[Côte d’Ivoire] « Ce jeudi 2 juillet… Au camp Gallieni comme à l’aéroport Felix Houphouët… Traitresses émotions »
Abidjan, 03-07-2020 (lepointsur.com) À Barthelemy Zouzoua Inabo : Ce jeudi 2 juillet… Au camp Gallieni comme à l’aéroport Felix Houphouët… Traitresses émotions. Ces veuves et ces enfants en bas âge en pleurs. Certaines femmes en syncope prises en charge par les médecins, d’autres qui ont résisté aux courants des larmes comme des désespérés qui tentent de tenir face aux flots d’eau mais qui ont fini par craquer, céder à l’immensité de la douleur, de la perte de l’époux, du fils, du papa, du frère, du camarade… Surtout, au passage des différents cercueils, recouverts du drapeau national.
Scène insoutenable, douleur indicible. « Mon mari m’a dit, bébé j’arrive. C’est arrivé qui est là ? », sanglote cette femme dans les bras d’une parente. Malgré les supplications à regarder à Dieu, la foi et l’espérance semblent s’écraser devant le vide imposé par la réalité : elle ne reverra plus son mari.
“Ton camarade est venu, les pas lourds, le visage caché par un énorme masque. Il n’a pas prononcé un seul mot. Il a vu ces 14 cercueils alignés, il a décoré les soldats à titre posthume dans le grade de chevalier de l’ordre national et déposé une gerbe de fleurs au pied de la statue du soldat disparu’’
Toutes ces femmes en pleurs, ces enfants dont les cris déchirent le camp militaire et fendent les cœurs, ne reverront plus jamais leurs pères. Lâchement assassinés, pour notre sécurité. Morts au service de la patrie. « Braves soldats, vous avez donné votre vie pour la sécurité des personnes que vous ne connaissez pas. Vous nous quittez. Mais votre souvenir ne nous quittera jamais », a dit le porte-parole de l’Armée.
Ton camarade est venu, les pas lourds, le visage caché par un énorme masque. Il n’a pas prononcé un seul mot. Il a vu ces 14 cercueils alignés, il a décoré les soldats à titre posthume dans le grade de chevalier de l’ordre national et déposé une gerbe de fleurs au pied de la statue du soldat disparu. Reconnaissance de la nation. Reconnaissance éternelle.
“Le jeu d’échec de la scène politique nationale peut commencer. Le temps des grandes manœuvres. Le vieux parti avance avec son âge, son expérience et son projet. Un pas de plus, l’invalidation de la candidature d’un jeune prétendant’’
L’après-midi, ce même jeudi 2 juillet changement de décor et de lieu. Aéroport Felix Houphouët-Boigny. Même émotion. Emotion de revoir « un ressuscité ». L’émotion était si forte qu’elle a trahi ton camarade et ton parrain… Alors qu’ils sont les moteurs des mesures barrières, les mesures de lutte contre la maladie à coronavirus, ils n’ont pas résisté à la passion des cœurs, c’était plus fort qu’eux… Ils se sont serrés les mains… ils sont humains. Ils ont plié puis ils ont rompu. L’un revient de loin, l’autre voit son plan et sa stratégie politique se remettre à l’endroit… Maintenant, il peut le dérouler. Le reste, Dieu décidera.
Le Lion est de retour. Il l’a dit, pour prendre sa place aux côtés de ton camarade. « Monsieur le président, je vous aime », a-t-il dit. Sincèrement, quelque chose de très fort, au-delà du rationnel, lie ces deux hommes. Il n’y a pas que les intérêts du clan…
“Alors qu’ils sont les moteurs des mesures barrières, les mesures de lutte contre la maladie à coronavirus, ils n’ont pas résisté à la passion des cœurs, c’était plus fort qu’eux… Ils se sont serrés les mains… ils sont humains’’
Quelqu’un a dit : « C’est chaud, jusqu’à voir un chef d’Etat accueillir un premier ministre, de retour de soins à l’aéroport… ». Même Gnian Gougouessi était là…
Le jeu d’échec de la scène politique nationale peut commencer. Le temps des grandes manœuvres. Le vieux parti avance avec son âge, son expérience et son projet. Un pas de plus, l’invalidation de la candidature d’un jeune prétendant. Pas celle du président du parti. Donc, l’ancien reste pour l’instant, la seule certitude.
Le parti de ton camarade occupait déjà la télévision et la scène nationales avec une pré-campagne qui ne dit pas son nom, sous le manteau de la promotion de l’enrôlement sur les listes électorales.
Les cauris sont jetés… La bataille des anciens alliés aura lieu…
Par Fernand Dédeh