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[Côte d’Ivoire Présidentielle 2020] Bédié et Alassane maintiennent le suspense


Le président de la République, Alassane Ouattara, a animé, samedi 6 avril 2019, au Sofitel – Abidjan Hôtel Ivoire, un panel dans le cadre du Forum Mo Ibrahim pour la bonne gouvernance, qui a suscité encore des réactions sur sa probable candidature à la présidentielle de 2020. Beaucoup d’ivoiriens attendaient qu’au sortir de ce panel, le chef de l’État donne sa position clairement, quant à sa candidature à sa propre succession en 2020.

«Je n’ai jamais occupé une fonction plus de 6 ans. Aujourd’hui, j’ai 8 ans en tant que président. Mon souhait le plus ardent, c’est de faire un transfert de pouvoir à la nouvelle génération», dit-il en substance. Par ailleurs, M. Ouattara se rapproche de la réponse et maintient le suspense : «La morale voudrait qu’à un moment donné, il faut être raisonnable. Même si la Constitution vous le permet, vous devez passer le pouvoir à une autre génération.»

Ce passage de ce que qu’on peut qualifier du film de la politique qui fait naître  un sentiment d’attente angoissée perdure. Mais, il suffit de remonter dans le temps pour comprendre que le chef de d’État a déjà répondu à cette préoccupation.

La chronologie des faits

En effet, à l’occasion de sorties publiques et d’interviews accordées à certains médias nationaux et internationaux, Alassane Ouattara et certains de ses proches ont toujours rejeté l’idée d’un 3e mandat.

En témoignent ces quelques déclarations, les unes aussi révélatrices que les autres. En effet, le mercredi 27 mai 2015, l’ex-présidente de la Commission de l’Union africaine(UA), Nkosazana Dlamini-Zuma, après un entretien avec M. Ouattara, en marge de la 50e réunion annuelle de la Banque africaine de développement (BAD) à Abidjan annonçait : «le président de la Côte d’Ivoire a déclaré qu’il se retirera après son second mandat comme président, s’il est élu.»

Le dimanche 28 aout 2016, son ex-conseiller à la présidence de la République, Touré Mamadou en charge de la Jeunesse et des Sports face à des jeunes militants du RDR, soutenait mordicus : «le président Alassane Ouattara n’est pas Laurent Gbagbo qui dit quelque chose et pense autre chose. Sa conception de la politique n’est pas l’art de la roublardise (…) Il a dit qu’il ne fera pas un 3e mandat, et il ne fera pas un 3e mandat.»

Le ministre de la Justice, Sansan Kambilé, indiquait, à son tour, le vendredi 7 octobre 2016, à l’ouverture des débats en Commission à l’Assemblée nationale sur le projet de la nouvelle constitution ivoirienne ce qui suit : «Avec cette nouvelle constitution, il est techniquement impossible pour le chef de l’État d’être candidat en 2020.»

Le lundi 18 janvier 2016, Moses Kea, porte-parole des rois et chefs traditionnels du Libéria sollicitait pour le président ivoirien, Alassane Ouattara et la libérienne, Sirleaf Johson un 3e mandat. «Non. Ellen et moi, nous n’avons pas besoin de changer les lois pour un troisième mandat. Ellen et moi, nous nous sommes consultés. Je n’ai pas besoin de ça», avait coupé court Alassane Ouattara.

En janvier 2017, lors de la cérémonie d’échanges de vœux, face aux corps constitués au palais présidentiel, le pensionnaire du palais présidentiel du Plateau se confiait à ses compatriotes en ces termes : «A l’occasion de mes 75 ans, ceci m’amène à réaffirmer que les institutions de la République qui seront mises en place très prochainement me permettront de prendre congé en 2020 après un demi-siècle de travail.»

Entre Ouattara et Bédié qui sortira sa carte le premier ?

Deux de ses proches collaborateurs, l’ex-secrétaire général du RDR, à ce jour président de l’Assemblée nationale, Amadou Soumahoro et Joël N’Guessan, s’adressant aux journalistes, respectivement le 11 avril 2017 et le 4 mai 2017 ont abondé dans le même sens.  «Le chef de l’État qui a déjà dit qu’il ne ferait pas un 3e mandat, n’est pas un homme à se dédire, mais si par extraordinaire, il se dédit, la direction  du RDR avisera(…) Il l’a dit et redit à chaque occasion qu’il devait se prononcer sur ce sujet : Il ne briguera pas un troisième mandat. Alassane Ouattara est un homme de parole. Il dit ce qu’il va faire et il fait ce qu’il a dit.»

Si ces différentes sorties avaient fini par convaincre l’opinion de la volonté de Ouattara de ‘’prendre congé’’, après ce deuxième mandat qu’il a réclamé de tous ses vœux, la naissance du Rhdp et les ambitions de MM. Bédié et Soro sont passées par-là.

Le samedi 2 juin 2018, dans une interview à jeune Afrique, au regard du contexte politique et de tout ce qui se murmurait, M. Ouattara sort la carte qui va semer le doute dans l’esprit de plusieurs observateurs. Il va battre en brèche tout ce qui a été entendu : «La nouvelle Constitution m’autorise à faire deux mandats à partir de 2020. Je ne prendrai ma décision définitive qu’à ce moment-là, en fonction de la situation de la Cote d’Ivoire. La stabilité et la paix passent avant tout, y compris avant mes principes.»

A quelques mois de la présidentielle de 2020, le principal acteur du film de la politique ivoirienne, Alassane Ouattara, ne veut pas être le premier à dévoiler sa carte. Il attend que ‘’son aîné’’, Henri Konan Bédié, officialise son intention d’être candidat à cette élection, et vice-versa.

Seriba Koné

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