[Côte d’Ivoire/Interpellation musclée du professeur Moriféré] Ses avocats dénoncent une violation grave à la liberté des droits de l’homme


Abidjan, 09-07-2019 (lepointsur.com) A quelques 48 heures après l’interpellation musclée du professeur Bamba Moriféré à son domicile à Abidjan, les Deux-Plateaux, le collectif des avocats de l’ancien ministre ivoirien de la santé, ont dénoncé une violation grave à la liberté des droits de l’homme, le lundi 8 juillet 2019, au cours d’une conférence de presse, ténue à Abidjan-Plateau.

«Le collectif des avocats du professeur Bamba Moriféré a décidé de tenir cette conférence de presse, compte tenu des faits graves qui se sont passés ce weekend. Il était en effet important que nous puissions vous les dire tels qu’ils se sont déroulés», a déclaré d’entrée Affoussiata Bamba Lamine.

A en croire l’ex-ministre de la communication, le samedi 6 juin 2019, aux environs de 20 heures, des hommes en tenus se sont présentés au domicile du professeur Bamba Moriféré, pour, disent-ils, l’auditionner sur demande du commissariat du 30ème. Mais après des échanges entre les deux parties, les “supposées’’ forces de l’ordre ont rebroussé chemin. Ce n’est que le lendemain,  «des hommes en cagoulés et armés sont venus prendre manu-militari le professeur et ce devant témoin. Il y avait sa sœur qui était là, les enfants de sa sœur. Vous imaginez ce que cela a pu représenter pour ces gens», dira-t-elle.

Avant de poursuivre, «face à la gravité de ces faits il était important pour nous de pourvoir vous dire en détail ce qui s’est réellement passé (…) C’est de dire aussi qu’on peut débarquer au domicile privé d’une personnalité politique, l’enlever comme ça, sans cause et puis le faire disparaître. Imaginer un instant si nous n’étions pas là ce soir-là, qu’est ce qui se serait passé ?», a dénoncé Me Affoussiata Bamba Lamine.

Continuant dans la même lancée, la porte-parole du collectif, qui dénonce un enlèvement de leur client, a indiqué que, «on peut décider d’enlever et d’ailleurs nous avons des clients qui se retrouvent aujourd’hui à la maison d’arrêt et de correction d’Abidjan (MACA), ses clients ont été aussi enlevés de la sorte, nuitamment ils s’y retrouvent et ces personnes malheureusement ont été enlevées parfois sans témoins. Elles se sont retrouvées à des endroits où elles ont été détenues illégalement et ensuite conduites à la MACA et on a toujours pas de motif valable contre eux», a-t-elle dit, tout en précisant que tous les ivoiriens sont des prisonniers en sursis et que l’état de droit en Côte d’Ivoire a fortement régressé depuis un bon moment.

Selon nos conférenciers du jour, au lendemain des faits, le collectif des avocats de Bamba Moriféré, s’est rendu au commissariat du 30ème pour savoir si effectivement l’interpellation de leur client émanait de leur ressort.  Mais à leur ‘’grande surprise’’, le commissariat a répondu par la négative.

«J’ai estimé bon de me rapprocher de cette unité pour en savoir d’avantage, parce que les faits ne pouvaient pas en rester là (…) et le chef de service du 30ème m’a indiqué que le périmètre se trouvait bel et bien dans son champ d’action, mais que pour cette opération il n’était pas informé et qu’il n’en savait rien. Il me conseillait de me rapprocher de la préfecture de police», a indiqué l’avocat du président du Rassemblement du peuple de Côte d’Ivoire (RPCI), Me Diallo Souleymane.

Joint au téléphone, la préfecture de police a confirmé que le professeur était dans ses locaux.

«Le commissaire en chef du service des enquêtes générales de la préfecture de police m’a contacter pour me demander de venir chercher mon client. Ce que j’ai fait. Et quand je me suis rendu à la préfecture de police aux environs de 22 heures, il m’a fait savoir que sur instruction du procureur il me remettait mon client en vue de le représenter le jeudi prochain à 8 heures du matin», a précisé Me Diallo Souleymane, qui estiment que ces faits sont assez graves dans la mesure où les opérations de police, notamment les enquêtes s’inscrivent dans un formaliste et des faits précis.

«Une personne qui n’est pas pris en flagrant délit ne peut être interpellée de la sorte, sans avoir été convoquée (…) En plus mon client a appartenu à plusieurs gouvernements, il est donc à ce titre ancien membre du gouvernement. Il y a la loi 2005-201, qui a prévu un certain nombre d’aménagement pour les anciens membres de gouvernement. Un ancien membre de gouvernement ne peut être arrêter ni poursuivi, sans qu’on est restructuré au préalable une procédure spéciale», a déclaré par ailleurs Me Diallo Souleymane.

Avant d’ajouter : «A ce jour, je ne saurais vous dire ce qui est réellement reproché au professeur Bamba Moriféré. Puisse que rien nous a été dit au moment où on le relâchait sauf à venir le représenter le jeudi et c’est ce qui est inquiétant».

A l’issue donc de ces faits, le collectif des avocats de Bamba Moriféré, a décidé de saisir le procureur général près la cours d’appel d’Abidjan et le ministre de l’intérieur, en vue de désapprouver le comportement de certaines autorités politiques ivoiriennes ces derniers moments.

En outre, nos conférenciers ont demandé aux ivoiriens d’êtres sur leur garde face à ces abus de pouvoir et à ces violations de l’état de droit, qui sont de plus en plus récurrents en Côte d’Ivoire.

Georges Kouamé

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