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Côte d’Ivoire/la Compagnie ivoirienne d’électricité fait défoncer des portes à 3 heures du matin à Abobo: plusieurs personnes arrêtées #Fraude


Moussa Kamagaté avoue que les iches ont été construites depuis plus de 6 mois à Abobo-derrière-rail.

CIV-lepointsur.com (27-3-2018) Les citoyens du bidonville sud-est d’Abobo ont été brusquement tirés du sommeil dans le quartier de Sagbé-Palmeraie, dans la nuit du 20 au 21 mars 2018. Sept des huit interpellés seront transférés le lendemain, 21 mars 2018 au camp de la gendarmerie d’Agban. Mme Kouassi Akissi Thérèse, passera elle la nuit dans les geôles de la bridage de la gendarmerie d’Abobo.

Tel est le point d’une opération menée par des agents de la Cie (Compagnie ivoirienne d’électricité)  appuyés par  des gendarmes de M’ponon, en vue de l’arrestation de présumés fraudeurs d’électricité. Si elle s’appuie sur la loi n° 2014-132 du 24 mars 2014 portant code de l’électricité, la Compagnie ivoirienne d’électricité est dans tous ses droits. D’autant plus que l’article 59 du titre VII – Dispositions pénales du chapitre 1er, stipule pour les infractions que : « quiconque, pour son propre compte, vole de l’électricité, c’est-à-dire réalise une connexion clandestine et/ou frauduleuse au réseau électrique d’un opérateur, effectue toute manipulation illicite des équipements de comptage de l’énergie électrique ou utilisé tout procédé visant à réduire en partie ou en totalité le comptage de l’énergie électrique effectivement consommée, est puni d’un emprisonnement de 1 à 5 ans et d’une amende de 10 000 000 à 50 000 000 FCFA. »

Toutefois, dans le cas d’espèce, la procédure semble viciée d’autant que sans mandat d’arrêt, des citoyens ont été tirés de leur puis conduits manu militari au violon, puis à la Maca (Maison d’arrêt et de correction d’Abidjan). La célérité de l’évolution des évènements a amené les familles des présumés voleurs d’électricité à assiéger la brigade de gendarmerie de M’pounon, non loin du grand rond-point de Gagnoa gare, malgré la menace de bombe lacrymogène.

Le témoignage de la jeune Koné Aïssatou, encore en tenue scolaire devant les locaux de la Cie, est très éloquent en termes de vice de procédure. Elle soutient que leur porte a été défoncée. Bien entendu, cette manière de procéder est aux antipodes de l’article 64 du code de l’électricité  qui stipule que « … les agents assermentés de l’opérateur de distribution et de commercialisation procèdent au contrôle en présence du propriétaire des lieux, à défaut, d’une personne désignée par lui ou de deux témoins conformément à la réglementation en vigueur. »

La révolte et le sentiment d’abandon avait pris le dessus au niveau des parents. « C’est plus qu’absurde que ceux supposés être protégés par le Maire de notre commune, Adama Toungara, Ministre des Mines, du Pétrole et de l’Energie de ce pays au 11 janvier 2017, et désormais ministre conseiller auprès du président Alassane Ouattara sur les questions du pétrole, des mines et d’énergie, parmi d’autres, sont bien les derniers de ses soucis. », s’indigne M. Siaka Koné qui ajoute que le Maire n’est proche d’eux qu’au moment des élections.

Ce qui les écœure davantage, c’est qu’ils se sentent floués par la Cie qui leur avait demandé de poser des niches qui depuis de lurettes restent désespérément sans compteurs. « Voyez-vous, on n’a pas de chef traditionnel, aucun responsable de ceci ou de cela, personne sous une quelconque bâche, car ici ce n’est pas de l’argent qui sera distribué. On n’a personne pour nous défendre, alors que ça fait longtemps que les niches requises par la Cie sont prêtes. On a fait notre part du travail. Impossible d’avoir des agents pour la pose de ces fameux compteurs. Mais ils n’hésitent pas à nous sauter dessus. Comment devrions-nous vivre dans ces attentes sans fin ? Rien jusqu’à ce jour alors que nos familles ont des besoins!  » Regrette un résident de Sagbé-Palmeraie.

En effet, les résidents de ce quartier de la commune d’Abobo n’arrivent pas à comprendre que la Compagnie ivoirienne d’électricité trouve du temps, autant d’énergie et du personnel  pour fracasser leur porte à des heures indues, afin appréhender des soi-disant fraudeurs, alors que cette situation  pouvait être évitée si elle avait plutôt pris le soin d’équiper les niches réalisées. « Des niches ont été construites depuis plus de six mois pour certains », affirme Moussa Kamagaté, résident de Derrière-rail. Même son de cloche chez dame Sangaré Marceline qui dénonce l’innocence de son époux Koné Yaya, le lendemain de son arrestation devant les grilles closes de la direction régionale d’Abobo-Nord où les populations ont orienté leur revendication.

Une contribution particulière de K.N

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