[Côte d’Ivoire Présidence de l’Unjci] Jean-Claude COULIBALY expose les motivations de sa candidature, ses projets et programmes, ses moyens d’actions…. (Fauteuil Blanc)
Abidjan, 11-07-2019 (lepointsur.com) l’Assemblée générale élective de l’Union nationale des journalistes de Côte d’Ivoire (UNJCI) est prévue les 20 et 21 juillet à Abidjan. Trois listes en compétitions. Le Forum WhatsApp des journalistes offre un temps de « Fauteuil Blanc » à chacune des têtes de liste pour expliquer les motivations de sa candidature, ses projets et programmes, ses moyens d’actions…Premier à ouvrir les débats, le 9 juillet 2019, Jean-Claude COULIBALY, journaliste au quotidien Le Patriote, un peu plus de 20 ans de métier, tête de la liste « Union de toutes les générations ». L’homme est engagé pour un plan global de redressement de la presse. « Nos rédactions sont en train de disparaître. Nos salaires sont hypothétiques. » Fauteuil Blanc.
Que proposes-tu pour les journalistes ?
La corporation traverse en ce moment des moments difficiles. La presse, dans son entièreté, est à la croisée des chemins. Nos rédactions sont en train de disparaître. Nos salaires sont hypothétiques. Il faut un véritable plan global de redressement de la presse. Nous avons constaté que des modèles d’aide à la presse fonctionnent très bien pour le bonheur des journalistes. Notre souhait est de faire sorte que les journalistes de la première puissance économique de l’Uemoa et de la seconde puissance économique de la Cedeao soient à son image. L’Etat doit s’impliquer davantage dans l’aide à la presse, comme cela se fait en France où il y a quatre subventions consacrées à la presse, au Ghana où près de 4 milliards FCFA sont octroyés, au Sénégal où il y a un guichet unique pour soutenir les médias. Nous exigeons la même chose en Côte d’Ivoire. Nous proposons 0,01% du Budget annuel pour sauver nos entreprises de presse et garantir nos salaires. C’est cela ma vision. Je suis disponible pour plus d’explications. Pour le reste des projets, nous vous ramenons au résumé de notre programme posté depuis ce matin sur cette plateforme.
Depuis combien d’années es-tu journaliste? Quel est le journaliste ivoirien qui t’a le plus marqué ?
Je suis dans la presse depuis décembre 1997. J’ai commencé en tant que correcteur pendant 4 ans au défunt Libéral, puis je suis entré dans la rédaction. Il y a donc plus de 20 ans que je suis dans ce métier. Mes modèles dans la presse audiovisuelle sont Lévi Niamkey, Diégou Bailly pour la presse écrite, Pierre Ignace Tressia et Eloi Oulaï pour la radio.
Cher aîné bonjour. Félicitations pour ta candidature. Est-ce vrai que tu aurais affirmé être le « candidat du pouvoir » à cette élection?
Je n’ai jamais dit que je suis le candidat du pouvoir. Pour la première fois que j’ai entendu cette expression, j’ai souri. « Ignorance est mère de tolérance », dit-on. Car, ceux qui le disent ne savent rien de l’Unjci et de son esprit originel. A l’Unjci, il n’y a jamais eu de politique et il n’y en aura jamais. Il y a des problèmes de journalistes à régler. Autour de moi, il y a des journalistes de toutes les obédiences. Mon directeur central de campagne est Pierre Lemauvais, journaliste à La Voie Originale. C’est cela la confraternité. Il faut plutôt demander aux candidats d’exposer leur programme. Pour nous, il faut relever le débat de cette campagne. Je ne suis pas venu pour diviser. Je suis venu pour unir.
Qu’est ce qui a motivé ta candidature ?
Partager ma vision et l’accomplir avec toutes et tous qui est de faire sorte que le niveau de vie du journaliste ivoirien soit à la hauteur de la Côte d’Ivoire qui est la locomotive de la sous-région. Le journaliste ivoirien n’a pas fait un pacte avec la pauvreté. Si nous sommes unis, nous allons remporter de grandes batailles. C’est ce rêve réaliste et réalisable que je veux partager avec tout le monde. Si nous sommes unis, nous allons y arriver.
