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Côte d’ivoire-Enlèvements et assassinats d’enfants : La société civile s’interroge sur les raisons d’une telle déviation


Le Collectif des Ivoiriens de France pour la Démocratie et les Droits Humains (CIFDDH), appuyé par la Société Civile Panafricaine, les journalistes, les femmes et les hommes de bonne volonté, a tenu à Paris, vendredi 06 Février 2015, une conférence sur la question des enlèvements d’enfants en Cote d’Ivoire. Le Thème de cette conférence fut : Côte d’ivoire / enlèvements et assassinats d’d’enfants / un phénomène inquiétant et épouvantable / à qui profitent ces crimes ?

Le petit Mareau a été l'une des toutes premières victimes de ce phénomène. (Ph: Dr)

Le petit Mareau a été l’une des toutes premières victimes de ce phénomène. (Ph: Dr)

Dès l’entame, l’Anthropologue ivoirienne, Docteur Oumou Kouyaté, Présidente du CIFDDH, a dégagé les quatre (4) grands axes autour desquels se sont articulés les différents intervenants durant la conférence. Ces axes portèrent sur : Brèves historicité sur l’infanticide en territoire ivoirien ; Actualités sur les crimes commis sur les enfants ; Analyses sur l’identification des présumés auteurs des assassinats ; Pistes de réflexions sur les solutions contre ces crimes de sang.

         Poursuivant son intervention, Dr Oumou Kouyaté, dans une démarche anthropologique et à la lumière de l’histoire des peuples vivant sur le territoire ivoirien, n’a pas manqué de souligner que de nombreux cas d’infanticides eurent lieu. Des sacrifices rituels humains, commis sur la personne des enfants, furent récurrents. Entre plusieurs exemples pour étayer son propos, Dr Oumou Kouyaté évoqua l’histoire de la Reine Baoulé, Abla Pokou qui offrit son unique fils en sacrifice aux dieux afin de sauver son peuple qui fuyait un peuple ennemi. A la lumière de l’intervention d’Oumou Kouyaté, il apparait que les infanticides sont une pratique qui existe depuis les Âges reculés. Est-ce cette pratique qui se fait persistante de nos jours face à un monde de plus en plus exigeant ? Telle est la question que se pose Oumou Kouyaté au regard de la série d’enlèvements et d’assassinats atrocement commis sur la personne de plus d’une vingtaine de mineurs, depuis le mois de Novembre 2014.

         S’il eut plusieurs autres intervenants de qualité, un temps fort de cette conférence fut le tour de parole, par Vidéo depuis Abidjan, de Mr Abdoul Kader Stéphane Diarrassouba, Directeur Général du journal sur Internet www.lepointsur.com . Il a commencé par situer le décor de la réalité en Côte d’Ivoire, face à la recrudescence des enlèvements d’enfants, des crimes qui s’en ont suivis et leur impact sur les populations. Pour lui, le phénomène d’enlèvements et assassinats d’enfants trouve d’une part, son explication dans dans la pauvreté et l’inadéquation du système éducatif ivoirien.

D’autre part, La grande pauvreté, la grande fragilité sociale et financière des familles, généralement polygames et nombreuses, ont pour conséquences des parents qui ne disposent pas de moyens financiers et matériels suffisants pour s’occuper de leur nombreuse progéniture. Ce qui pousse les enfants à la précocité de la vie d’adultes, C’est-à-dire, que déjà, à bas âge, ces enfants, de familles très pauvres, se débrouillent, exerçant pour certains, des travaux dangereux pour leur âge, des travaux informels très précaires et très lourds à supporter de par leur fragile condition de mineurs. A défaut de trouver un emploi fut-il dérisoirement rémunéré, ces enfants s’adonnent à une délinquance, consistant à employer la violence, le plus souvent à l’arme blanche et même à l’arme à feu pour agresser, soit d’autres enfants, soit des personnes adultes.

Mr Diarrassouba n’a pas manqué de mentionner le cas des ‘’ célèbres  Microbes ‘’, ces mineurs très violents et sadiques dont l’âge oscille entre 13 et 20 ans, venant pour la plupart des quartiers les plus précaires d’Abidjan, armés de machettes, couteaux et armes blanches, agressent par surprise les passants qu’ils rencontrent dans les rues désertes ne disposant pas de lampadaires.

     Toujours selon Mr Diarrassouba, certes les enlèvements et assassinats d’enfants sont une réalité tangible. Toutefois, si le phénomène a pris de l’ampleur, cela est peut-être dû à la mondialisation de l’information, à la grande et rapide circulation de l’information grâce aux NTIC (Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication). Une petite étincelle est vite amplifiée par les média et les réseaux sociaux.

C’est ainsi qu’il a souvent été question de rumeurs qui ont occasionné des victimes innocentes lynchées par une foule excitée, en colère en raison de ce que les populations en proie à l’épouvante et à la peur se disent abandonnées par les Autorités gouvernementales. Parlant des Autorités, Mr Diarrassouba dit : « D’abord, les réseaux sociaux ont comblé le vide laissé par l’information institutionnelle. Les autorités ayant tardé à réagir, les réseaux sociaux, notre journal sur internet « LE POINT SUR.COM » (www.lepointsur.com) s’en est fait l’écho. Certainement que nous n’étions pas le seul organe de presse à le faire. Lorsque le Directeur Général de la police, le ministre de l’intérieur et même un tardif communiqué de la présidence de la République interviennent, c’est pour appeler les populations au calme et de ne pas se laisser emporter par la psychose qui, à notre avis, s’était déjà installé au sein de la population.

