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Côte d’Ivoire : Et si c’était la bonne ? Ses anciens sélectionneurs y croient


Souvent annoncés comme les grands favoris des éditions précédentes, les Eléphants ivoiriens attendent depuis 1992 de remporter leur seconde CAN. Avant leur demi-finale contre la RD Congo mercredi soir à Bata (20h00), nous avons sondé trois anciens sélectionneurs de la Côte d’Ivoire – Robert Nouzaret, Gérard Gili et François Zahoui – sur les chances de leur ancienne équipe.

Une forme de fatalisme avait fini par s’imposer aux plus optimistes. A cause des deux finales perdues en 2006 et en 2012, respectivement face à l’Egypte et à la Zambie, et toujours à l’issue de la séance des tirs au but après un match nul et vierge (0-0, 2-4 aux t.a.b en 2006, 0-0, 7-8 aux t.a.b en 2012), ou des illusions abandonnées en demi-finale (2008) ou en quarts (2010, 2013).

Cette fois-ci, contrairement au passé, la Côte d’Ivoire avait laissé le statut de favori à l’Algérie, l’équipe africaine la plus brillante lors de la dernière Coupe du Monde. Et aux yeux de Robert Nouzaret, ancien sélectionneur des Eléphants (1996-1998 et 2002-2004), cette étiquette collée dans les dos des Fennecs a soulagé les Ivoiriens d’un trop plein de pression : « Cela faisait des années que tout le monde annonçait leur victoire. Cette année, on évoquait surtout l’Algérie, et je pense que ça a pu les libérer un peu. »

Zahoui : « Renard a su faire les changements qui s’imposaient »

La chaotique campagne qualificative, marquée par deux gros trous d’air – défaites 1-4 au Cameroun et 3-4 face à la RD Congo à Abidjan – et le nouveau profil d’une sélection remodelée par Hervé Renard, nommé le 1er août, avaient éloigné cet éternel vainqueur des concours de pronostics de l’attention médiatique. « Aux yeux des gens, la Côte d’Ivoire apparaissait surtout comme un gros outsider. Depuis le début de la CAN, j’ai vu une équipe un peu plus libérée. Elle est montée doucement en puissance, après son premier match face à la Guinée (1-1, le 20 janvier.)  Hervé Renard a fait les changements qui s’imposaient. Cela a permis au groupe de gagner en confiance« , intervient François Zahoui, qui avait conduit son pays en finale face à la Zambie d’une certain Renard Hervé il y a trois ans. « Défensivement, après les onze buts encaissés en qualifications, le coach a trouvé la tactique pour apporter plus de rigueur, avec Kolo Touré qui tient la boutique. Renard est un mec intelligent, dont le coaching individuel et collectif commence à paye« , note Nouzaret.

Hervé Renard (Côte d'Ivoire)
Hervé Renard (Côte d’Ivoire) – Panoramic

Gili : « Collectivement, c’est intéressant »

La Côte d’Ivoire, longtemps vantée pour la qualité de ses individualités, reste sur le papier une des meilleures sélections africaines. « Mais collectivement, ce qu’elle montre en Guinée Equatoriale est intéressant. Il fallait tout de même digérer la retraite internationale d’un joueur comme Didier Drogba. Il reste quelques éléments dite de la génération dorée, comme les frères Touré, Gervinho, Kalou ou Tiéné, mais l’ensemble apparaît plus soudé« , explique Gérard Gili, qui a dirigé les Eléphants en 2008.

« Yaya Touré joue plus bas,  et même s’il n’a pas le même rendement qu’avec Manchester City, son positionnement rend meilleur le départ des actions. Gervinho est bien revenu après sa suspension (il avait expulsé lors du match face à la Guinée, ndlr), et les Ivoiriens ont la chance d’avoir un buteur comme Wilfried Bony, que j’ai trouvé très bon en quart contre l’Algérie (3-1, le 1er février). Et cette équipe a l’avantage d’avoir un sélectionneur qui a l’expérience de la CAN« , alors que Zahoui s’est dit « séduit par Gradel et Dié, très importants dans ce collectif. »

Nouzaret : « Contre la RDC, ce sera le match le plus difficile »

Mais les Eléphants, plus solides qu’impressionnants, ont aussi leurs faiblesses. « Derrière, il y a parfois un manque de concentration dans le placement« , poursuit Gili. « Il faut voir comment elle va résister à la pression populaire et médiatique de cette demi-finale. La Côte d’Ivoire attend un titre depuis 1992, et ses supporters sont impatients. La RD Congo, qui de son côté pas grand-chose à perdre et que personne n’attendait en demi-finale, a tous les arguments pour l’emmerder. C’est peut-être le match le plus difficile qui l’attend« , prévient Nouzaret. « Aujourd’hui, la Côte d’Ivoire est redevenue le grand favori. Des quatre demi-finalistes, c’est l’équipe qui semble la mieux armée« , résume Zahoui. L’histoire est là pour rappeler que cela ne suffit pas toujours…

Yaya Touré (Côte d'Ivoire) face au Mali
EuroSport

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