Politique

Côte d’Ivoire : le FPI en a-t-il vraiment fini avec sa crise interne ?


La crise qui secoue le Front populaire ivoirien (FPI) a officiellement pris fin mardi. Mais les divergences de fonds sur la ligne adoptée par la formation de l’ancien président ivoirien, Laurent Gbagbo, n’ont pas été vraiment mises à plat.

FPI AFFIAprès plusieurs semaines de crispations nées de la réorganisation effectuée par son président Pascal Affi N’Guessan, le Front populaire ivoirien (FPI) a mis fin, du moins provisoirement, à sa crise interne. C’est ce qu’a annoncé mardi 12 août le groupe de médiation mené par l’ancien gouverneur de la Banque centrale des États d’Afrique de l’Ouest (BCEAO), Philippe Henry Dacoury-Tabley, lors d’une conférence de presse.

« Comme vous le savez tous, le FPI a connu quelques turbulences, disons-le, une crise qui a mis à mal la cohésion interne du Parti. Fort heureusement, grâce aux efforts des uns et des autres, au sens du devoir et de sacrifice de tous, à l’engagement collectif des militants et sympathisants, une solution négociée a pu être trouvée et cette crise est désormais derrière nous », a annoncé Dacoury.

Les grandes décisions

Simone Gbagbo, vice-présidente du parti et épouse de Laurent Gbagbo, est rétablie dans ses prérogatives initiales de 2e vice-présidente chargé de la vie du parti.

Laurent Akoun, ancien secrétaire général, accepte ses nouvelles attributions de vice-président.

Les 9 cadres du secrétariat général initialement rétrogradés par Affi sont réhabilités.

Tous les cadres du secrétariat général exclus sont réintégrés.

Les 42 cadres promus dans le nouveau secrétariat général du 4 juillet sont maintenus.

Médiation, mode d’emploi

Initialement, le rôle de médiateur devait être joué par le comité de contrôle, instance mandatée par les statuts du parti. Mais très vite, le courant n’est pas passé avec Affi. D’abord, la rencontre organisée le 1er août avec le président du FPI dégénère. Particulièrement virulent, Affi accuse le comité d’être partial et de ne penser qu’à ses propres intérêts. L’ancien préfet Jean Baptiste Gnahore, qui dirige le comité, claque la porte de la réunion avant d’être rappelé à l’ordre par Abou Drahamane Sangaré (vice-président du FPI) et Alcide Djédjé (dernier ministre des Affaires étrangères de Laurent Gbagbo). Dès lors, c’est un autre groupe de personnalités coordonnées par Philippe Henry Dacoury-Tabley (66 ans), ami de longue date de Gbagbo, qui prend le relais.

« Nous avons eu au moins trois séances de travail avec le président Affi et autant avec Akoun Laurent, Douati Alphonse et Tapé Kipré, sans compter les échanges téléphoniques que j’ai personnellement eu avec les uns et les autres », a expliqué Dacoury lors de la conférence de presse.

Et maintenant ?

Tout n’est pas réglé, loin de là. « Le groupe de médiation s’est rendu compte que le différend qui oppose les deux camps va bien au-delà des questions de postes au sein du secrétariat général. Il s’agit en réalité de problèmes de gouvernance, de ligne et de stratégie du Parti », concède Philippe Henry Dacoury-Tabley.

Si la médiation a recommandé que la libération de Laurent Gbagbo constitue « la priorité » du FPI, elle n’a pas vraiment pris position sur les autres points de désaccord.

Jeudi, le FPI tiendra un « comité central extraordinaire ». Celui-ci devrait décider de la date de la prochaine convention et du congrès du parti, que la médiation souhaite voir organisée avant la fin de l’année. C’est à ce moment-là que la ligne majoritaire du parti devra être tranchée, que le FPI devra décider s’il participe aux élections de 2015.

Entre la ligne dite dure (Sangaré, Akoun) et les modérés (Affi, Alcide Djédjé), l’explication est en fait seulement reportée.

Jeune Afrique

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