[Côte d’Ivoire/Présidentielle 2020] L’opposition ivoirienne toujours menaçante
Abidjan, 15-09-2020 (lepointsur.com) Après l’annonce des candidatures retenues pour la présidentielle d’octobre 2020, l’opposition menace la tenue du scrutin du 31 octobre. Même, Aimé Henri Konan Bédié, l’un des opposants de taille dont la candidature est maintenue brandit le bâton.
Dans la soirée du lundi 14 septembre 2020, le Conseil Constitutionnel ivoirien avec à sa tête, Koné Mamadou a rendu publique la liste des candidats retenus pour la présidentielle d’octobre prochain. Alassane Ouattara, président de la République sortant, Henri Konan Bédié (Pdci), Affi N’Guessan (Fpi) et Konan Kouadio Bertin (indépendant) ont validé leurs tickets pour ce scrutin qui s’annonce décisive pour la Côte d’Ivoire.
Comme l’on pouvait s’y attendre les candidatures de l’ancien président de la République Laurent Gbagbo et de son ex-premier Ministre Guillaume Soro ont été rejetées par le Conseil constitutionnel. Les deux hommes ayant écopés chacun d’une condamnation à 20 ans de prison par la justice ivoirienne.
Face à cette décision du Conseil constitutionnel, qui a décidé de validé la candidature du chef de l’Etat ivoirien malgré les contestations de l’opposition politique, des voix s’élèvent et se montrent menaçantes. C’est le cas du président de Générations et peuples solidaires (Gps), Guillaume Soro qui dénonce une forfaiture de l’institution et de son président M. Koné Mamadou.
Tant bien même que la candidature de son président a été retenue pour la course finale au fauteuil présidentiel le 31 octobre prochain, le Pdci a également tenu à porter à la connaissance de l’opinion nationale et internationale que l’Arrêt de la Cour africaine des droits de l’homme et des peuples (CADHP) du 15 juillet relatif à la recomposition de la Commission Centrale et des commissions électorales locales de la CEI n’a pas été exécuté par le gouvernement.
« Dans son Arrêt, la Cour Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples a estimé que le pouvoir RHDP-Unifié a piloté lui-même la procédure de désignation des représentants des partis d’opposition ainsi que ceux des organisations de la société civile. En conséquence, la Cour a ordonné à l’Etat de Côte d’Ivoire: “de prendre les mesures nécessaires avant toute élection pour garantir que le processus de nomination des membres de l’organe électoral proposés par les partis politiques, notamment les partis d’opposition, ainsi que les OSC, soit piloté par ces entités, sur la base de critères prédéterminés, avec le pouvoir de s’organiser, de se consulter, de tenir des élections, si nécessaire et de présenter les candidats nominés appropriés’’; et prendre des mesures nécessaires avant toute élection pour garantir que de nouvelles élections du bureau fondées sur la nouvelle composition de l’organe électoral soient organisées aux niveaux locaux », rappelle le plus vieux parti politique de Côte d’Ivoire dans un cou.
Pour rappel, la CADHP avait imparti dans son Arrêt, un délai au gouvernement de la République de Côte d’Ivoire de lui servir des rapports sur l’exécution de sa décision jusqu’à ce qu’elle juge satisfaisante l’exécution de son Arrêt, avant toute élection.
« La tenue d’élections nouvelles dans les commissions locales ne peut être regardée comme exécutant l’arrêt du 15 juillet 2020, que si les personnalités proposées par les partis de l’opposition conformément au processus de désignation décrit et validé par la Cour, ne sont pas admis dans les commissions de l’organe électoral », précise la note du secrétaire exécutif du Pdci.
Au regard des “irrégularités suscitées’’, le PDCI- RDA, principal parti de l’opposition, décide de ne pas participer aux élections des bureaux des Commissions électorales locales du 15 septembre 2020.
En dehors de Gps et du Pdci, plusieurs autres partis de l’opposition dénoncent un coup d’Etat Constitutionnel avec notamment la validation du président du Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (Rhdp), le parti au pouvoir.
Selon eux, les deux instances organisatrices de l’élection présidentielle en Côte d’Ivoire que sont la Commission électorale indépendante (Cei) et le Conseil constitutionnel sont impartiales. « Maintenant que les candidats retenus ou rejetés sont tous convaincus de la partialité des instances organisatrices de l’élection présidentielle, il est impérieux que l’opposition se retire afin de laisser Alassane Ouattara seul face à lui-même », a dénoncé pour sa part dénoncé, Seth Koko, président du mouvement politique Alternative-ci.
En Côte d’Ivoire, la présidentielle d’octobre 2020 s’annoncent déjà très électrique. Au cours du mois d’août dernier, plusieurs violentes manifestations ont fait plusieurs morts, de nombreux blessés et d’importants dégâts matériels dans des localités de l’intérieur du pays mais aussi à Abidjan, la capitale économique.
Georges Kouamé