[Côte d’Ivoire/Candidat à la présidentielle d’octobre 2020] Mabri creuse sa propre tombe
Abidjan, le 03-08-2020 (lepointsur.com) Ce n’est pas un secret de polichinelle. Albert Mabri Toikeusse est candidat à la présidentielle d’octobre 2020. L’annonce de sa candidature dimanche 2 août 2020, après un Conseil politique du parti Arc-en-ciel suscite beaucoup d’interrogations d’autant que l’ex-ministre de l’Enseignement supérieur et de la formation technique à y voir de près court droit dans le mur. En d’autres termes, en tournant le dos au Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (Rhdp) le président de l’Union pour la démocratie et pour la paix en Côte d’Ivoire (Udpci) n’est-il pas en train de creuser sa propre tombe ?
Viré du gouvernement depuis quelques mois, le président de l’Union pour la démocratie et pour la paix en Côte d’Ivoire (Udpci), Albert Mabri Toikeusse a, a annoncé officiellement son retrait de la coalition Rhdp et lancé par la même occasion, sa candidature à la présidentielle d’octobre 2020, au terme d’une réunion du bureau politique qui a eu lieu le dimanche 2 août 2020.
En effet, au sortir de cette réunion, le Bureau politique de l’Udpci a par ailleurs, procédé à la restructuration du parti. Ce réaménagement technique au niveau de son bureau politique n’est-il pas une faute que commet le président de l’Udpci quand on sait que le départ de certains cadres dudit parti qui constituaient une base de l’Udpci entrainera à coup sûr, le départ de plusieurs militants. Quoique conscient du danger auquel il s’expose, l’ex-ministre a décidé de prendre sa destinée en mains en annonçant sa candidature.
Comme on le voit, Albert Mabri Toikeusse sera le candidat de l’Udpci à la présidentielle d’octobre 2020, à la grande joie de ses partisans. Soit ! Mais à quoi peut-on s’attendre quand on a encore en mémoire son échec cuisant lors de la présidentielle de 2010 où il n’avait récolté que 2,57 % des voix soit 118.671 votants sur 4 millions 843.445 votants, derrière Henri Konan Bédié, Laurent Gbagbo et Alassane Ouattara. De même, aux élections municipales et régionales d’avril 2013, le parti a présenté 13 candidats sur 197communes et remporté 3 sièges ainsi qu’une région, celle remportée par le président de l’Udpci.
Dernier de la classe, l’on est en droit de se demander ce qu’espère Mabri pour se lancer dans une course aussi importante si ce n’est que foncer droit dans le mur ?Autrefois enracinée dans la région du Tonkpi, l’Udpci est aujourd’hui en perte de vitesse, dans la région des montagnes. Des figures de proue, dont le haut magistrat Tia Koné, ex-député-maire de Man commune, Bleu Lainé Gilbert ou encore le député de Man sous-préfecture, Gué Pascal, l’ancien député de Danané, Nouotoua Youdé, l’ancien ministre Eric Kahé, l’actuel maire de Bloléquin, Bahou Doué Jean-Joel, l’ambassadeur Doh Gilbert-Djanhoudy, l’ancien ministre Auguste Miremont, ainsi que de hauts cadres issus du Grand-Ouest ont déserté le parti, laissant, aux mains de Mabri ‘’un colosse aux pieds d’argile’’. Un parti en apparence puissant, mais, en réalité, fragile.
Depuis la date du 12 mars 2020 qui marque le nouveau point de départ de la contestation, après avoir désigné Amadou Gon Coulibaly candidat du Rhdp à l’élection présidentielle de 2020, le président de l’Udpci a émis publiquement des réserves sur le mode de désignation du candidat du Rhdp et a invité le président du Rhdp au dialogue. A cet effet, l’espoir d’un accord politique de sortie de crise négocié a été largement exprimé, défendu et internalisé, mais, malheureusement, le docteur Mabri Toikeusse a été limogé des instances décisionnelles du Rhdp, ainsi que des cadres de son parti.
A ce jour, qu’est-ce qu’il en reste ? Que de continuer à espérer car dans le contexte d’extrême fragilité actuelle, il va falloir être réaliste quand bien même l’on ne doit compter d’abord que sur soi. Mabri est candidat à l’élection présidentielle d’octobre 2020, peu importe ce qui lui coûtera.
Advienne que pourra.
Médard KOFFI