Abidjan, 24-05-2020 (lepointsur.com) Le mardi 19 mai 2020, le commentateur a ouvert son récit par une de ses envolées lyriques qui lui vont bien depuis qu’il a quitté RTI Plateau pour RTI Cocody. J’ai retenu pour vous ces expressions : «leadership du président», «gestion exemplaire contre le coronavirus».

“Parce que chaque soir, on vient attraper des seaux, des sacs de riz et bidons d’huile à la télé, parce que nous nous lavons les mains, nous sommes cités en exemple. Vraiment ! ‘’

Vous avez entendu ? La Côte d’Ivoire mène une lutte exemplaire contre le Coronavirus et c’est reconnu par le monde entier. Soyons sérieux !

Parce que chaque soir, on vient attraper des seaux, des sacs de riz et bidons d’huile à la télé, parce que nous nous lavons les mains, nous sommes cités en exemple. Vraiment !

Mardi, j’ai demandé si des sites avaient été aménagés pour recevoir les “rentrés’’ d’Abidjan pendant les confinements de 14 jours. Le même soir, une docteure est venue raconter du mensonge. Elle-même savait qu’elle mentait. Elle disait que dans chaque réunion, des conditions ont été réunies pour recevoir les passagers rentrés d’Abidjan, que ceux-ci seraient suivis par des structures sanitaires mises en place dans les différentes localités. Rien n’a été prévu.

“Un pays qui gère bien la pandémie et dont la manière de la gérer éblouit le monde entier, au point de mettre en ligne de mire son président, laisse les gens rentrés d’Abidjan, épicentre de la maladie, regagner leur domicile, leur village sans un confinement préalable’’

Soyons sérieux ! Si le ministère de l’Éducation nationale organise lui-même les voyages, si les voyageurs sont DEUX sur les sièges à trois, UN sur les sièges à deux, c’est que malgré la prise des températures, on n’est pas sûr que les commis aux voyages sont sains, exempts de maladie.

Un pays qui gère bien la pandémie et dont la manière de la gérer éblouit le monde entier, au point de mettre en ligne de mire son président, laisse les gens rentrés d’Abidjan, épicentre de la maladie, regagner leur domicile, leur village sans un confinement préalable. Les agents de la santé font des prélèvements, ils n’en donnent pas les résultats et chacun rentre tranquillement à la maison.

Combien de personnes ont été en contact avec le malade de San-Pedro ? Dans son village, ses parents ont dû le toucher car Dieu seul sait comment nous respectons les mesures barrières dans nos villages et nos familles.

Personne ne sera sanctionné pour cette faute lourde. Si le village est contaminé, on enverra les messagers du gouvernement pour distribuer des seaux, des gels, des pâtes alimentaires et des enveloppes.

“Pour éviter ces acrobaties, ces incongruités, ces décisions précipitées sans tête ni queue, on devrait mettre les élèves en vacances maintenant et reprendre les cours entre septembre et octobre, organiser les examens de fin d’année entre le 1er et le 21 novembre et retourner à l’école le 5 janvier 2021 pour une année scolaire divisée en deux semestres. On a préféré faire comme en France qui, elle, a des structures scolaires appropriées’’

Enfin, qu’ont fait les autorités avec les seaux, les pots de gel qui s’amoncellent chaque soir devant les téléspectateurs, les millions de masques commandés ou offerts ainsi que les millions de FCFA que les autorités reçoivent tout sourire pour qu’on demande aux parents d’élèves d’acheter des seaux, des gels et des masques ?

Pour éviter ces acrobaties, ces incongruités, ces décisions précipitées sans tête ni queue, on devrait mettre les élèves en vacances maintenant et reprendre les cours entre septembre et octobre, organiser les examens de fin d’année entre le 1er et le 21 novembre et retourner à l’école le 5 janvier 2021 pour une année scolaire divisée en deux semestres. On a préféré faire comme en France qui, elle, a des structures scolaires appropriées. Si votre tête n’est pas comme celle de votre ami, vous ne demandez pas qu’on vous coiffe comme lui. Hélas !

Parfois, on se demande si ceux qui nous envoient les nombreux satisfecits sont sur la même planète que nous ou s’ils sont eux aussi contaminés par notre autosatisfaction servile.

Par Pascal Kouassi

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