Quelles dispositions particulières ont pris les autorités ivoiriennes ? Les équipes de contrôle de la police, de la gendarmerie, des FRCI (Forces Républicaines de Cote d’Ivoire) ont été renforcées de 1500 agents supplémentaires. Cela a-t-il donné des résultats ? On pourrait répondre, sans être trop convaincu de l’incidence des décisions tardives prises par le gouvernement, que la vigilance et la détermination des populations à se défendre, à se fairre justice, a fait baissé les ardeurs des criminels ».

     Au début de son intervention, Mr Abdoul Kader Stéphane Diarrassouba exposa l’aspect juridique des fondements pour la protection des Enfants. Il a rappelé : « Le 20 novembre 1959, l’Assemblée Générale des Nations Unies adoptait la déclaration des droits de l’enfant. Ceci, pour témoigner de l’intérêt ô combien important de la communauté internationale pour l’enfant en tant qu’être particulièrement vulnérable, qui a besoin d’une protection appropriée ».

Ce fut à une Odyssée historico-juridique que le DG de www.lepointsur.com s’adonna pour mettre en relief la nécessité pour la Société et surtout pour les adultes d’apporter Protection, Sécurité, Instruction et Education aux mineurs. Mr Diarrassouba a mentionné quelques dates de référence sur la lutte pour la protection des enfants : 1845, Defreminsville plancha sur les contours juridique de la Minorité ; le 02 septembre 1990, fut adoptée par les Nations Unies la Convention sur les Droits des Enfants C.D.E) ; La Charte Africaine des Enfants C.A .D.E), qui fut adoptée par l’O.U.A (devenue l’Union Africaine) en juillet 1990. Dès lors, la cellule familiale est le lieu par excellence où l’Enfant se sent naturellement en sécurité.

Ce que Mr Diarrassouba traduit par: «…pour l’épanouissement harmonieux de sa personnalité, doit-il grandir dans le milieu familial et c’est à la Famille qu’incombe la responsabilité principale de sa protection ». C’est ainsi que pour illustrer son propos, il prit pour exemple la localité de Kaniasso : « Nous prendrons le cas où nous sommes Conseiller municipal à Kaniasso, District du Denguelé, Région du Folon, sous la houlette d’une dame, Fanny Moussokoura Chantal, doctorant en Sciences politiques, diplômée de l’Université Laval du QUEBEC/CANADA, diplomate de carrière et conseiller diplomatique du Président de l’Assemblée Nationale de la République de Cote d’Ivoire.

Le budget de la commune étant si modeste, trop petit, cette jeune Maire, la première Maire de Kaniasso, de religion catholique, dans une région où 99% de la population sont musulmanes. Son père, feu l’ambassadeur Fanny Inza était musulman et sa mère est de religion catholique.

Cette dame a pris sur elle la responsabilité de construire le tout premier établissement d’enseignement secondaire de la commune et du vaste département de Kaniasso. Elle le fait sur ses fonds propres, le patrimoine de sa famille. Selon elle, si nous devons compter sur le budget de notre commune, nous ne ferons absolument rien de grand et d’important.

Ses objectifs : Faire en sorte que les jeunes enfants puissent rester au près de leurs parents pour être en mesure de faire de bonnes études. Eloignés des parents, les enfants sont obligés de se débrouiller pour se nourrir. Parce que généralement, les familles qui les accueillent ailleurs, dans le cadre de leurs études, ne disposent pas de grands moyens de subsistance.

Cela réduirait le risque de grossesse précoce, les travaux champêtres chez des tuteurs qui peinent à se nourrir eux même. Ainsi, les enfants pourront consacrer plus de temps, plus d’énergie à étudier au collège de Kaniasso, près de leurs pères et mères. Les parents prendront mieux soins des enfants ».

 Après l’intervention de Mr Abdoul Kader Stéphane Diarrassouba, Dr Oumou Kouyaté a conclu en portant à la connaissance de tous que le CIFDDH exige des criminels ravisseurs et tueurs d enfant de mettre immédiatement fin à leurs sales besognes.

Aux Autorités gouvernementales, Le CIFDDH demande qu’elles reconsidèrent énergiquement ces enlèvements tragiques en y impliquant fortement la Société Civile, en diligentant des enquêtes crédibles afin de mettre aux arrêts ces tueurs afin qu’ils répondent de leurs crimes, et surtout la création de plusieurs cellules de réflexion, en synergie avec les hommes et les femmes de sciences sociales, en vue de l élaboration d un rapport sur ces crimes macabres. Enfin aux parents, mais avant tout à toutes les mères qui ont perdu leurs enfants tragiquement, le CIFDDH s’incline devant les dépouilles de leurs enfants, et que leurs âmes juvéniles arrachées très tôt a l’affection de tous, reposent en paix.

     Rappelons que Depuis le mois de Novembre 2015, sur toute l’étendue du territoire ivoirien, particulièrement à Abidjan la capitale économique de la Côte d’Ivoire, les populations assistent impuissantes à des disparitions récurrentes et en grand nombre de personnes (enfants, femmes et hommes). Des enfants des deux sexes sont retrouvés égorgés, mutilés et même éventrés. Face au laxisme avec lequel les autorités ivoiriennes traitent ces crimes de sang qui continuent d’endeuiller plusieurs familles, face à la psychose qui se fait de plus en plus grande, prises d’exaspération, les populations apeurées décident de se faire justice.

A partir de la dernière semaine du mois de Janvier, l’on a assisté à des lynchages de personnes accusées d’êtres des ravisseurs d’enfants. Pis, Les Populations en proie à l’émoi et à l’épouvante décidèrent de retenir leurs enfants scolarisés à la maison de peur qu’ils soient victimes d’enlèvements ou d’assassinats. Toutefois, depuis le début du mois de Février, la psychose a baissé. Ces crimes ont-ils pris fin ?  

Aké Ké Williams

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