[Côte d’Ivoire/Affaire Yodé et Siro] Les deux artistes Zouglou devant le Procureur de la République ce jeudi matin
Abidjan, 03-12-2020 (lepointsur.com) À Barthelemy Zouzoua Inabo: L’émotion est vive dans le pays, dans le milieu Zouglou. La convocation et la garde à vue des artistes Yodé et Siro déchaînent les passions. Dans le jargon, on dit « les réseaux sociaux en feu » !
Mesures de sécurité renforcées devant la brigade de recherches de la gendarmerie nationale au Plateau. « Pas de visite », selon le gendarme en faction devant le portail fermé. « Svp, les artistes convoqués sont-ils à l’intérieur » ? « Je ne peux rien vous dire ».
Un motocycliste arrivé au même moment, est lui autorisé à passer le portail mais il est bloqué net : « vous n’avez pas de masque de protection ».
“ Pour nombre d’entre eux, plus qu’une accusation, la sortie des artistes pendant leur spectacle est davantage, une interpellation des autorités publiques, administratives et politiques pour une gestion plus équitable des conséquences de la crise politique. Pour prévenir la fracture sociale et renforcer la cohésion sociale. ‘’
Nous apprendrons plus tard, selon des sources internes à la gendarmerie, que les artistes, Yodé et Siro sont arrivés en fin de journée à la brigade de recherches en compagnie de leurs Conseils. « Après plus d’une heure l’audition de “YODÉ et SIRO’’, une pause. L’audition vient de reprendre ». Il est un peu plus de 16 h, quand un contact nous rapporte cette information. Une heure plus tard, les deux artistes communiquent la conclusion de « l’enquête judiciaire » sur leur page Facebook : « Nous avons comme convenu répondu à la convocation de la brigade de recherches de la gendarmerie nationale aujourd’hui. Il a été décidé de nous garder à vue pour une présentation au bureau du procureur le jeudi 3 décembre à 8h 30 ».
La procédure se poursuit donc ce jeudi 3 décembre 2020, devant le Parquet. De deux choses, l’une. Soit, ils sont inculpés et mis sous mandat de dépôt ou en examen, soit ils sortent libres après la rencontre avec le Procureur de la République. Selon nos informations, « ils seront relâchés mais la procédure va suivre son cours ».
Yodé et Siro étaient en concert le dimanche 29 novembre 2020 dans un espace à Yopougon. Et dans le genre qui les caractérise, ils ont interpellé le Procureur de la République suite aux événements tragiques qui se sont déroulés en Côte d’Ivoire avant, pendant, après l’élection présidentielle du 31 octobre 2020 et les enquêtes en cours. Elles ont été jugées partiales. Les deux artistes ont été convoqués pour « enquêtes judiciaires » en visant particulièrement l’article 64 du code de procédure pénale.
“ Les gouvernants doivent le savoir : s’ils ne disent pas ce qu’ils font, les administrés sont tentés de dire ce qu’ils ne font pas. C’est tout simple. ‘’
Les fans des artistes sont particulièrement émus et incisifs. Ils dénoncent ce qu’ils appellent « l’atteinte à la liberté des créateurs », rappellent que le Zouglou, musique urbaine dépeint les faits sociaux et éveille les consciences. Pour nombre d’entre eux, plus qu’une accusation, la sortie des artistes pendant leur spectacle est davantage, une interpellation des autorités publiques, administratives et politiques pour une gestion plus équitable des conséquences de la crise politique. Pour prévenir la fracture sociale et renforcer la cohésion sociale.
La police nationale a par exemple, rassuré les parents de l’ex-commissaire de première classe, Akoun Charles, tué le 28 octobre 2020 à Abidjan. « A cette occasion, le Directeur général de la police nationale a informé le père du défunt de l’évolution de l’enquête. Les premiers suspects ont déjà été interpellés ». Le patron de la police nationale a, une fois de plus affirmé : « on ne s’attaque pas impunément à la police ».
Communication, voilà le mot-clé. Tenir l’opinion informée des faits qui secouent la conscience nationale. Communiquer, pour éviter les confusions, les amalgames et même les dérapages.
Les gouvernants doivent le savoir : s’ils ne disent pas ce qu’ils font, les administrés sont tentés de dire ce qu’ils ne font pas. C’est tout simple.