[Côte d’Ivoire/Présidentielle 2020] Les monologues bruyants ont atteint leurs limites
Abidjan, 12-10-2020 (lepointsur.com) À Barthelemy Zouzoua Inabo: Ton camarade doit se poser des questions. Le meeting de l’opposition ce 10 octobre 2020, au-delà des apparences, a jeté un pavé dans son jardin. Le basculement dans l’opposition des principaux partis qui ont accompagné son accession au pouvoir en 2010, ne peut pas être considéré comme un fait anodin. Le discours totalement offensif et cassant du Prince de la BIA, homme de silence et de l’ombre, proche collaborateur pendant 30 ans de ton camarade est suffisamment expressif pour passer inaperçu. Tout comme celui du Montagnard.
En règle générale, le pouvoir attire, impressionne, dompte, apprivoise même. Alors question : pourquoi ton camarade a les manettes du pouvoir et les hommes qui ont sué sang et eau, pendant la montée de la colline, l’abandonnent et font front contre lui ?
Certains analystes parlent de choc des ambitions, de guerre de succession, de frustrations mal contenues. D’autres, de promesses non tenues. Dans l’un ou l’autre cas, de nombreuses branches de l’arbre du Golf sont tombées.
La volonté affichée par ses ex-alliés de l’affronter publiquement, est révélatrice d’un certain mal être dans la maison de ton camarade. Confiance rompue. Dépit amoureux. Usure du pouvoir. Grosse déception. Intérêts contrariés. Quelque chose ne va pas. Ça c’est sûr.
« Une chose me paraît évidente : les parties ivoiriennes devront s’asseoir pour discuter. Pour faire les réglages nécessaires. Les monologues bruyants ont atteint leurs limites. Les deux blocs ont montré leurs capacités de mobilisation. Chacun a parlé pour son camp et dans son intérêt »
En 2010, l’équation était, « tous autour de ton camarade contre le Silencieux de Bruxelles », dans le domaine de définition du Golf. 10 ans plus tard, le repère a changé, l’équation s’est inversée. Ton camarade est dans la position du Bruxellois ou presque. Et c’est désormais « tous contre lui », dans le repère du stade Felix Houphouët Boigny.
Les grands chantiers enclenchés, les infrastructures routières, les investissements massifs le domaine hydraulique, l’électrification des villages, l’amélioration du cadre de vie, en gros, le bilan de ton camarade n’émeut guère ses opposants. Ils sont plutôt braqués.
L’opposition a tenu son meeting comme annoncé. Bien sécurisé « et même sécurité́ inutilement excessive », de l’avis d’un cadre de l’opposition. Soulagement d’un militant du parti au pouvoir, « Le meeting s’est tenu. Le gouvernement l’a encadré. Le ciel n’est tombé sur la tête de personne ».
« La désobéissance civile entre dans sa phase active sans plus de précisions », a commenté une universitaire, sympathisante de l’opposition qui ajoute toutefois, « les discours avaient pour maître-mots, l’unité et le rejet du 3e mandat ».
Pour l’instant, les observateurs ne saisissent pas clairement la démarche de l’opposition. L’appel du chef de file de l’Alliance non idéologique au patron de l’ONU « à s’auto-saisir pour la mise en place d’un organe de régulation crédible avant le scrutin du 31 octobre 2020 », laisse perplexe. Au moment où la commission électorale, déroule son processus. Elle vient d’indiquer les délais pour la distribution des cartes d’électeurs. La question principale maintenant, « on fait quoi » ?
Une chose me paraît évidente : les parties ivoiriennes devront s’asseoir pour discuter. Pour faire les réglages nécessaires. Les monologues bruyants ont atteint leurs limites. Les deux blocs ont montré leurs capacités de mobilisation. Chacun a parlé pour son camp et dans son intérêt. Il est peut-être temps, que tout le monde accepte de parler pour la Côte d’Ivoire. Autour d’une table. Pour un consensus minimal.
Par Fernand Dédeh