Politique

Côte d’Ivoire, quand la parodie de réconciliation met en péril la consolidation de la nation


Laurent Gbagbo, Simone Gbagbo, Blé Goudé ont tellement duré en prison ! Que dire des exilés et autres réfugiés qui continuent de crécher au Ghana, au Togo et dans plusieurs autres pays de la sous-région. Aucune solution n’a encore été trouvée pour les prisonniers politiques dont le supplice dure depuis 2011 à la Maison d’Arrêt et de Correction d’Abidjan. Et pendant ce temps les dirigeants actuels initient une entreprise à la fois utopique et égoïste en pensant pouvoir se réconcilier avec les Ivoiriens et réconcilier les Ivoiriens entre eux sans les leaders cités plus haut.

Cette aventure est d’autant utopique qu’elle ne saurait agréer l’assentiment des nombreux pro-Gbagbo qui ne jurent que par la libération de leur leader et de tous les prisonniers politiques. En tout état de cause, peut-on sincèrement faire la réconciliation en Côte d’Ivoire sans le Président Laurent Gbagbo ? Pourquoi s’être alors engagés dans une voie sans issue, si ce n’est une volonté manifeste de faire oublier le célèbre prisonnier de la Cour pénale internationale. Et pourtant, il est impossible pour un enfant d’oublier son père, quand bien même celui-ci est mort. Lorsque le père est encore en vie et en prison l’amour du fils ne fait que grandir. La question qui revient est de savoir comment le bourreau parviendra-t-il à séduire les enfants de sa victime ?

Evidemment, le caractère égoïste de cette aventure saute si bien aux yeux que la paix, la réconciliation et l’émergence brandies comme condition de construction d’une véritable nation ne semble devoir profiter qu’au seul camp du pouvoir. Pour preuve, Koua Justin est en prison depuis un an pour avoir tenu le congrès du FPI version Sangaré. Quel serait donc son sort si c’etait chez lui que des armes de guerre avaient été découvertes ? Tant que les autorités ne prendront pas la mesure d’une véritable réconciliation avec à la clef, une justice équitable entre les concitoyens, il est clair que leur volonté de réconcilier les Ivoiriens se soldera par un échec. Et dans leur volonté de conduire le pays à l’émergence, ils ne pourront se dérober à la nécessité d’une véritable cohésion entre tous leurs concitoyens. Le prix de la consolidation de la nation ivoirienne passe absolument par cette voie.

Edwin Anoma

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