[Côte d’Ivoire/Présidentielle 2020] Ce qu’il faut savoir et retenir de la première journée de la mission conjointe ONU-UA-CEDEAO à Abidjan
Abidjan, 06-10-2020 (lepointsur.com) À Barthelemy Zouzoua Inabo: La preuve de la délicatesse des démarches des délégués de la communauté internationale à Abidjan : à la sortie de l’audience avec ton camarade ce lundi 5 octobre 2020, la cheffe de mission a lu une déclaration écrite. Les mots sont ainsi pesés, pensés et couchés sur un panier. Risque d’erreur minimisé, pas le moment de fâcher un camp ou un autre.
Le langage diplomatique à ses codes. Pas toujours faciles à interpréter. Cependant si l’on en croit la partie visible de l’iceberg, ton camarade n’a pas bougé d’un iota de sa position. Après une heure d’entretien avec le patron du Palais d’Abidjan, ce que toi et moi devons retenir, « Bonne ambiance ! La diplomate en chef a fait état de l’engagement du Président de la République en faveur d’une élection ouverte, transparente et inclusive. La Mission dit être venue aider les Ivoiriens dans ce sens et a appelé à éviter les discours de haine ! ».
En Français facile, cela signifie que ton camarade a rassuré les envoyés spéciaux de l’ONU, de l’UA et de la CEDEAO qu’il n’y a aucun problème à son niveau. L’élection aura lieu le 31 octobre 2020. Ça ne m’est pas nouveau. Il l’a toujours dit. Mais attention aux mots en diplomatie : elle dit bien que ton camarade est engagé pour une élection « ouverte, transparente et inclusive ». L’expression consacrée par le passé, c’était « ouverte, transparente et crédible ». Le mot « inclusif » prend tout son sens dans la bouche d’un agent de l’ONU.
Inclusif se dit de quelqu’un ou de quelque chose qui n’exclut personne, qui vise à réunir toutes les sensibilités, à inclure chacun.
De deux choses l’une, soit ton camarade et l’ONU ne parlent pas le même langage, dialogue diplomatique de sourds ou alors, ils se sont entendus sur quelque chose que notre entendement de profanes ne capte pas tout de suite.
Donne-moi le temps de suivre les pas des hauts fonctionnaires à Abidjan. Les choses seront beaucoup plus claires. Et je te dirai. Notamment, après les échanges de la délégation de l’ONU avec la CEI et le Conseil constitutionnel. La première a reçu les candidatures, la seconde a tranché. En principe, les données sont claires. « Les textes appliqués ». Mais le fait que la communauté internationale fourre son nez dans « les petits papiers » de ces deux institutions, à jour J-24 de la présidentielle, n’est pas innocent…
L’opposition aurait bien tort de tout miser sur « la communauté internationale ». Elle fait de la prévention. Elle anticipe les violences. Mais elle est surtout attachée à la Démocratie. À la conciliation. Au règlement pacifique des contradictions. Elle est venue écouter, conseiller et non décider. Elle se pliera à la loi du terrain. Et comme disent les militaires, « le terrain fait le chef ».
Ma position est constante. La Côte d’Ivoire a les ressources humaines et intellectuelles en interne pour piloter le dialogue entre ses fils. Malheureusement, comme en 2010, les intérêts partisans et/ou personnels nous rendent tous spectateurs passifs. Beaucoup savent les dangers encourus par le pays, mais nous sommes dans la danse du moment « Adjou-Adjou-Adjou » ! On s’en fout la mort ! Ou du moins, on attend de faire le décompte macabre.
Par Fernand Dédeh