[Côte d’Ivoire/Depuis La Haye] Blé Goudé Charge le pouvoir Ouattara et exige une CEI “véritablement’’ indépendante
Abidjan, 12-11-2019 (lepointsur.com) Charles Blé Goudé, élu à la tête de son parti le Congrès panafricain pour la justice et l’égalité des peuples (Cojep) en août dernier, a eu un entretien avec France 24 le lundi 11 novembre 2019, à La Haye où il est en liberté conditionnelle.
A cette occasion, l’ancien chef des Jeunes Patriotes de Côte d’Ivoire, a exigé au pouvoir d’Abidjan la libération “totale’’ de la Commission électorale indépendante (CEI) afin d’éviter à la Côte d’Ivoire des contestations électorales en 2020.
Poursuivi également par la justice ivoirienne pour «crimes contre des populations civiles» et «crimes contre des prisonniers de guerre», le président du Cojep a profité de cette interview pour dénoncer “le harcèlement judiciaire’’ dont il fait l’objet.
Ci-dessous nous vous proposons un large extrait de son entretien sur la chaîne française.
A propos de sa poursuite par la justice ivoirienne pour «crimes contre des populations civiles» et «crimes contre des prisonniers de guerre». Blé Goudé répond :
«C’est dommage qu’un adversaire politique qui pense différemment que vous, vous cherchez forcément à le mettre en prison ou à le tenir hors de son pays. Je dénonce le harcèlement judiciaire contre l’adversaire politique que je suis
Voyez-vous, les jours pairs je suis poursuivi comme prisonnier de guerre et les jours impairs, pour viol homicide. C’est à croire que la justice ivoirienne elle-même ne sait pas pourquoi elle me poursuit. L’objectif est clair. Ecarter Charles Blé Goudé, l’empêcher de participer aux débats politiques de son pays. Voilà l’objectif mais, je ne vais pas tomber dans ce piège.
Je l’ai déjà dit, je serais une aiguille qui va servir à recoudre le tissu social ivoirien. Et comme je parle de paix, de réconciliation et ils voient que c’est une voie que j’ai librement choisie, sur laquelle je vais continuer, ce n’est pas après le régime de monsieur Ouattara. C’est pour l’ensemble des Ivoiriens et tous ceux qui ont choisi d’y vivre, parce que la Côte d’ivoire a besoin de paix et de réconciliation. Surtout, à la veille d’une année électorale comme celle de 2020. Je ne veux plus que ce qui est arrivé en 2010, arrive un fois encore à mon pays. Le peuple de la Côte d’Ivoire a besoin de tranquillité.
Quant à moi j’assiste à tout cela avec beaucoup d’amusement, parce qu’on ne peut pas continuer à utiliser éternellement l’appareil judicaire pour faire aboutir un agenda politique. Même Félix Houphouët-Boigny qui avait toute la légitimité de le faire ne l’a pas fait».
A la question de savoir s’il a l’intention de soutenir un candidat aux élections de 2020, l’ancien ministre de la jeunesse a été ferme et clair.
«Je dis que la Côte d’Ivoire en 2020, vue la situation qu’elle traverse n’a pas seulement besoin d’un président. Elle a besoin d’un leader, un homme capable de rassembler les Ivoiriens de nouveau, qui peut les rassurer et les amener à oublier les stigmates de la guerre. Et non quelqu’un qui rappelle à tout moment les plaies à peine cicatrisées. Pour cela, je prendrais mon temps pour écouter tous ceux qui estiment qui ont la capacité de sortir notre pays de l’ornière.
Je vais écouter tout le monde, tous les candidats. Personne n’a pour le moment mon soutien. Je prends donc tout mon temps pour écouter tout le monde et le moment venu, mon parti et moi, nous aurons l’occasion de nous prononcer.
Notre pays a besoin de règle impartiale, d’une Commission électorale véritablement indépendante. Qui puisse faire en sorte d’éviter à notre pays des contestations électorales, afin qu’on redonne aux Ivoiriens leur choix dans les urnes. Il faut éviter d’envahir la commission électorale. Il faut la libérer totalement de l’emprise de tous les partis politiques. Pour moi, il faut faire en sorte qu’il n’y ait pas de querelles autour de la commission électorale. Je voudrais ici interpeller le président de la République Alassane Ouattara, il était dans l’opposition hier, il a voulu d’une Commission électorale indépendante, je suis déçu qu’au moment où il est au pouvoir, il veut forcément s’accaparer la Commission électorale avec des amis à qui on donne des titres de société civile, à qui on donne des titres de représentants de telle ou telle organisation. Non, il faut redonner au peuple de Côte d’Ivoire de mettre en mission qui il veut et sans tricherie, ce serait bien et ce serait rendre service à la Côte d’Ivoire, et ce serait tout à l’honneur de monsieur Ouattara».
Propos retranscrits par Georges Kouamé