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[Côte d’Ivoire/ Interview] Jean Blé Guirao (S.G UDPCI) : « Le président de l’UDPCI n’as pas voulu cautionner la forfaiture… »


Abidjan, 27-08-2020 (lepointsur.com) Dans le cadre de la présidentielle d’octobre 2020, l’Union des patrons de la presse en Ligne de Côte d’Ivoire (Uplci) a rencontré le Secrétaire général de l’Union pour la démocratie et la Paix en Côte d’Ivoire (Udpci). M. Jean Blé Guirao n’est pas allé avec le dos de la cuillère pour dénoncer les fraudes massives sur le listing électoral et l’assassinat présumé du président du parti, le Dr Albert Mabri Toikeusse.

Dans cet entretien, il livre par ailleurs, des informations sur la marche de son parti non s’attaquer au  comportement peut commode de leur ancien allié, le Rhdp. Il convient de signaler que cet entretien a été réalisé en présence de Mme Evelyne Taly Kponh, Secrétaire générale adjointe de l’Udpci

M.le secrétaire général, c’est bientôt la fin du parrainage consécutif pour le dépôt des dossiers de candidature, quel est le point partiel à l’Udpci ?

Je voudrais vous dire merci et préciser que depuis le 2 août 2020, l’Udpci, lors de son bureau politique a décidé de son retrait du Rhdp. Par conséquent, tous les militants ont été instruits d’annuler toutes leurs manifestations au nom du Rhdp. A la même occasion, l’Udpci a désigné le président du parti, Dr Albert Mabri Toikeusse comme notre  candidat à l’élection présidentielle d’octobre 2020. A partir de là, nous avons commencé les collettes des parrainages. Nous nous sommes donc préparés.

Mais qu’avons-nous constaté dans les bases du Rhdp ? Au cours des  réunions, ce sont les mépris, la non-considération de nos militants, de nos responsables

Pour vous donner la primeur de l’information relative au point du  parrainage, c’est le président de l’Udpci qui le  fera ; puisque nous avons une convention d’investiture le vendredi 28 août 2020. Mais, il est  bon de rassurer que, nous ne pouvons pas présenter la candidature de notre président si nous  ne pouvions pas remplir les conditions. Je vous rassure que le dossier de candidature du candidat de l’Udpci sera déposé le lundi 31 août prochain à la Commission électorale indépendante. Nous demandons aux militants d’être rassurés que l’Udpci a eus la confiance des électeurs dans au moins dix-sept régions du pays et la candidature sera déposée.

M.le secrétaire général de l’Udpci, les Ivoiriens ont reçu comme un coup de massue le retrait de l’Udpci du Rhdp dont vous êtes membre fondateur. Au-delà de tout ce qui a été déjà dit, pouvez-vous nous donnez quelques raisons profondes relatives à ce retrait ?

Vous faites bien de poser cette question, nous sommes membres fondateurs du Rhdp. Le 18 mai 2005, à la naissance du mouvement Rhdp, les cadres qui ont signé l’accord sont les présidents Alassane Ouattara, Henri Konan Bédié et Anaky Kobenan. Et moi j’ai eu la chance en ma qualité de président des jeunes, de l’Udpci en son temps,  d’accompagner le président de l’Udpci, Dr Albert  Mabri Toikeusse à Marcoussis en France.

Aussi bien, étaient présents les présidents des jeunesses du Pdci, Rdr et du Mfa. Depuis cette date du 5 mai 2005, le président Dr Albert Mabri Toikeusse et l’Udpci ont joué pleinement leur rôle sans tricherie et sans état d’âme au sein du Rhdp. Souvenons-nous, qu’au moment du règne de Laurent Gbagbo, lorsque les cadres étaient débauchés, l’Udpci et son président ont tenu et restés fidèles au Rhdp. Lorsque nous sommes rentrés au Golf hôtel dans les moments difficiles de la crise post-électorale, les ivoiriens ont vu le président de l’Udpci, avec tous les risques que cela comportent, prendre les avions pour aller expliquer l’attitude  de Laurent Gbagbo qui refusait de céder le pouvoir à notre mouvement Rhdp qui venait de gagner les élections présidentielles. En clair, l’Udpci a joué son rôle en toute honnêteté.

Mais qu’avons-nous constaté dans les bases du Rhdp ? Au cours des  réunions, ce sont les mépris, la non-considération de nos militants, de nos responsables. C’est pourquoi nous avons dit, qu’à cela ne tienne, la vie d’un homme, c’est de vivre avec son engagement et le respect de la parole.  En plus et malgré tout, le président de l’Udpci a accepté  d’amener nos militants au parti unifié, né le vingt janvier 2019.  Dès lors, le président Alassane Ouattara dit qu’étant donné que tout le monde ne peut pas se présenter, des élections seront libres et ouvertes au sein  du Rhdp sur la base des critères qui seront édités.

le 02 août 2020,notre alliance a été  définitivement rompue avec le Rhdp. 

