[Clôture de l’Adayé Kessiè Festival 9] Quand la culture Brong brise les frontières
Tabagne, le 04-11-2024 (lepointsur.com) La 9ème édition de l’Adayé Kessiè Festival s’est achevée en grande pompe à Tabagne, localité du Gontougo, le 2 novembre 2024. Ce festival, célébration de la culture brong et de la fête de l’igname, s’affirme depuis 2016 comme un événement incontournable, vecteur de cohésion entre communautés transfrontalières et témoin de la richesse du patrimoine ivoirien. Sous le thème « Peuples transfrontaliers, les valeurs traditionnelles en partage », l’événement a cette année rassemblé dignitaires, autorités politiques, diplomates, et invités des pays voisins pour un moment de partage, de réflexion et de festivités.
Une célébration de la cohésion et de l’identité culturelle
Dans son discours de clôture, Bini Ouattara Daouda, Commissaire Général du festival, a rappelé l’importance de cette célébration : « L’Adayé Kessiè Festival se veut être plus qu’une simple fête. Il est le témoin de la tradition vivante de notre peuple brong, une tradition que nous partageons avec nos frères transfrontaliers du Ghana, mais aussi avec d’autres communautés ivoiriennes. » À travers une succession de rituels autour de l’igname, le festival perpétue un rite ancestral tout en le rendant accessible à toutes les couches sociales de la région.
Les festivités de cette année ont également rassemblé plusieurs chefs de cantons et leaders de communautés ivoiriennes frontalières, comme les Kroumen, les Dan, et les Koulango. Tous ont rejoint Tabagne pour participer aux cérémonies et témoigner de l’harmonie qui peut exister malgré les frontières. Cette démarche, saluée par le ministère des Affaires Étrangères, vise à promouvoir un modèle de coexistence pacifique entre peuples aux cultures diverses.
Une plateforme de dialogue et d’échange interculturel
Le festival s’est distingué non seulement par la diversité de ses participants mais aussi par la variété de ses activités. Aux côtés des célébrations traditionnelles, une série de conférences et panels a été organisée, offrant aux visiteurs une perspective approfondie sur la gestion des relations transfrontalières en Afrique. La caravane organisée pour inviter les peuples des frontières ivoiriennes a incarné cette ambition de dialogue et d’échange, unissant traditions et réflexion autour des identités multiples.
Colonel Xavier Lefèvre, attaché de sécurité intérieure à l’Ambassade de France, a souligné l’importance de ce dialogue : « Il y a une grande tradition entre le royaume Brong et la France, remontant à 1885. Ce festival est une opportunité de renouer avec cette histoire commune tout en célébrant la diversité. » Son discours a fait écho à la volonté des organisateurs de positionner l’Adayé Kessiè comme un outil de rapprochement entre nations, dans une région où les frontières sont souvent perçues comme des lignes de séparation.
Renforcer l’héritage culturel pour les générations futures
L’Adayé Kessiè Festival a été pensé comme un projet de démocratisation du rite autour de l’igname, afin que chaque Brong puisse s’approprier cette fête et que la tradition ne se perde pas. Le roi des Brong, Nanan ADINGRA Kouassi Agyemane, par l’intermédiaire de son porte-parole, a souligné cette importance en encourageant chaque citoyen à s’enregistrer sur les listes électorales, rappelant ainsi l’importance de l’engagement citoyen pour la préservation de la paix dans la région.
Au-delà de son rôle de conservation des traditions, le festival se veut également un acteur de développement local. Les élus et les responsables régionaux ont été invités à soutenir ce projet ambitieux, qui vise à positionner Tabagne comme une destination culturelle de choix. Grâce aux soutiens du ministère de la Culture et de la Francophonie, de l’Agence Côte d’Ivoire Tourisme et du Conseil Régional du Gontougo, le festival a su gagner en notoriété, attirant chaque année un public plus large.
Vers une intégration régionale inspirée
Le thème de cette 9ème édition, « Peuples transfrontaliers, les valeurs traditionnelles en partage », revêt une portée symbolique forte. Les organisateurs souhaitent montrer que les liens culturels qui unissent les peuples brong de Côte d’Ivoire et du Ghana peuvent être un modèle pour l’intégration régionale en Afrique. « Construire un pont qui unit vaut mieux qu’ériger un mur qui sépare », a rappelé Bini Ouattara Daouda, une vision partagée par les autorités locales et internationales présentes.
Le festival s’est conclu sur une note de convivialité, avec des animations de chants et danses traditionnels, des concours gastronomiques, des spectacles et des circuits touristiques guidés. Cette immersion dans la culture brong a permis aux visiteurs de découvrir les valeurs de solidarité et de respect mutuel qui caractérisent cette communauté.
Une invitation au ressourcement et à la découverte
Pour les participants, l’Adayé Kessiè Festival est avant tout une invitation à s’évader et à se ressourcer dans un environnement empreint de traditions. M. Mamadou Coulibaly, représentant le Préfet de la région, a exprimé sa gratitude aux organisateurs pour leur travail acharné : « Le festival est une véritable célébration de notre patrimoine et de notre diversité, un hommage à l’esprit communautaire qui unit nos peuples. »
En fin de cérémonie, Bini Ouattara Daouda a remercié l’ensemble des partenaires et participants, renouvelant son souhait de voir perdurer cet événement porteur de paix et d’unité. L’Adayé Kessiè, à travers ses neuf éditions, a su se faire une place dans le paysage culturel ivoirien et s’annonce comme un rendez-vous incontournable pour tous les amoureux de la tradition et de la cohésion transfrontalière.
Ainsi, la clôture de cette édition 2024 laisse présager de nouvelles ambitions pour le festival, notamment une ouverture accrue vers les cultures de l’Afrique de l’Ouest, tout en conservant l’âme brong qui en fait toute la singularité.
Médard KOFFI depuis Tabagne
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