[Côte d’Ivoire/Dr Marie-France Yapi sur le système scolaire et le genre] « Les manuels scolaires doivent être réécrits en prenant en compte la dimension genre »
Abidjan, 01-08-2023 (lepointsur.com) Matériel éducatif de base, outils de transmission de savoir et de valeurs, les manuels scolaires sont au cœur de l’institution et des enseignements scolaires primaires. Ils rassemblent l’état des connaissances qu’une société souhaite transmettre à un niveau du cycle des apprentissages scolaires et représentent un outil pédagogique précieux pour les enseignants.
Le lundi 31 juillet 2023, Marie-France Yapi, mère de 2 enfants et inspectrice principale option éducation à l’Institut National Supérieur de la Formation Sociale l’a encore confirmé. Et ce, devant un jury genré et riche de 6 professeurs dans le cadre de sa thèse de doctorat unique en science de l’éducation portant sur le « système scolaire et genre : une étude sociologique de la femme dans les manuels scolaires ivoiriens ».
Après avoir réalisé une étude dans plusieurs écoles primaires et analysé plusieurs manuels scolaires du CP1 au CM2, Marie-France Yapi a conclu que « les rôles et statuts de la femme sont amenés à changer. Il est donc important de montrer aux enfants, qu’ils soient filles ou garçons, des modèles. Et ce sont ces modèles que les enfants intériorisent et reproduisent ». Le constat est donc clair. La lutte contre les stéréotypes du genre confine les femmes dans la sphère privée, les empêche d’avoir une ouverture d’esprit, d’avoir un profil de carrière professionnel diversifié. « On se rend compte que les matières scientifiques, par exemple, sont la chasse gardée des hommes. Or, il faut inculquer aux filles que les femmes aussi peuvent être des mathématiciennes. C’est tout l’objectif de notre étude », a-t-elle précisé.
Pourquoi la question de la place des femmes dans les manuels scolaires mérite-t-elle d’être posée ?
Selon l’exposé de la chercheuse, ces manuels doivent être des outils de transmission de l’égalité entre les femmes et les hommes. Il ne s’agit pas ici d’une féminisation des manuels scolaires mais, d’intégrer des valeurs de modèle qui peuvent aider les enfants filles à s’épanouir, à avoir une autre vision du rôle et des statuts de la femme. « L’éducation scolaire joue un rôle essentiel dans le processus d’appropriation des rapports entre les sexes. Elle transmet les connaissances sur les images qui représentent ou présentent les femmes dans des manières d’être, de penser et d’agir, douer d’un pouvoir de coercition… », a-t-elle insisté.
Marie-France Yapi a, par ailleurs, fait des suggestions pour réduire au mieux ces inégalités. « Que les manuels scolaires soient réécrits en prenant en compte la dimension genre. Au niveau de la formation des instituteurs et de tout le personnel pédagogique qui intervient dans la confection et dans les interactions avec les enfants, qu’ils soient informés, sensibilisés, mis au goût du jour par rapport à la question du genre… », a soutenu l’impétrante. Des suggestions validées par le jury présidé par Pr Nebout-Arkhurst Patricia, Professeure titulaire de didactique à l’Ecole normale supérieure qui ont accordé à l’impétrante la mention « Très honorable » assortie des félicitations du jury.
Une correspondance Particulière de I.Y.