Politique

Conflit interethnique à Bouna/Ouattara Mohamed Junior (Pdt collectif des victimes) : ‘’Les victimes exigent la démission du ministre de la Justice’’


Des victimes gisant à même le sol.

Des victimes gisant à même le sol.

CIV-lepointsur.com (Abidjan, le 24-4-2016) Au cours d’une conférence de presse qu’il a prononcée samedi 23 avril 2016 à Cocody, Ouattara Mohamed Junior, président du Collectif des victimes de la crise interethnique qui secoue le Bounkani depuis plusieurs jours, a présenté l’état nominatif des personnes tuées au cours de ces sanglants événements. Le bilan de ces affrontements est lourd.

Selon le conférencier, « aujourd’hui nous sommes provisoirement à 77 morts, une centaine de disparus, plus d’une centaine de blessés, près de 4000 déplacés, 168 réfugiés au Ghana et près d’un millier au Burkina Faso ». Ouattara Mohamed Junior a expliqué que certaines autorités ont tronqué les faits en parlant d’un banal conflit éleveurs-agriculteurs.

Car selon lui, ces autorités « auraient plutôt dû parler de conflit inter-ethnique avec utilisation d’armes de guerre dans le Bounkani, car c’est de cela qu’il s’agit. D’autant plus que la période est mal choisie. Car, en cette période de l’année toute les récoltes ont été faites et gardées dans des greniers. Par conséquent il n’y aucune culture à détruire », a-t-il précisé.

Un certain Palé Youléré Jean-Marie, chef dozo, a été nommément cité par le conférencier comme étant l’instigateur principal des douloureux événements que connait en ce nommément le Bounkani. Pour les victimes de cette crise, il ne fait l’ombre d’aucun doute. Il s’agit bel et bien d’un acte prémédité qui vise à « exterminer les populations Koulango et alliés (Malinkés, Peulh, Camara) pour asseoir l’hégémonie Lobi sur le Bounkani, avec l’intervention d’une milice constituée de dozos Lobi ».

Faut-il le rappeler, le conflit a d’abord opposé les Lobi et les Peulhs avant de s’étendre aux Koulango et Malinké. La configuration actuelle du conflit, c’est qu’il y a d’un côté les Lobi et de l’autre les Koulango, les Peulh, les Camara et les Malinké. Une situation explosive qu’il convient de stopper au plus vite pour éviter qu’un conflit plus grand qui pourrait déborder les frontières ivoiriennes ne survienne.

Car, il ne faut pas l’oublier toutes ces ethnies se retrouvent au Burkina Faso et Ghana voisins. En attendant de trouver une solution définitive à cette guerre fratricide, les victimes ont décidé de saisir la justice. Ainsi une plainte contre X a été déposée par les victimes devant les tribunaux ivoiriens.

Les marques de la furia de ceux qui ont attaqué et tué.

Les marques de la furia de ceux qui ont attaqué et tué.

« Au vu de ce qui se passe sur le plan judiciaire, sécuritaire et politique à Bouna, nous ne pouvons plus faire confiance à la gendarmerie et à la justice ivoirienne. Nous récusons donc l’autorité de monsieur le Garde des Sceaux, ministre de la Justice et exigeons sa démission pour intervention permanente dans cette procédure judiciaire et le départ du commandant de brigade et son adjoint de Bouna », a exigé Ouattara Mohamed Junior.

Quoique Palé Youléré Jean-Marie ait été indexé comme étant celui qui attise le feu, en déposant une plainte contre X, les victimes entendent donner toutes les chances à la justice ivoirienne de faire une large investigation et punir le cas échéant, les coupables de ces actes criminels. Il est vrai qu’avec l’intervention des autorités politiques et préfectorales il règne un calme précaire à Bouna.

Cependant, la tension reste vive aux dires du conférencier, qui n’a pas manqué de souligner que «  la situation peut dégénérer à tout moment et être plus grave que ce qui s’est déjà passé. Parce que les exactions continuent dans les campements et si cela continue nous allons prendre nos responsabilités ». Afin de mettre un terme à ce conflit, les victimes ont préconisé le désarmement immédiat de tous les dozos et les Lobi dans tout le Bounkani, la sécurisation des frontières, le respect de l’autorité de sa majesté Djarakoroni II, roi du Bounkani par tous les peuples vivant dans son royaume et une commission d’enquête indépendante et international pour situer les responsabilités, afin que les coupables et les commanditaires soient jugés et condamnés.

Au nom des victimes, le conférencier a par ailleurs sollicité de l’Etat de Côte d’Ivoire « un réel dédommagement des victimes et des mesures d’accompagnement pour leur réinsertion ». Cela aux dires de Junior Mohamed Ouattara, devrait se faire d’ici avant les élections locales.

Ephraïm Aboubacar

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