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[Côte d’Ivoire/Man] Le marché des vivriers au centre d’un litige entre Madame Glao et le maire Aboubacar Fofana


Man, 17-12-2020 (lepointsur.com) Le marché de gros est au centre d’un litige opposant le maire de la commune de Man et la présidente fondatrice de l’entreprise de transport MT et par ailleurs présidente de la Société coopérative des productrices et commerçantes du vivrier du Tonkpi (SCOOPS- PAVIT).

A la faveur de la cérémonie de présentation du nouveau site de ce marché, le samedi 12 décembre 2020, la présidente de la SCOOPS – PAVIT, a exposé sur le différend qui l’oppose au premier magistrat de la commune de Man. Aussi,  la patronne de MT transport s’est-elle saisie de l’aubaine pour faire un plaidoyer auprès des autorités municipales afin d’exercer sur le site situé au Quartier Tia André.

« Aboubacar Fofana, alors candidat au poste de Maire, m’a promis après échanges de me trouver un espace pour servir de marché de gros à ma société coopérative de 45 groupements membres. Quelques  mois après son élection, le maire s’est montré incapable d’honorer sa promesse de campagne à laquelle j’ai participé. Le prétexte évoqué est que Man ne dispose plus d’espace appartenant à l’Etat. Harcelée par les membres de mon groupement, il me fallait user de tous les moyens, pour sauver mon honneur. Je fis la proposition à Monsieur Aboubacar Fofana de l’aider dans la recherche de terrain disponible. Engagée dans ce nouveau défi,  j’eus l’idée de lui proposer  mon terrain de 2 hectares et demi. Satisfait  de ma proposition, monsieur le maire me demanda de construire l’espace sur fonds propres et confier la gestion du marché à la mairie, car l’élu qu’il est ne saurait admettre qu’une tierce personne émette des tickets sur un marché au sein de la commune. En réponse j’ai signifié que je ne suis guidé par aucun souci de gain. Je veux seulement trouver un espace de travail pour les femmes. Et ce n’est à moi de construire quoi que ce soit et vous confier la gestion. N’étant pas satisfait, il me proposa l’achat de mon espace. Ma réponse a été que sa autre proposition profite à ma société coopérative. Lorsque j’ai demandé les frais de l’achat, le premier magistrat de la commune a dit qu’il était favorable à une vente à crédit. Ce que j’ai refusé, car je ne peux conclure un contrat de vente à crédit avec une structure para-publique, compte tenu de mon analphabétisme. C’est plus tard que le maire va m’informer de la disponibilité d »un  terrain pour le marché de gros qu’il a ouvert au quartier Kpangouin 2 et que mon site étant dans un quartier résidentiel, ne saurait répondre à l’installation d’un marché de gros. Informées, les  femmes de ma société  coopérative ont refusé la proposition du Maire qui est à 7 km du centre-ville.

Donc irrité par le refus, Aboubacar Fofana ordonna la fermeture de l’entrée principale de l’actuel site très insalubre des gros, le “Caca – sport’’, pour me faire la pression et céder à son choix. Cette situation créa un grand désordre, jusqu’ au point que les revendeuses éparpillées, avaient envahi  la résidence du président du tribunal et l’agence locale de la BECEAO. Face à la situation, j’ai demandé aux femmes de ma société et à toutes les autres qui étaient dans le besoin d’occuper mon espace, afin qu’elles continuent leurs activités. Car, elles doivent payer les prêts contractés auprès de la Coopec, qui gère  le fonds FAFCI. Je suis la garantie de plusieurs d’entre elles, donc j’ai  mon honneur à défendre.

Le Maire fit venir des policiers municipaux à deux occasions pour brimer de pauvres femmes et emporter leurs marchandises. Les désagréments causés par les brimades, sont estimés à une soixantaine de millions. Je souhaite être comprise des autorités municipales, afin que le site dont j’ai fait don puisse servir de marché de gros à toutes les femmes de Man et de la région »,  a clarifié Mme Glao Tia Philomène.

Joint au téléphone, le maire Aboubacar Fofana a affirmé que Madame Glao n’a adressé aucune demande à la Mairie pour lui faire part de son intention. Aussi, a-t-il rappelé que le quartier Tia André, est un quartier résidentiel, dont ses habitants ne sauraient accepter de voisiner avec un marché et sa cacophonie.

« Si l’intention est un marché de gros pour les femmes, nous sommes disposés. D’ailleurs, nous avons en aménagement, un espace réservé au marché de ce type  et  la gare de facobly y sera délocalisée. Cet espace a été présenté à Mme Glao. Je lui ai même dit que j’ai obtenu  un financement de l’Etat, pour construire une belle gare et un joli marché de gros. Après la visite du site situé au quartier Kpangouin 2, Madame Glao a dit être satisfaite et en a demandé la présidence du futur marché. C’est quels que  jours après que des femmes proches de cette dernière,  sont venues me dire qu’elles ne souhaitaient plus occuper le site dont a parlé leur présidente. Elles ont prétexté  la distance.  J’ai organisé un déplacement de ces femmes et moi-même sur le lieu. Une fois sur les lieux, elles ont exprimé d’autres préoccupations liées à la sécurité et je leur ai répondu qu’elles ne seront pas seules sur l’espace. Il y aura une gare et des véhicules de ramassage de sable qui vont aussi stationnés sur les lieux. Donc le problème de sécurité ne se posera pas. Je les ai rassurées sur leurs soucis.

Un temps après, j’ai été saisi d’une information faisant état qu’une machine serait en train de faire un terrassement sur le site privé de Madame Glao et que cette dernière aurait fait cotiser des femmes à hauteur de 2 500 Frscfa par personne pour avoir une place sur son terrain. 

Ensuite, je reçois la visite de certaines dames venues me convaincre d’affecter le financement que j’ai obtenu de l’Etat sur le terrain de Madame Glao. Je leur ai répondu que le financement public ne peut être détourné dans un endroit privé. D’ ailleurs, la construction d’un marché obéi à des normes à respecter. J’attendais que la présidente fondatrice de MT transport revienne à moi, quand  j’ai appris que la PDG de MT transport, faisait faire démonter des baraques installées au “Caca – sport’’, le site de gros qui existe depuis 30 ans, pour les faire reconstruire sur son territoire. J’ai envoyé un courrier à la présidente de SCOOPS – PAVIT, lui signifiant que tout projet à réaliser dans la commune obéi à des critères, dont une autorisation à adresser au maire. Et d’ailleurs, que toute commune a un plan directeur qui demande à être respecté. Donc, le quartier Tia André étant résidentiel, ne peut cohabiter avec un marché de gros et son vacarme, bien que je sois sensible à tout ce qui contribue au bien être de la femme. C’est la position de la mairie que j’ai exprimée », a expliqué de son côté le maire de la commune de Man.

Pour éviter que cette affaire prenne une tournure disproportionnée, il faut que les autorités compétentes interviennent dès maintenant, afin de trouver une solution idoine au problème qui se pose actuellement à Man, entre Madame Glao et le maire Aboubacar Fofana.

Simplice Tiagbeu, A Man

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