qui fuient le pays, n’ont pas eu la même chance que ma famille et moi. Ils ont été contraints de rebrousser chemin par les forces de sécurité ghanéennes ».
Elle raconte son calvaire. « Les passeurs, puis le chauffeur de la voiture ont fait le reste. Les barrages sur la voie, à l’intérieur du Ghana, jusqu’à Takoradi se sont multipliés. Nous avons été informés que les autorités ghanéennes ont donné instructions pour empêcher l’exode massif des Ivoiriens. Grâce à Dieu, nous avons pu franchir les différents barrages. Nous sommes arrivés à Accra. Avec le strict minimum ».
En Côte d’Ivoire, beaucoup quittent Abidjan et regagnent leurs villages respectifs. Le traumatisme des violences de la crise-post-électorale en 2011, refait surface. Un jeune cadre qui a quitté Abidjan ce jeudi 29 octobre en direction de Bouaké raconte ses premières impressions, dans la capitale du Gbêkê : « Les gens ici ne se sentent pas concernés par les tumultes d’Abidjan. La vie est normale ». Il a suivi les derniers instants de la campagne électorale à Bouaké. « Le constat, c’est que la population de Bouaké regarde de loin, sans se mêler. Ça se passe dans l’indifférence générale ou presque. Mais la situation est paisible et bon enfant ».
Une élection ne devrait pas inspirer la peur. Voter est un devoir civique. Choisir les dirigeants, investis de la mission de développement du pays et de l’amélioration du cadre de vie des populations et de l’environnement des affaires, devrait être une fête, un acte de conscience. Malheureusement, les profondes dissensions entre le pouvoir et l’opposition, les tensions sur le terrain, les violences constatées, les affrontements ayant entraîné morts d’hommes et destructions de biens, angoissent les électeurs.
On l’a appris, tard dans la nuit, le cortège du ministre d’Etat, Secrétaire général de la présidence, Patrick Achi, de retour d’un meeting a essuyé des tirs des assaillants non identifiés au niveau du village d’Agbaou, sur l’axe Akoupé-Adzopé. Il est sain et sauf. Il a poursuivi ses meetings, la nuit, dans les villages. C’est vrai, la confusion règne quant à l’origine des coups de feu. Certains parlent d’erreur de manipulation de sa garde. D’autres de coups de fusils calibre 12…
Mais à 48 h du scrutin, cela a de quoi faire flipper…
Par Fernand Dédeh