Que réponds-tu à ceux qui disent que tu n’es pas trop sociable?
Je pense que c’est parce qu’ils ne me connaissent pas. Sinon, ceux qui me fréquentent, savent que je n’ai aucun problème avec la société et notre communauté. Au contraire. J’ai des amis et frères dans toutes les rédactions avec qui j’ai partagé et continue de partager de bons moments.
Que penses-tu de la liberté des médias publics, de la caporalisation des médias publics? Moi je considère que si les journalistes de ce pays ne sont pas libres, ils ne pourront pas vendre conséquemment pour vivre mieux? Qu’en penses-tu?
Comme toutes les libertés, la liberté de la presse ne s’octroie pas. Elle s’arrache. Si nous prenons conscience que nous constituons une force, nous allons y arriver. Comme le dit Jean-Jacques Rousseau: « L’homme est né libre, mais partout il est dans les fers ». La liberté s’acquiert et il y a un prix à payer. Sommes-nous journalistes ivoiriens prêts à payer le prix? La question reste posée.
Que sais-tu du code 91?
Je pense que le code 91 est une bonne idée qui consiste à conduire les journalistes vers l’indépendance totale dans le traitement de l’information. Mais, j’ai crains que ce vœu pieux ne puisse connaitre une suite favorable dans une société où les esprits ne sont pas encore préparés. Sinon, j’encourage ses initiateurs à continuer le combat. Et un jour, il fera jour.
Félicitations JCC pour ta liste en lice pour l’élection à la présidence de l’Unjci. Le lundi 1 et juillet 2019, à Fraternité-Matin, j’ai pu voir plusieurs membres composant celle-ci.Des quinquagénaires en majorité. Si c’est vrai que les vieilles marmites font de bonnes sauces, ne penses tu pas qu’étant appelées à la retraite bientôt, ils doivent faire place à la nouvelle génération de journalistes, les conseiller au mieux au lieu de les prendre pour adversaires?
Votre question est pertinente, même si elle renferme une dose d’impertinence. « Si jeunesse savait, si vieillesse pouvait », dit l’adage. A l’Unjci, il y a de toutes les générations. La chaîne des générations a toujours été respectée. Nous comprenons votre désir de servir la communauté. Mais dans la vie, il ne faut pas chercher à brûler les étapes et apprendre à respecter les aînés. Ce sont eux qui nous transmettent le savoir, qui nous donnent des conseils et qui nous orientent. Dans notre métier, il n’y a pas de retraite. Le prochain président de l’Unjci doit apprendre à écouter les anciens, composer avec ceux de sa génération et aider les plus jeunes à prendre la relève. C’est ce que nous avons appris auprès de nos devanciers et maîtres. C’est le même conseil que j’aimerais donner à tous ceux qui nous traitent de « quinquagénaires » et « vieux », même si à la quarantaine nous nous considérons jeune.
Tous les candidats parlent du genre. Cet un appât ou la volonté est tangible en ce qui concerne JCC ?
Non pas du tout. Il suffit de jeter un coup d’œil sur notre liste pour s’en rendre compte. Nous sommes la seule liste qui renferme huit femmes. Donc chez nous, les 30% requis en la matière sont respectés, même si l’idéal serait la parité. Notre porte-parole principale pour cette campagne est Marie-Laure N’GORAN. Nous nous sommes engagés de nommer à la tête de la Fondation Noël X Ebony que nous comptons mettre sur pied, à confier le secrétariat exécutif à une femme. Nous allons nous efforcer à respecter ce quota des 30% dans toutes les instances de l’Unjci. Chez nous, le genre n’est donc pas un slogan creux de campagne. C’est du concret.
Jean-Claude Coulibaly : « Je ne suis pas le candidat du pouvoir »
Lance Touré et Franck Ettien , tout le monde savait plus ou moins leur intention de diriger cette Union depuis des années, contrairement à toi…Je veux savoir, qu’est-ce qui a réveillé cet élan brusque et surprenant de diriger l’Unjci ?
