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[Côte d’Ivoire Factures en souffrance] Des propriétaires de véhicules de location à la présidence réclament 5 milliards FCFA de dette


-Trois décès enregistrés dont une dame immolée par le feu

Le président du collectif des propriétaires de véhicules de location à la présidence de la République de Côte d’Ivoire, Bléou Dangui, plaide auprès du président de la République, Alassane Ouattara, afin que leurs factures en souffrance depuis 2011, soient payées.

Le président du collectif des propriétaires de véhicules de location à la Présidence de la République de Côte d’Ivoire, Bléou Dangui, était récemment à la rédaction de lepointsur.com, pour interpeler la présidence de la République sur leurs factures en souffrance depuis 2011.

« (..) Nous sommes restés dans l’impasse jusqu’à ce jour »

Après la sortie de la crise de 2010-2011, la Présidence de la République de Côte d’Ivoire a fait commanditer un audit par le Cabinet, Konaté et Associés, en vue de faire la lumière sur  tout ce que la Présidence devait aux propriétaires de véhicules de location.

Un procès-verbal de validation des soldes a été signé par le directeur des affaires administratives et financières de la Présidence, Tiéné B. Ouattara, et adressé à chacune des sociétés avec le montant que chacun doit percevoir, selon sa prestation (Voir fac-similé).

La garantie de paiement était faite, mais « en comptabilité, aucune entreprise ne peut solder ses dettes à la fin de chaque exercice. Encore quand le responsable décède, ça veut dire que la structure reste devoir aux fournisseurs ou quand vous sortez d’une guerre », explique Bléou Dangui, lui-même comptable à la retraite.

D’Houphouët-Boigny à Alassane Ouattara, voici comment ces fournisseurs ont été payés. Selon M. Dangui, au décès du président Houphouët-Boigny, leurs factures en souffrance ont été prises en compte par son successeur, Henri Konan Bédié. À la suite du changement de pouvoir, le général Robert Guéï a reconnu les dettes, et les a soldées.

C’est dans cette suite logique administrative où il n’y a jamais eu de passation des charges entre les différents locataires du Palais présidentiel ivoirien, que le collectif a continué à travailler avec Laurent Gagbo, à travers leurs différentes prestations.

L’actuel locataire du Palais, ayant pris le pouvoir après la guerre, il a commandité un audit afin d’apurer les dettes. Ce qui a été fait.  « À ce titre-là, nos factures ont fait l’objet d’audit. Certaines factures ont été rejetées et une partie a été validée donc pour chaque loueur de véhicules, nous avons eu un document de validation de nos soldes. Ce document attestait qu’au cours d’un travail fait avec les responsables de la Présidence, nous sommes tombés d’accord sur un solde, qui représente notre dette au niveau de la Présidence », justifie-t-il.

L’une des copies des procès-verbaux de validation des soldes après l’audit

Malheureusement de 2011, à ce jour, selon notre interlocuteur, aucun payement de factures n’a été fait à l’ordre de ses prestataires. « Les séances de travail que nous avons eues avec la Présidence ont démontré que nos dettes avoisinaient 5 milliards FCFA. Les loueurs de véhicules qui nous ont reconnu comme responsables de leur collectif nous ont fait des copies de leur document de validation et la somme qui figure sur ces copies, révèlent un solde de 3 837 118 851 FCFA. C’est-à-dire que nous avoisinons les 5 milliards FCFA que la Présidence nous avait déclaré, et de cette date à ce jour, il n’y a eu aucune suite ».

Des rencontres et des courriers sans suite. De l’avis du président du collectif,  les dettes devaient être payées avant 2013. « Ça c’était l’espoir qu’on nourrissait », renchérit-il. Mais, « nos dettes n’ont jamais fait l’objet d’approvisionnement dans un budget. Jusqu’à ce qu’on apprenne qu’elles font partie du passif,  alors qu’en son temps, la Présidence nous a bien expliqué que le passif était des commandes faites par certains ministères dont les commandes ne faisaient pas partie du budget national », martèle le comptable à la retraite.

À la présidence, il a été signifié au collectif qu’elle a fini de traiter le dossier : « Au cours d’une de nos rencontres, ceux qui nous ont reçus disent qu’ils ont fini leur travail sur nos factures et qu’au moment où ils nous recevaient nos factures avaient été transmises à l’Inspection général des Finances », se souvient-il.

De l’avis de M. Dangui, ‘’le gouvernement va chercher les ressources pour pouvoir apurer le passif’’. Dans cette attente, le collectif a multiplié les courriers auprès des différentes institutions de la République, voire quelques ambassades accréditées en Côte d’Ivoire avant d’être reçu par le conseiller technique du ministère du Budget, Mme Diarra, le 7 juillet 2015, puis le chargé des opérations des audits de l’Inspection générale des Finances, M. Bamba, le 9 juillet 2015.

À l’Inspection générale des finances ( qui audite la comptabilité de l’État), les responsables ont validé les photocopies des fiches que la Présidence leur avait transmises et constitué une base de données. « Ils ont pris le soin de constituer une base de données avec nos fiches de validation, lorsque nous sommes arrivés le monsieur qui nous a reçus, a entré nos coordonnées dans son ordinateur et nos noms sont apparus avec les montants de chacun. C’est après ça que nous sommes restés dans l’impasse jusqu’à ce jour », précise Bléou Dangui.

Cependant, le gouvernement ivoirien a commencé à payer les prestataires du Programme présidentiel d’urgence (PPU), les fournisseurs (au nombre de 197), en avril 2018, dont les dettes s’élevaient à plus de 20 milliards FCFA, selon le patron de l’Agent comptable centrale du Trésor (Acct), Ali Kader Coulibaly.

Selon certaines indiscrétions proches du dossier des locataires de véhicules à la présidence ‘’c’est la vague des locataires de véhicules à la Présidence qui devrait suivre’’. Malheureusement, du mois d’avril à ce jour ces fournisseurs de véhicules broient le noir et enregistrent des pertes en vie humaine dans leur rang.

Des trois décès dont une immolation par le feu. À ce jour, le collectif enregistre trois décès dans ses rangs, dont Madjara Ouattara, la dame qui s’est immolée par le feu sous le poids des mêmes dettes de location de véhicules devant la Présidence de la République en mai 2014. Ensuite, Soumahoro Sékou de la société TVS, dont le montant des arriérés laissé avant son décès s’élève à 96 073 000 FCFA et Mme Akainon Micheline de la société Ets. AMIC, 207 560 000 FCFA.

C’est la gorge nouée que le président du collectif lance cet appel : « Nous qui n’avons pas d’armes, que pouvons-nous faire, si ce n’est que plaider avec les larmes aux yeux, afin que le président Alassane Ouattara prête une oreille attentive à nos problèmes et que nos factures soient payées. C’est tout ce que nous pouvons demander au gouvernement actuel. En dehors de ça, nous ne voyons pas quels autres chemins emprunter, parce que nous ne sommes pas à mesure d’aller prendre une arme pour revendiquer nos droits. »

Entre explications et justifications, le collectif plaide auprès du chef de l’État, Alassane Ouattara, afin qu’ils soient payés.

Sériba Koné

 

 

 

 

 

 

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