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[Côte d’Ivoire/Affaire Gbagbo] Forte polémique autour du code électoral


Abidjan, 03-08-2020 (lepointsur.com) Le retrait du nom de l’ex-président ivoirien, Laurent Gbagbo sur la liste électorale provisoire fait actuellement feu de tout bois et alimente les débats.

Plusieurs de ses partisans ont même manifesté devant le siège de la Commission électorale indépendante (Cei), ce lundi 3 août 2020, pour crier leur mécontentement. Ils accusent la structure en charge des élections en Côte d’Ivoire d’avoir retiré le nom de leur leader sur cette liste et dénoncent une injustice à l’égard de M. Gbagbo qui, depuis son acquittement à la Cour pénale internationale (CPI) en janvier 2019, vit à Bruxelles en Belgique.

Face à ces accusations, le magistrat Coulibaly Kuibiert, président de la Cei a déclaré ce jour que la Commission n’a aucun intérêt à retirer des ivoiriens de la liste électorale, surtout que c’est elle qui a fait des mains et des pieds pour qu’ils s’inscrivent sur la liste électorale.

« Entre deux cycles électoraux, certains peuvent ne plus remplir les conditions pour être sur la liste électorale. D’où la révision annuelle. Deux causes fondamentales peuvent justifier le retrait de quelqu’un de la liste électorale. La première, c’est quand l’électeur est décédé. La deuxième, c’est l’électeur déchu de ses droits civiques et politiques », a expliqué ce lundi au siège de la CEI Coulibaly Kuibiert face à une délégation conduite par le président de la plateforme Ensemble pour la démocratie et la souveraineté (EDS), Georges Armand Ouégnin, accompagné par le Professeur Hubert Oulaye (président du Comité de contrôle du FPI) et l’ancien ministre Sébastien Dano Djédjé, tous proches de l’ancien chef de l’Etat ivoirien.

Si la Cei est la principale mise en cause dans cette affaire, il est important de souligner qu’elle n’a fait qu’appliquer ce qu’elle a reçu de la justice ivoirienne, et ce conformément à l’article 4 du code électoral ivoirien. Car, d’après les informations, Laurent Gbagbo a été retiré de la liste électorale provisoire parce que étant condamné par contumace par le Tribunal criminel d’Abidjan, dans l’affaire dit du braquage de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO), lors de la crise post-électorale de 2010-2011.

La Commission électorale indépendante n’étant alors pas à l’origine du retrait de l’ex-chef de l’Etat sur ce listing, la décision de l’institution parait donc légitime.

Cependant, cette légitimité est vigoureusement réfutée par des hommes de droit dont le président du syndicat des magistrats de Côte d’Ivoire, Grah Ange Olivier et maître Habiba Touré, avocat personnel du président Laurent Gbagbo qui, dans une note d’information produit ce lundi 3 août 2020, a dénoncé des manœuvres “malsaines’’ des autorités ivoiriennes contre son client. Notamment, « par l’intermédiaire de la CEI et des autorités judiciaires », a-t-elle dit.

A l’en croire, alors que M. Gbagbo a introduit une demande de passeport pour son retour en Côte d’Ivoire la semaine dernière, le porte-parole du gouvernent, Sidi Tiémoko Touré, au sortir du Conseil des ministres du mercredi 29 juillet 2020, a dévoilé qu’il leur serait également remis un casier judiciaire et un certificat de nationalité.

« Mais le 31 juillet 2020, nous avons eu le fin mot de l’histoire. En effet, il a été remis un casier judiciaire à Michel Gbagbo qui, à notre fort étonnement, présente une condamnation qui serait intervenue le 29 octobre 2019 à l’encontre du Président Gbagbo, et pour laquelle il n’a pourtant reçu ni convocation, ni décision judiciaire », a fait savoir l’avocat Habiba Touré.

Et de souligner qu’à l’examen de ce casier judiciaire, il apparaît que le document a été établi, au lendemain du Conseil des ministres, c’est à dire le jeudi 30 juillet 2020, soit 2 jours après la demande de passeport ordinaire introduite par Laurent Gbagbo.

A moins de 3 mois de la prochaine élection présidentielle ivoirienne, voici une autre affaire qui vient s’ajouter aux différents sujets à polémiques portant sur la légitimité de la Cei et de ses décisions. Ce énième sujet créé en ce moment la politique et fait débat entre observateurs et ceux qui ont adopté le code électoral.

Georges Kouamé

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