Côte d’Ivoire/ L’attaque de Fetai livre ses secrets
L’attaque du village de Fetai à l’ouest de la Côte d’Ivoire dans la nuit du 14 au 15 mai a fait 13 morts, dont des enfants, dans une région où les conflits pour la terre sont légion. Récit des événements.
L’attaque de la bourgade de Fetai, dans la région de Grabo (ouest de la Côte d’Ivoire), près de la frontière poreuse du Liberia, commence à livrer ses secrets.
Selon nos informations, dans la nuit du mercredi 14 au jeudi 15 mai, une cinquantaine d’assaillants disposant d’armes de pointe ont franchi par petites vagues le fleuve Cavally, qui fait office de frontière naturelle avec le Liberia.
Au poste frontalier de fortune, ils réussissent à neutraliser la poignée d’éléments sous équipés des Forces républicaines de Côte d’Ivoire (FRCI). Le siège de Fetai dure plus de 24 heures. Des habitations sont incendiées et les assaillants tirent sur tout ce qui bouge. Ils utilisent même des armes blanches (machettes ou couteaux) pour achever leurs victimes, pour la plupart allogènes. Le bilan, provisoire, est lourd : sur treize morts recensés, on compterait neuf civils tués, dont des enfants, et quatre militaires.
Face au manque de réactivité du bataillon de sécurité de l’ouest (BSO) du lieutenant-colonel Losseni Fofana, dû à des problèmes de logistique et d’armement, l’Opération des Nations unies en Côte d’Ivoire (Onuci) a engagé un bataillon nigérien basé à Tabou pour une intervention dans la zone assiégée. Mais, à l’arrivée du contingent nigérien, les attaquants avaient déjà levé le camp, laissant leurs victimes sur place et un millier de deplacés qui ont rejoint Grabo, la grande ville voisine.
Situation humanitaire « préoccupante »
« Le piteux état des routes a permis aux assaillants de prendre de l’avantage. Nos hommes sont arrivés avec du retard, mais, nous avons réussi à ramener le calme. Cependant, la situation humanitaire reste préoccupante », explique une source onusienne. Le ministre auprès du président de la République chargé de la défense, Paul Koffi Koffi, n’a pas manqué de féliciter les forces onusiennes pour leur intervention. « Ce sont des bandits, ce n’est pas une attaque liée à la politique », estime-t-il.
Quoi qu’il en soit, Fetai panse difficilement ses plaies. « Cette attaque est liée à la terre. Les autochtones réfugiés au Liberia mènent régulièrement ce type d’incursion pour se venger de l’accaparement de leurs terres, souvent avec la complicité des autorités militaires de la zone », estime une source diplomatique ouest-africaine. Cette attaque, la cinquième dans la région en trois ans de pouvoir du président Alassane Ouattara, montre que l’ouest ivoirien est une poudrière loin d’être pacifiée
Par Baudelaire Mieu, à Abidjan Jeune-Afrique