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Conflit foncier frontalier entre la Côte d’Ivoire et le Mali : Après Ouélli, le feu d’un violent affrontement couve à Taharan #Kaniasso


CIV-lepointsur.com (Abidjan, le 1er-02-2017) L’annonce des premières pluies sur Taharan, village du septentrion ivoirien, précisément dans le département de Kaniasso, aiguise déjà les appétits chez les nombreux paysans de la zone. Notamment chez les cultivateurs maliens qui s’activent à préparer des espaces cultivables sur le versant ivoirien du fleuve Bafing, frontière naturelle entre le Mali et la Côte d’Ivoire.

Il en est ainsi le long de ce courant d’eau depuis la nuit des temps. Les propriétaires terriens ivoiriens permettent à leurs voisins maliens, dont les terres arides ne favorisent l’agriculture, de venir réaliser des champs de vivres sur leurs espaces. Malheureusement, depuis peu, cette preuve de bon voisinage connait des difficultés. Car, plutôt que de se consacrer aux cultures vivrières qui leur sont recommandées, les cultivateurs maliens ont initié des cultures pérennes avec la culture de l’anacarde sur les espaces que leurs voisins Ivoiriens leur ont prêtés.

Sorti fraîchement de la prison de Bougouni au Mali, où il a passé quatre longs mois sans jugement, Cissé Adama, l’un des propriétaires des parcelles litigieuses, est très amer. Il attire l’attention des autorités ivoiriennes sur les dangers d’un affrontement à Taharan comme ce fut le cas à Ouélli et qui avait fait plusieurs morts. « Nous nous expliquons difficilement l’attitude des Maliens. Ils sont en train de violer un pacte qui dure depuis nos aïeux », regrette-t-il.

Mieux, il ne comprend pas qu’à l’issue d’une rencontre bipartite entre les autorités ivoiriennes et maliennes le jeudi 24 mars 2016 à la préfecture de Kaniasso, en vue d’accorder leur violon, les paysans maliens foulent aux pieds les conclusions de cette rencontre au sommet qui, pourtant les invitaient à arrêter les cultures pérennes sur le territoire ivoirien.

Et pourtant, les points 2, 3 et 4 des conclusions de ce rendez-vous sont formels. -En attendant la matérialisation de la frontière par les autorités ivoiriennes et maliennes, la réunion de Kaniasso recommande le règlement pacifique et négocié d’éventuels conflits et condamne toutes formes de violence et d’agression. -La rencontre invite les populations à respecter les accords de la Cedeao et les liens d’amitié qui ont toujours régné entre les populations ivoiriennes et maliennes et enfin, -Sensibiliser la population au respect de la bonne foi de la terre cultivable des ancêtres.

« Nous réclamons nos terres qui continuent d’être confisquées par les Maliens », clame l’ancien pensionnaire de la prison de Bougouni. Puis de s’étonner du silence des autorités ivoiriennes, notamment celui du Sous-préfet de Goulia dont l’implication véritable aurait permis de faire avancer les choses dans le sens du règlement du conflit foncier entre les ressortissants de ces deux Etats voisins.

Dans la foulée, il signale le retour en force des ressortissants maliens sur les terres de Taharan précisément dans le village de Datèguèla, à seulement 4 kilomètres de Kohona, première localité malienne. Face à cette situation, Cissé Adama s’étonne de l’évolution des évènements qui ont contribué à son incarcération au Mali. « Veut-on attendre qu’il y ait mort d’hommes à Taharan comme ce fut le cas à Ouélli pour que les autorités ivoiriennes réagissent ? », s’étonne-t-il.

Idrissa Konaté

 

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