Interview

[Côte d’Ivoire/Cohésion Sociale] Le Chef du Canton Péomé appelle à la libération des jeunes de sa localité


Facobly, 16-08-2021 (lepointsur.com) Le Carton Péomé est un regroupement de 32 villages et de 21 cités (des localités à forte densité  administrées par des Chefs, pas encore reconnus par l’administration territoriale). Ce Canton du département de Facobly dans la région du Guémon, est dirigé par le Chef Badia Kéi Séa 2. A l’occasion de la commémoration des 61 ans, de l’indépendance de la Côte d’Ivoire à Tiény-Séably, ce guide coutumier s’est confié à « lepointsur ». Entretien :

Chef du Canton Péomé, que représente pour vous, la commémoration de l’indépendance de la Côte d’Ivoire et quel est l’impact ce genre de cette fête sur votre population ?

 La Célébration de la date anniversaire de notre indépendance chaque année, est une grande opportunité d’abord culturelle et sociale. A ces occasions, les cadres et autres travailleurs se rendent dans leurs villages respectifs et tiennent des rencontres au cours desquelles, ils parlent développement. Ce sont également des moments de réjouissances et autres manifestations culturelles pouvant permettre aux enfants qui n’ont pas souvent la possibilité de vivre ces moments, de les découvrir avec satisfaction. Dommage que ces dernières années, nous sommes contraints à la célébrer modérément à cause de la Covid19. Chez nous, c’est le village de Zê qui devrait recevoir la fête tournante cette année, après celle  de l’an dernier du fait de la crise sanitaire.

Quels sont vos grands défis ?

Notre grand défi, reste et demeure le maintien de la cohésion sociale entre nos populations, y compris les allogènes qui vivent avec nous. Ensuite, viennent les infrastructures de développement dont l’accès à l’eau potable pour tous nos concitoyens. A ce niveau, nous travaillons et sommes convaincus que nous réussirons avec le concours des cadres à offrir l’eau potable à nos parents. Nous avons également le défi de la finition de la résidence de notre Sous/préfet, qui est obligé de se trouver une résidence à Man. Ce qui n’est pas du tout normal quand on sait les conséquences dont les retards dans les signatures de documents administratifs. Le Conseil actuel nous a fait des promesses d’aide mais, nous n’allons pas attendre si longtemps, cette bonne foi qui a d’autres contraintes. Concernant le volet cohésion sociale, nous travaillons de sorte à ce que l’entente et la paix règnent  de plus belle. Nous sommes embêtés par l’arrestation de certains de nos jeunes, suite aux manifestations qui ont suivi l’assassinat de la jeune Charlène Guéi.

L’arrestation de ces jeunes est-elle un frein à la cohabitation?

Manifestement ! Toutefois, nous ne sommes pas du tout focus sur une quelconque position. Nous exprimons la volonté de nos parents qui souhaitent que leurs enfants recouvrent la liberté, à partir du moment où le calme est revenu dans notre cité. Et si nous en sommes arrivés là, c’est parce que la jeunesse dans sa quasi-totalité a été excédée par ces tueries tragiques à répétition par certains allogènes.

A Kiriao, un jeune autochtone a été découpé à la machette par un ressortissant de la sous-région alors qu’il a été surpris en plein vol de manioc dans le champ de la victime. Nous sommes intervenus efficacement pour maintenir le calme. Dans cette même période un autre allogène a  commis un autre crime et nous sommes allés mettre de l’ordre avec beaucoup de difficultés. C’est dans cette atmosphère délétère, que Charlène a été assassinée par étouffement. Tous ses faits malheureux en un temps record ont provoqué la colère des jeunes. Nous plaidons pour la libération de ces jeunes. C’est un cri de cœur du Canton Péomé.

Le renforcement des capacités de vos collaborateurs fait-il partie de votre agenda ?

Je suis Inspecteur option lettres modernes à la retraite depuis le 1er Août 2021. Je dispose désormais de temps matériel à consacrer à mon Canton. Pour ce qui des chefs de villages, je compte organiser des journées de la chefferie. Ces journées donneront l’occasion de tabler sur des modules de traitement des dossiers liés à la gestion des situations de conflits, de sorte à les régler pacifiquement. Nous multiplierons ce genre de panels pour le renforcement des capacités de nos chefs. Aussi, en ma qualité d’agent de développement rural,  j’ai  des projets de promotion de la riziculture. C’est encore plus rentable, avec les changements climatiques qui nous fatiguent, le riz de bas-fond, pourrait nous aider. La culture du manioc qui a pris d’énormes proportions, mérite d’être encouragée. La commercialisation des dérivés du manioc que sont l’attiéké et le placali, offre une certaine indépendance financière à nos femmes du secteur rural, qu’il faut soutenir en faisant recours aux agents de l’ANADER, pour l’encadrement de cette frange de nos populations. La diversification des cultures de rente, avec l’hévéaculture, est une très bonne initiative que nous allons encourager par des conseils, malgré son impact négatif sur les autres cultures. Il faut quand même, chaque mois ou chaque trimestre que les parents puissent avoir un peu d’argent, pour ceux dont les champs sont en production et cela peut les soulager.

Votre mot de fin ?

Je voudrais remercier les autorités gouvernementales pour les efforts consentis dans le sens du développement harmonieux de notre pays. Aussi, nous plaidons pour la libération  de nos enfants.

Réalisée par Simplice Tiagbeu (correspond régional)

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