[Côte d’Ivoire/Le dialogue politique vu par Fernand Dédeh] « Chacun sait ce que chacun pense et surtout, ce que chacun attend de chacun… »
Abidjan, 30-12-2020 (lepointsur.com) À Barthelemy Zouzoua Inabo: Le dialogue politique en Côte d’Ivoire a pris fin ce mardi 29 décembre 2020 à Abidjan. Un document-cadre a été adopté. Mais il n’a pas été signé en raison des réserves de l’Opposition significative. Mais un pas est franchi, les Ivoiriens peuvent se parler. Chacun sait ce que chacun pense et surtout, ce que chacun attend de chacun…
Non, le dialogue politique n’a pas été un échec. Il a eu le mérite de mettre face à face ou disons, côte à côte, pouvoir et opposition. Les contraires ivoiriens ont eu le temps de parler, de se parler, de mettre sur la table, les questions qui divisent et même qui fâchent. Tant que les Ivoiriens se parlent…
Oui, le dialogue politique n’a pas abouti à la signature du document de synthèse. Parce que les principaux partis de l’opposition ont demandé le temps de relire les conclusions puis de prendre les instructions de leurs hiérarchies avant de les valider. Déjà, dans la matinée, une source m’avait alerté: « Pour cette fois il y’a beaucoup plus de points de convergences. Mais ça coince toujours sur le découpage électoral, la libération des prisonniers (l’Opposition souhaite la libération immédiate des détenus, le RHDP, après les procès) le retour des exilés… ».
Oui, l’enthousiasme du premier ministre Hamed Bakayoko a été douché. D’autant que, selon mes informations, ton camarade et grand-frère se sont entretenus au téléphone sur la question dans la matinée de ce mardi 29 décembre 2020. Toujours selon mes quiconque, le premier ministre a également échangé avec le président du Vieux parti. Plus encore, il lui a transmis le document-cadre. « Quel est le problème encore ? », s’est-il exclamé devant l’assistance. Le représentant du PDCI-RDA a insisté: pas reçu instructions pour signer.
Devant les caméras et flashes de la presse, ils ont tous fait les beaux après la séance de clôture, mais pour nombre de participants, il y a eu comme un malaise, comme un goût d’inachevé aussi. « Notre responsabilité à tous est de persévérer dans cette voie de la concertation pour consolider les acquis du présent dialogue politique. Je voudrais réitérer ma disponibilité et celle du Gouvernement au dialogue. Ce dialogue, nous le souhaitons permanent », a dit le premier ministre.
Les recommandations des partis prenantes
1- Avant les élections législatives
- a) La désignation des membres des bureaux des Commissions Electorales Locales, conformément aux dispositions légales en vigueur ;
- b) Le retour dans les organes de la Commission Electorale Indépendante des partis politiques membres qui ont suspendu leur participation ;
- c) L’élargissement à d’autres partis politiques, de la composition de la Commission Centrale de la CEI, conformément aux recommandations de la CEDEAO, sans préjudice de l’équilibre de celle-ci ;
- d) La remise aux représentants des candidats d’exemplaires du procès- verbal de compilation après le dépouillement par les Commissions Electorales Locales ;
- e) L’organisation des élections législatives en mars 2021 ;
- f) Le renforcement de la sécurisation du processus électoral ;
- g) La levée du mot d’ordre de désobéissance civile ;
- h) La mise en œuvre de mesures qui concourent à l’apaisement de l’environnement politique.
2- A moyen et long termes :
- a) La poursuite des discussions à un haut niveau entre le Président de la République et le Président Henri Konan BEDIE, Président du PDCI-RDA ;
- b) Les participants encouragent le Président de la République à ouvrir des discussions avec le Président Laurent GBAGBO et tous autres leaders politiques ;
- c) L’égale valeur probante des procès-verbaux remis aux représentants des candidats dans les bureaux de vote avec ceux détenus par la CEI ;
- d) L’amélioration du découpage électoral, en maintenant les acquis ;
- e) La repentance des auteurs et des acteurs politiques pour les actes de violence perpétrés ;
- f) La prise de mesures en faveur des personnes poursuivies pour des faits liés au mot d’ordre de désobéissance civile de 2020 et à la crise post-électorale de 2010, au terme des procédures judiciaires en cours ;
- g) Le maintien du cadre permanent de dialogue politique ;
- h) La signature d’une charte de bonne conduite par les leaders politiques.
Conseil des ministres
Ton camarade va présider le dernier Conseil des ministres de l’année 2020 ce mercredi 30 décembre. Plusieurs ministres sont en vacances à l’extérieur du pays. Mais la Covid-19 a depuis, imposé le télétravail. Selon mes informations, il s’agira au cours de ce Conseil des ministres, d’entériner par décret, les propositions de la Commission électorale indépendante, relatives aux dates des législatives 2020.
Tout le monde veut aller aux législatives mais personne n’est prêt… Ni le rassemblement de ton camarade (il commence les arbitrages maintenant), ni l’opposition.
En politique, pendant les négociations, il y a ce que l’on dit et écrit et il y a ce que l’on n’écrit pas mais qui est la véritable trame des débats : le nerf de la guerre. Le financement de la campagne électorale. Le nouveau réconciliateur s’est fait des ennemis. Kô « l’Etat n’a pas les moyens à partager pour la campagne des candidates ». Quelqu’un lui a répondu : « L’Etat a toujours l’argent… ».