C’est-à-dire, les critères que le citoyen lambda qui milite dans ce parti peut remplir pour briguer le poste de candidat.  Je dis bien depuis cette date, nous ne nous sommes plus rencontrés en réunions jusqu’au douze mars 2020, lorsqu’on nous appelle au conseil politique pour le choix du candidat du Rhdp.  Moi, je suis un enfant de la Fesci, un pur produit de la Fesci depuis 1990 et c’est la première fois de ma vie que nous nous  retrouvons à une rencontre aussi importante, que nous arrivons sur ce point de candidat et qu’aucun doigt ne soit levé.  Pour la simple raison  qu’une liste avait été déjà concoctée à cet effet. J’ai été choqué. Oui j’ai été choqué. Pour prendre la parole, il y avait une liste préétablie on ne sait par quelle magie.

Ce jour-là, le président Dr Albert Mabri Toikeusse, avec courage et détermination n’a pas voulu cautionner la forfaiture. Il a même  exhorté le président du Rhdp à aller dans le sens du dialogue, car ayant pour idéologie l’Houphouëtisme, nous devrions aller sur les sentiers bâtis par Feu Félix Houphouët-Boigny, c’est-à-dire le dialogue rien que le dialogue. La considération de l’autre, quoique plus petit, le respect, l’humilité. En lieu et place de ces valeurs que le président Dr Albert Mabri Toikeusse a prôné, les ivoiriens ont tristement constaté dans  les journaux que c’était des injures, de l’arrogance, le mépris, l’impolitesse, l’achat de conscience, le débauchage des cadres de l’Udpci, les tentatives d’humiliation au cours des réunions jusqu’aller dire que nous ne représentons que 1% de l’électorat.

Mais diantre ! Comment vous vous êtes accommodés avec un parti qui n’a que 1% depuis 2005 et vous cherchez à les freiner. Dans la vie quand on vous poursuit, comme disait le président Laurent Gbagbo, une fois, deux fois, et qu’on  continue de  vous poursuivre, à un moment donné, vous vous  arrêtez  et vous  dites  faites  ce que ce que vous voulez faire. Et il est arrivé à un moment donné où les militants ont dit, trop c’est trop, au président Dr Albert Mabri Toikeusse. Ils lui ont donc demandé d’être candidat à l’élection présidentielle et non rester aux côtés du Rhdp.  Ainsi,  le 2 août  2020, notre alliance a été  définitivement rompue avec le Rhdp.

M.le Secrétaire général, tout récemment, vous avez dénoncé un assassinat présumé de votre leader, le président de l’Udpci, Dr Albert Mabri Toikeusse, où en êtes-vous avec ce dossier ?

Je voudrais vous dire que, nous savons comment la Côte d’Ivoire fonctionne en matière d’informations. Quand quelque chose doit arriver,  c’est sur la base des rumeurs et quand elle est vérifiée à 95%, on ne peut plus douter. Concernant ce dossier d’assassinat du Dr Albert Mabri Toikeusse, le cyber activiste Chris Yapi, connu de tous les ivoiriens et dont les alertes sont toujours avérées a été le premier à dire que c’est faux de parler de l’arrestation du président Dr Albert Mabri Toikeusse, mais plutôt un plan d’assassinat est savamment préparé et devrait être exécuté par un certain Yaya Ouattara.

Sur cette affaire, nous avons non seulement, interpelé le gouvernement mais aussi adressé des courriers à toutes les chancelleries. Ainsi qu’à nos militants de se mobiliser pour faire échec à ce projet. C’est pourquoi, vous les voyez ici nombreux ce matin. Partout, nos militants sont debout, parce qu’on dit que premier gaou (Ndlr : couillon, bête) n’est pas gaou. C’est le deuxième gaou qui est gnanta (Ndlr : pire). Ils ont tué Guéi, nous n’allons pas accepter qu’on tue un autre  président de l’Udpci  pour la deuxième fois.  Nous irons au front avec toi.

M. le SG, l’Udpci vient de rejoindre l’opposition. Où en êtes-vous des négociations avec vos camarades des autres partis ?

Je voudrais vous dire que, l’appel lancé par le président Albert Mabri Toikeusse est consécutif aux différentes décisions du bureau politique. Le président Mabri a lancé l’appel pour la création d’une plateforme qui prend en compte, et les partis politiques, les associations de la société civile, les syndicats etc. pour montrer que véritablement, nous ne voulons pas le pouvoir pour le pouvoir mais prendre le pouvoir pour répondre aux aspirations du peuple ivoirien. Donc dans la plateforme qui sera mise en place ce jeudi 27 août 2020, il aura tous ceux que je viens de citer. C’est donc cette plateforme qui va porter la candidature du président de l’Udpci.  Vous  voyez, nous rejoignons la plateforme de l’opposition. Au départ, il se racontait que le président de l’Udpci  est attaché, il ne peut pas quitter le Rhdp.

Ils ont tué Guéi, nous n’allons pas accepter qu’on tue un autre  président de l’Udpci  pour la deuxième fois.