J’ai toujours voulu diriger la présidence de l’Unjci un jour. Dans la patience, j’ai appris à me construire. Pour nous, prétendre diriger ses pairs nécessite qu’on se construise d’abord dans l’humilité et le respect des ainés. Car, nous pensons qu’il n’y a pas de génération spontanéité. Si cela n’a pas été ou n’a jamais été perceptible auparavant, cela est dû à ma personnalité. Pour nous, tout doit se faire dans la discrétion et l’humilité pour ne pas paraitre prétentieux aux yeux des autres. Cela fait partie de l’éducation que j’ai reçue. En pays Tagbanan, quand on veut être chef, on ne le chante pas tous les jours. On s’apprête à assumer la charge dans la discrétion et l’humilité. C’est ce que j’ai fait depuis les trois ans que j’ai été Secrétaire général de l’Unjci.
Jean-Claude Coulibaly, quel regard portez-vous sur le bilan du président sortant Moussa Traoré, MT? Et quels sont vos rapports, avec les rumeurs parlent de collusion ?
MT, pour nous, a été un bon président. Proche des journalistes et toujours à leur sollicitude. Il a fait beaucoup pour la corporation. Il est pour nous, l’un des meilleurs présidents que l’Union ait eu. Mais comme toute œuvre humaine, il y a des choses à améliorer. MT est un ami, un frère que je connais depuis plus de 20 ans. Nous étions au service correction au Libéral où il a été mon chef. Nous avons gardé de bons rapports jusqu’à aujourd’hui. Il n’y a pas de collusion entre lui et moi, si ce n’est cette vieille amitié qui nous lie. Nous pensons que le mot « collusion » est trop fort. J’ai été son secrétaire général. J’assume donc son bilan qui pour nous est largement positif. Nous pensons continuer dans cette voie, tout en corrigeant ce qu’il y a corrigé.
Cher frère, pourquoi penses-tu que tu mérites plus que tes concurrents de remporter le Graal le 21 juillet prochain? Qu’est-ce qui constitue la caractéristique majeure ou l’atout principal de la liste que tu conduis? Et, enfin, pourquoi mises-tu sur l’aspect générationnel?
Nous ne prétendons pas être plus méritants que les autres candidats pour diriger l’Unjci. Nous disons que nous avons le meilleur profil pour être à ce poste. Prétendre diriger ses pairs, nous pensons, appelle à un parcours, un vécu et de l’expérience. Parce que c’est une charge très lourde à porter. Le président de l’Unjci est le premier ambassadeur de la corporation. Il doit être ici et à l’extérieur en mesure de représenter tous les journalistes de Côte d’Ivoire aussi bien dignement qu’intellectuellement dans le pays et à l’étranger. Nous pensons sans prétention aucune que nous avons ce profil.
À propos de Sociabilité. Tu me permets le tutoiement? Enfin, je t’ai toujours tutoyé. Mais là tu me réponds en me vouvoyant. Volonté de marquer la distance entre nous ? Manque de chaleur dans tes rapports aux autres confrères comme le prétendent certains ? J’aimerais savoir. En outre, Est-ce que JCC à la tête de la faîtière prendra tous les journalistes même ceux qui n’ont pas voté pour lui pour des proches professionnellement parlant biens-sûr…
Non, tu me connais plus ou moins. J’utilise le « nous », parce que je suis la tête d’une liste. Je travaille donc avec une équipe. C’est par égard pour ses membres que j’utilise le « nous ». Sinon, tu peux me tutoyer comme tu l’as fait hier matin à Frat-Mat, il n’y a pas de problème. Pour tous ceux qui me connaissent, savent que je suis très chaleureux, parfois même trop.
Pour ce qui est du deuxième volet de ta question, je ne suis pas la pour diviser. Nous avons besoin des uns et des autres pour gagner les grandes batailles qui nous attendent. Ne nous trompons pas de combat.
Propos recueillis par Fernand Dedeh
NB/ Demain , le fauteuil blanc du candidat Franck Ettien