[Côte d’Ivoire Présidentielle 2020] Des grincements de dents sur la composition et le fonctionnement de la CEI
Le président de l’ONG, Action pour la promotion des droits de l’Homme (Apdh), Dr Arsène Néné Bi, a réagi dans un communiqué le jeudi 14 mars 2019, au commentaire du ministre de la Communication et des Médias, par ailleurs porte-parole du gouvernement, Sidi Touré, relativement à la réforme de la Commission électorale indépendante (CEI).
L’Apdh, l’organisation de la société civile ivoirienne qui a introduit une saisine à la Cour africaine des droits de l’homme (Cadh), et dont l’arrêt de justice, contraint la Côte d’Ivoire à faire la réforme de la CEI a réagi, ce jeudi après la déclaration du gouvernement de ne prendre en compte que la recomposition de la CEI.
À l’occasion du compte-rendu du conseil des ministres hebdomadaire du mercredi 13 mars, le porte-parole du gouvernement a indiqué, relativement à la réforme de la CEI que le gouvernement ivoirien n’envisageait que la recomposition de l’organe de gestion des élections de notre pays et qu’il n’en ferait pas plus. « L’Apdh note que cette position devenue maintenant officielle, du gouvernement, avait été déjà évoquée par un article publié le vendredi 8 mars 2019 ».
Par conséquent, le Premier ministre Ivoirien, Amadou Gon Coulibaly, au cours de sa rencontre avec la société civile dans le cadre du dialogue portant sur la réforme de la CEI, a déclaré, selon l’Apdh que « notre débat consistera notamment à l’interprétation de l’arrêt…pour voir quelles sont les modifications à apporter, pour permettre que nous soyons tous convaincus que lesdites modifications vont conduire à une consolidation de notre consensus 2013-2014 ».
Pour Dr Arsène Néné Bi, la position exprimée cette semaine, par le porte-parole du gouvernement sur l’orientation de la réforme pourrait amener à conclure que pour le gouvernement, l’arrêt de la Cour africaine des droits de l’homme et des peuples, tend à l’équilibre entre les entités actuelles de la Commission. « Il est de pratique judiciaire que c’est le dispositif d’une décision qui la fixe et la résume », indique-t-il.
Que dit l’Arrêt ?
L’arrêt du 18 novembre 2016 est libellé comme suit : « La Cour,
A la majorité de neuf (9) voix pour et une voix contre, … :
5) Dit que l’Etat défendeur a violé son obligation de créer un organe électoral indépendant et impartial, prévu par l’article 17 de la Charte africaine sur la démocratie et l’article 3 du Protocole de la CEDEAO sur la démocratie et qu’il a également, par voie de conséquence, violé son obligation de protéger le droit des citoyens de participer librement à la direction des affaires publiques de leur pays, garanti par l’article 13 (1) et (2) de la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples ;
6) Dit que l’Etat défendeur a violé son obligation de protéger le droit à une égale protection de la loi, garanti par l’article 10 (3) de la charte africaine sur la démocratie, l’article 3 (2) de la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples et l’article 26 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques ;
7) Ordonne à l’Etat défendeur de modifier la loi n°2014-335 du 18 juin 2014 relative à la Commission Electorale Indépendante pour la rendre conforme aux instruments ci-dessus mentionnés auxquels il est parti ;
Ordonne à l’Etat défendeur de lui soumettre un rapport sur l’exécution de la présente décision dans un délai raisonnable qui dans tous les cas ne doit pas excéder une année, à partir de la date du prononcé du présent arrêt… »
Il ressort de ce dispositif de l’Arrêt, que pour créer un organe indépendant, l’Etat de Côte d’Ivoire, doit assurer l’égalité de tous devant la loi. « Il s’agit de l’égalité des électeurs et l’égalité des candidats », justifie-t-il ajoutant, par ailleurs qu’une commission fondée sur les partis politiques violerait l’arrêt de la Cour et les engagements internationaux de la Côte de la Côte d’Ivoire.
« L’Apdh prie le chef de l’État, garant de l’État de droit, de saisir cette opportunité qu’offre cet Arrêt pour enraciner notre démocratie vacillante et permettre aux générations futures de vivre une paix honnête et bénéficier d’une législation claire, juste et opérationnelle tant en ce qui concerne la CEI, que la campagne électorale ainsi que le déroulement des élections et la proclamation des résultats afin d’en mieux garantir la sincérité et la régularité », renchérit le président de l’Apdh. Aussi, l’Apdh insiste pour une réforme holistique de toutes les institutions électorales y compris le Conseil constitutionnel dont, selon l’ONG, la composition actuelle et son fonctionnement rappellent ceux de 2010. « Il faut construire définitivement la confiance autour des élections en Côte d’Ivoire. Cela relève de la responsabilité historique du Gouvernement », conclut Dr Arsène Néné Bi.
Kpan Charles