Pour leur montrer que nous sommes partis, nous avons rendu une visite de courtoisie au président Henri Konan Bédié du Pdci-Rda, à l’ex-première Dame, Mme Simone Gbagbo, au Secrétaire général du FPI, Assoa Adou. Nous venons de finir avec le président de l’autre bord du FPI, Pascal Affi  N’Guessan. Nous rencontrerons d’ici quelques heures (Ndlr : l’entretien s’est réalisé le mercredi 26 août 2020)  le président Anaky Kobenan. C’est pour vous dire que, nous sommes en Afrique. Nous faisons la politique, mais nous savons  d’où nous venons. Nous respectons les valeurs de l’Afrique. Nous venons leur dire que désormais nous avons rejoint la grande famille de l’opposition. Mais comme nous allons aux élections, le président l’a dit tout à l’heure au président Affi N’Guessan : « vous avez une plateforme, le Pdci a une plateforme, nous aussi nous aurons notre plateforme. Et comme nous allons aux élections, à l’occasion du deuxième tour, nous allons voir comment nous mettre ensemble. Etant attendu que l’objectif commun c’est le départ du Rhdp du pouvoir ».

Dans quelques jours, ce sera les élections. Vous venez d’annoncer l’investiture de votre candidat. Comment se prépare cet événement et quels seront les temps forts de cette investiture ?

Une investiture est une investiture. Il y a un seul temps fort, c’est de  rappeler véritablement les grandes décisions du bureau politique qui sollicite la candidature du DR Mabri.  Mais c’est aussi et surtout,  le discours programme du président de l’Udpci qui est attendu. C’est-à-dire, le président va tracer les sillons de la vision que nous avons et expliquer ce que nous allons faire pour les ivoiriens afin que leur quotidien change. Donc le temps fort, c’est le message important du candidat du Parti. Mais ce message-là, est la somme des propositions  de  tous ceux qui nous accompagnent auront mis ensemble à travers le projet  de société ou  le programme de gouvernement que nous allons incarner.

Quelle analyse faites-vous du slogan du Rhdp « un coup KO » ?

 (Rire…), Oôôh vous savez, c’est un écrivain français qui l’a dit : « le rêve est permis à tout le monde ». Quand vous vous levez le matin de votre lit, vous espérez. Mais jusqu’à 18 heures, lorsque l’objet de votre rêve n’est pas réalisé ça devient un cauchemar. Donc laissons  les gens rêver. Laurent Gbagbo a rempli les stades et a perdu les élections. Je vous rappelle  qu’à l’époque, le Rhdp dans son entièreté avec le Pdci, l’Udpci, le Mfa et le Rdr, Guillaume Soro et tous ses mouvements, nous avons vu le score  obtenu à la présidentielle de 2010. C’est mathématique, quand vous êtes ensemble et qu’aujourd’hui, vous restez seul, on verra bien, si c’est possible de faire « un coup KO ». Ce que nous leur demandons, ce sont des conditions acceptables pour aller à des élections transparentes. Or,  pour le moment ces conditions ne sont pas réunies.

Nous avons des éléments irréguliers sur la liste électorale et il faut que ça change.

Il y a des fraudes massives dont nous avons les preuves. Nous avons des éléments irréguliers sur la liste électorale et il faut que ça change. On dit, pas de manifestations dans les rues  tout  comme le gouvernement avait  interdit les rassemblements pour cause de Covid-19. Vous avez vu que par trois fois, le gouvernement lui-même a violé les mesures liées à la Covid-19. Aujourd’hui, les marches sont interdites mais le Rhdp marche et quand l’opposition veut marcher, on nous  dit que c’est interdit et on envoie des inconnus armés  pour attaquer les populations  aux mains nues. Un philosophe a dit : « la force de l’action appelle celle de la réaction ».

Au terme de cet entretien, dites-nous si vous croyez réellement à la victoire de votre candidat.

Je voudrais vous dire merci. On ne s’engage pas dans  une action  à laquelle on ne croit pas. Si vous ne croyez pas, il  vaut mieux  arrêter.  C’est parce que nous y croyons que lorsque le bureau politique a décidé, nous l’avons suivi, nous sommes d’accord avec les décisions du bureau politique. Le président nous a fait l’honneur de nous nommer Secrétaire général et c’est pour moi un défi. N’oubliez pas que je suis le premier président de la jeunesse de l’Udpci.

L’heure est au changement pour une nouvelle génération.

Donc c’est à travers moi que toutes les générations actuelles  sont venues  pour  la continuité du combat politique. Je voudrais à travers vos organes lancer un appel à tous les jeunes de ma génération. Udpci ou pas, politicien ou pas, de venir nous rejoindre. L’heure est au changement pour une nouvelle génération, l’heure est au changement, il faut y croire. Il ne faut pas qu’on laisse les gens embrigader notre génération. La génération 80-90 est une génération de défi et de  combat. Et ce combat-là, nous devons le mener sans hésiter. Ce défi, nous le relèverons. Je les invite autour de mon candidat, le Dr Albert Mabri Toikeusse. Je vous remercie.

Avec UPLCI

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