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[Côte d’Ivoire] Gon Coulibaly était « l’avocat de l’Autonomisation des Femmes »


Abidjan, 10-07-2020 (lepointsur.com) À Barthelemy Zouzoua Inabo: « Je suis dévastée. Je perds mon mentor, mon leader, mon parrain. Il était comme un père à qui je pouvais tout dire. Je ne peux vous mentir. Je ne vais pas bien ».

J’ai secoué un couteau brûlant dans la douleur de ta tante de Galébré, la secrétaire d’Etat à l’automatisation de la Femme, Myss Belmonde Dogo en lui présentant mes condoléances pour la disparition de ton parrain, son patron, le lion des Savanes.

La nouvelle du décès de ton parrain ce mercredi 8 juillet 2020 l’a profondément déchirée. Dans son bureau, ses collaboratrices ont eu beaucoup de mal à la contenir. Oh tristesse. Elle passe des nuits blanches, elle ne trouve pas le sommeil…

Elle décrit son patron en peu de mots: « Il était d’une grande sensibilité. Parce que trop sensible, il s’est fait une armure, un verre de glace qu’il fallait juste faire fondre par la franchise, l’honnêteté et le travail bien fait ».

Amadou Gon était pourtant affublé de qualificatifs plutôt désarmants: austère, sectaire, froid, glacial, peu charismatique… Elle s’insurge contre les jugements de ceux qui ne connaissaient pas l’homme ou le caricaturaient à mille lieues. Et puisque les rumeurs ou la désinformation concernant le premier ministre avaient la peau dure, elle s’est autorisée dit-elle, un jour, à lui poser vertement la question. « Pourquoi beaucoup vous trouvent-ils méchant ? » La réponse a fusé : « Laisse les parler. Et toi, que penses-tu de moi ? Je lui ai dit, vous êtes un homme au grand cœur, trop sensible, qui s’est créé une armure de glace. ».

Ces faits sont corroborés par le portrait fait de celui qui est désormais l’ex-Premier ministre ivoirien, par une autre de ses proches qui ne souhaite pas porter témoignage publiquement.

« Il était extrêmement réservé, accordant difficilement sa confiance. Mais quand il s’en donnait le temps, il était d’un naturel déconcertant. Ses amis sont de longues dates, enfants des amis à son père ou compagnon de lutte…. Analysez un peu son cabinet, à commencer par celui même à qui il a confié sa vie, son médecin, originaire du Centre-Ouest ».

Revenons à ta tante. Elle a rencontré le Premier ministre pour la première fois en 2017, après la formation du bureau de l’Assemblée nationale. Elle s’était présentée sous la bannière de l’UPCI et elle a battu le candidat du RHDP dans sa circonscription. Un coup de fil. Puis, rencontre au bureau de ton parrain. « Il m’a félicitée, puis il m’a dit, je reste disponible. N’hésite pas à m’appeler ». Trois jours plus tard, une autre audience. « Et depuis ce jour, il est pour moi, un père, un parrain ». Elle ajoute : « Il n’y avait pas de barrière, pas de protocole. Un amour désintéressé. Il était attentionné, il savait lire les émotions sur le visage ».

Elle est alors tombée sous le charme de son parrain et lui a avoué un jour : « Je veux vous ressembler par le travail, la loyauté, la fidélité ».

Deux faits l’ont particulièrement marqué dans sa collaboration avec ton parrain. « Lorsque nous devrions célébrer la journée de la Femme rurale, le budget était de 15 millions. Je lui ai dit je voulais du matériel agricole et un fonds pour les femmes. Il me demande de combien as-tu besoin ? J’ai dit 70 millions. Il me dit, prépare la Communication en conseil des ministres. Nous avons eu les 70 millions, les femmes de Zoukougbeu ont eu du matériel et un fonds de 10 millions FCFA ». Pour elle, ton parrain était « l’avocat de l’Autonomisation des Femmes ».

Second fait, en 2018, elle l’a convaincu à passer trois jours dans le Département du Goh. Il devait y entreprendre une visite officielle. « Il m a dit, je n’y ai jamais dormi. Je lui fais la promesse que le Goh le recevra sur trois jours. Personne n’y croyait. J’y ai cru et il a fait trois formidables jours dans le Goh ».

Celle que l’entourage de ton parrain appelait « la Princesse du Premier ministre » est aujourd’hui déboussolée. Un seul mot ponctue son discours, « c’est difficile ».

Encadré : Drapeaux en berne

Huit jours de deuil national. Drapeaux en berne pour saluer la mémoire de Amadou Gon Coulibaly. Le programme des obsèques est connu. L’inhumation est prévue le 17 juillet 2020, à Korhogo dans sa ville natale. Auparavant la nation lui rendra hommage au palais présidentiel le mardi 14 juillet 2020. Le lendemain, le mercredi 14 juillet, autour de son parti de saluer sa mémoire. Dans le contexte de la maladie à coronavirus, on verra bien comment les organisateurs contiendront le flot de militants et les émotions… AGC terminait tous ses posts par la sensibilisation et le respect des mesures barrières.

Le corps sera transféré à Korhogo, dans l’après-midi du mercredi 15 juillet après la prière mortuaire à la mosquée de la Riviera Golf. À Dieu, nous sommes et nous retournons.

Par Fernand Dédeh

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