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Côte d’Ivoire-Assassinat du Général Guéi Robert /L’Udpci n’a jamais porté plainte


  • Les preuves accablantes du Conseil de la famille de l’ancien chef d’Etat
Le corps sans vie du Général Robert Guéï (Ph:Dr)

Le corps sans vie du Général Robert Guéï (Ph:Dr)

Abidjan, le 23-3-15 (lepointsur.com)-Décidément, les mystères qui entourent la manifestation de la vérité sur l’assassinat du Général Robert Guéi n’ont pas encore fini de livrer leurs secrets. Ainsi, nous sommes tombés des nues dans l’après-midi du jeudi 19 mars 2015 lorsque, pendant l’entretien qu’il nous accordait, Me Singo Tia Paul Oumar nous a laissé entendre que l’Udpci n’a jamais porté la moindre plainte dans le cadre de l’assassinat de l’ancien chef de l’Etat.

Avec le procès des pro-Gbagbo, le dossier Guéi a connu un coup d’accélérateur le 11 mars 2015 au tribunal militaire d’Abidjan. « La mort du Général Guéi Robert ne restera pas impunie », a rassuré Ange Kessi Bernard, Commissaire du gouvernement près du tribunal militaire d’Abidjan. Pour lui, cette garantie répond à la volonté des autorités ivoiriennes de mettre fin à l’impunité en Côte d’Ivoire. « La Côte d’ivoire aspire à être un Etat de droit. Et pour y arriver, il faut relever ce genre de défi », a-t-il martelé.

« Du 19 septembre 2002 au 10 septembre 2012 aucune personne n’avait porté plainte contre les assassins du Général Robert Guéi », a d’emblée indiqué Me Singo Tia. Selon lui, c’est seulement le 7 septembre qu’il a été saisi par la famille. Toute chose qui l’a amené à déposer deux plaintes dans le cadre de cette affaire. Dont l’une au parquet militaire le 10 septembre 2012 et l’autre devant le tribunal correctionnel de première instance d’Abidjan Plateau le 7 septembre 2012.

Par cet acte, l’avocat interrompait la prescription du dossier Guéi qui devait arriver à terme une semaine plus tard, rangeant définitivement cette affaire dans les placards comme c’est le cas dans l’assassinat de Me Emile Boga Doudou assassiné le même jour que l’ancien chef de l’Etat. « Concernant le Général Guéi Robert, il y a eu une plainte déposée contre X pour assassinat et complicité d’assassinat », a-t-il précisé. Puis d’ajouter qu’il y aura bel et bien un procès malgré le temps que cela pourrait prendre comme retard. Car, insiste-t-il « c’est un dossier très clair ».

Pour Me Singo Tia Paul Oumar, le Général Guéi Robert « n’était mêlé ni de près, ni de loin à une quelconque rébellion ». Cependant, il retient que l’ancien officier général a été victime d’une planification montée de toute pièce par certaines autorités d’alors qui, selon lui, lui ont attribué la paternité de l’attaque du 19 septembre 2002.

Parmi celles-ci, Alain Toussaint, Conseiller en communication de l’ancien Président Laurent Gbagbo, Lida Kouassi Moïse, ministre de la Défense et Pascal Affi N’Guessan, Premier-ministre au moment des faits. Vu sous cet angle, l’avocat estime que derrière l’assassinat du père de ses clients, se cache l’Etat de Côte d’Ivoire dont la responsabilité reste entière. « C’est l’Etat de Côte d’Ivoire qui a assassiné le Général Guéi. C’est un régime qui a planifié et tué Guéi Robert », soutient Me Singo Tia.

