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[Côte d’Ivoire] Présidentielle 2020 ou la guerre de la Constitution ivoirienne ?


Abidjan, 28-10-2020 (lepointsur.com) À Barthelemy Zouzoua Inabo : Jour J-3. Dans trois jours, la présidentielle. L’environnement est toujours tendu. Le président Alassane Ouattara brandit la constitution pour justifier sa position de tenir la date du 31 octobre 2020. Les opposants brandissent la constitution pour rejeter sa candidature. Entre les deux positions irréconciliables, le peuple…

Question d’un ami, un frère : « Quel est le jour de l’année 2020 qui réunit à la fois tous ces qualificatifs en Côte d’Ivoire : Illisible, imprécis, ingérable, imprévisible, incertain, incalculable, indéchiffrable et inimaginable ? ».

“Alassane Ouattara a été beaucoup mieux briefé par ses communicants. Les interviews dans la presse écrite française 72 h plus tôt, étaient catastrophiques pour son image.’’

ADO garde le cap

Alassane Ouattara a été beaucoup mieux briefé par ses communicants. Les interviews dans la presse écrite française 72 h plus tôt, étaient catastrophiques pour son image. Il avait donné de lui, l’image du parfait chef d’Etat africain que les médias occidentaux adorent et caricaturent à souhait : le chef omnipotent, omniscient, l’alpha et l’oméga qui concentre entre ses mains, tous les pouvoirs.

ADO, adossé à la constitution

Dans ses échanges avec les différents journaux hexagonaux, il avait été sûrement trahi par la colère, blessé par les propos de ses opposants. Il en avait alors trop dit : Procureur de la République, distribuant les peines pour les opposants, enquêteur en chef, déterminant les causes et les responsables des attaques dans certaines régions du pays…

Ce mardi 27 octobre 2020, le candidat du RHDP était interrogé par la télévision française France 24. Il a préféré la chaîne française à la chaîne nationale. Alassane Ouattara s’est adossé à la constitution, brandissant une copie du texte fondamental du 8 novembre 2016, « j’ai toujours une copie avec moi ». Et le Chef de l’Etat de dérouler. Concernant la date du 31 octobre 2020, il insiste sur le fait qu’elle est inscrite dans la constitution. Par conséquent, il ne saurait y dérober. « Ce serait un parjure… ». L’élection aura donc lieu à date.

Pour ce concerne les poursuites contre les opposants, il s’est voulu mesuré, « je ne suis pas juge. Je suis un citoyen qui a émis une opinion. En temps voulu, la justice s’en occupera ».

Prêt à rencontrer son aîné Henri Konan Bédié, même dans un hôtel

Alassane Ouattara l’avait déjà. Il l’a répété. Il est prêt à rencontrer le président du PDCI-RDA « même dans un hôtel. Moi, j’ai déjà indiqué ma disponibilité. Vous savez, c’est mon aîné. Je ne peux pas le bousculer ».

Henri Konan Bédié justement était l’invité de la chaîne française ce mercredi 28 octobre 2020. Sa prise de parole était attendue. À trois jours de la date de la présidentielle 2020. Il ne souhaite pas parler. Il laisse le champ à Pascal Affi N’guessan, porte-Parole de l’opposition.

Tensions sur le terrain

Des appels de détresse, des vidéos sur les réseaux sociaux qui montrent des jeunes s’opposant à l’avancée des forces de sécurité. « Depuis le matin (mardi 27 octobre 2020), une armée spéciale a essayée de forcer le passage à ANANDA, (au centre de la Cote d’Ivoire, dans le département de Daoukro). Des hommes encagoulés, lourdement armée, accompagnés par des mini-cars ont rebroussé chemin et sont actuellement dans un village, entre ANANDA et M’bahiakro », selon une source locale.

Pas la même version, côté Armée nationale. « Ce sont des fausses images qui circulent. Il n’y a eu aucun affrontement et les troupes déployées sont encasernées à l’escadron. Seulement depuis le lundi 26 octobre 2020, une expédition a dégagé l’axe Bongouanou – Daoukro. Daoukro était isolé avec plus de 300 troncs d’arbre sur l’axe ».

Toutefois, à la CEI, l’on confirme la destruction du siège local de Ananda. « Le matériel électoral est en cours de déploiement dans les chef-lieux de région. Nous notons des problèmes sécuritaires », dit-on à la CEI.

Le chef de l’Etat ivoirien espère que le déploiement des 35 000 agents des forces de sécurité sur le terrain permettra de garantir la sécurité des biens et des personnes.

Encadré/Présidentielle2020 : Le temps des « Situation room »

Les observateurs nationaux et internationaux s’organisent sur le terrain. Le groupe de plaidoyer PTI, porté par l’ONG Indigo, note des inquiétudes grandissantes, au sein de la population, à trois jours du scrutin. Il entend suivre le processus électoral et de ce fait, ouvre son quartier général à l’hôtel Tiama au Plateau. Le Groupe de Plaidoyer PTI est un groupe d’acteurs de la société civile, partenaire de mise en œuvre du Programme Transition et Inclusion Politique en Côte d’Ivoire. Présent dans les régions du Gbêkê, du Poro, du Tonkpi, du Tchologo, de la Bagoué, du Guémon, du Cavally et dans le district autonome d’Abidjan. « INDIGO CI utilisera une méthodologie d’observation systématique et les technologies de l’information et de la communication, à travers le déploiement de 750 observateurs/observatrices fixes dans des bureaux de vote (BV) échantillonnés sur une base représentative de la répartition de la population électorale du pays et 120 observateurs mobiles déployés dans les 107 départements de l’intérieur du pays et 13 communes du District d’Abidjan ».

Wanep CI met en place, de son côté, une salle d’observation des élections pour relayer en temps réel, les données du terrain.

Le NDI de son côté, est préoccupé par la désinformation sur les réseaux sociaux. Avec l’observatoire ivoirien des droits de l’humain, l’OIDH, il sensibilise les acteurs politiques, les journalistes et les blogueurs pour combattre « ce virus très dangereux ». Comment contribuer à réduire l’impact de la désinformation en ligne en période électorale sur les individus et la société ? Vaste question. Appel à la responsabilité des acteurs, mesure dans les discours, lutte contre les propos haineux et incitateurs à la violence, utilisation à bon escient des réseaux sociaux, vérification rigoureuse des informations portées sur la place publique. Parce que les Fake news vont à grande vitesse et sont de nature à troubler l’ordre public et porter atteinte à la cohésion sociale.

Par Fernand Dédeh

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