Idrissa Konaté  

Entretien / Me Singo Tia Paul Oumar (Avocat principal des ayant-droits du Général Guéi Robert) : ‘’Nous avons réussi à interrompre la prescription du dossier Guéi’’

Me Singo Tia Paul OumarNous étions tous ici en Côte d’Ivoire le 19 septembre 2002. Et nous avons tous vu à la télévision le corps du Général Guéi, assassiné des heures plutôt. Mais avant de retrouver son corps, c’est Alain Toussaint, Conseiller en communication du Président Laurent Gbagbo qui, depuis le Vatican où celui-ci était en visite officielle, qui a eu à dire ceci : « ce qui se passe actuellement en Côte d’Ivoire, on sait qui est derrière. C’est le Général Guéi Robert qui est derrière ». Quelques temps après, il a fait une autre déclaration pour dire : « on sait où il (Ndlr : Robert Guéï) se trouve présentement, il est caché à la Cathédrale ». Puis, le ministre de la Défense qui dirigeait alors le pays parce que se trouvant seul sur place, du fait de l’absence du Premier-ministre qui se trouvait à Yamoussoukro, a fait une déclaration selon laquelle, « le Général Guéi Robert qui était en train d’aller faire sa déclaration de coup d’Etat à la télévision a été abattu par la gendarmerie loyale au Président Laurent Gbagbo ». En même temps, Pascal Affi N’Guessan a pris le relai pour faire la même déclaration en tant que Premier-ministre. Dans cet entretien Me Singo Tia Paul Oumar avocat principal des ayant-droits du Général Guéi Robert fait des révélations.

Selon vous pourquoi les conclusions l’enquête tardent dans l’affaire de l’assassinat du Général Guéi ?      

D’abord, laissez-moi vous dire que du 19 septembre 2002 jusqu’au 10 septembre 2012, soit près de 10 ans après, aucune personne n’avait porté plainte contre l’assassinat du Général Guéi Robert.

Et pourtant, l’Udp-Ci lassait croire qu’une plainte avait été déposée dans ce sens…

Il n’y a jamais eu une plainte de l’Udp-Ci (Union pour la démocratie et pour la paix en Côte d’Ivoire) qui a été déposée auprès d’une juridiction en Côte d’Ivoire. Et je vous mets au défi de me prouver le contraire. Je suis l’avocat des ayant-droits. J’ai été saisi le 7 septembre 2012 par la famille, en la personne de Guéi Pédou Francis. Le 10 septembre 2012, je suis allé déposer la première plainte au tribunal militaire. Entre temps, le 7 septembre le jour où j’ai été saisi, je suis allé avec Pédou Francis porter plainte devant le tribunal correctionnel de première instance d’Abidjan. Voici les deux plaintes dans l’affaire Guéi. Je suis l’avocat principal des ayant-droits. Le jour où je portais plainte, j’étais accompagné par un confrère qui répond au nom de Suy Bi Gooré. N’eut été notre promptitude, il y aurait eu prescription dans cette affaire. En réalité le Président de l’Udp-Ci faisait croire que le parti avait porté plainte, alors qu’il n’en est rien. Sous le régime Gbagbo ce n’était pas évident, mais avec Alassane Ouattara, l’Udp-Ci aurait dû porter plainte.

A l’allure où vont les choses, une probable forclusion du dossier Guéi serait-elle possible ?

Ce n’est pas possible. Dans la mesure où il faut dix années bien comptées pour qu’il y ait prescription. En plus, ces dix ans doivent être sans action. Ce n’est pas le cas avec nous dans le traitement du dossier Guéi, car nous avons interrompu la prescription le 10 septembre 2012 en saisissant les juridictions compétentes en la matière.

Y a-t-il une action judiciaire engagée pour Mme Rose Guéi, l’épouse du Général ainsi que pour les nombreuses victimes assassinées ce jour-là au domicile de l’ancien chef de l’Etat ?

Comprenez que les ayant-droits du Général qui m’ont saisi ne sont pas les ayant-droits de Mme Rose Doudou. Sur l’acte d’hérédité il est mentionné héritiers de Guéi Robert qui sont au nombre de huit. Je n’ai porté plainte que pour l’assassinat du Général Guéi. J’ai aussi porté plainte pour le sergent Loua Pascal dont la fille m’a saisi. Il a été assassiné dans la cour du Général en même temps que plusieurs autres.

Réalisé par Sériba Koné et Idrissa Konaté

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