Clément Ouattara, délégué RHDP-Niakara : ‘’On ne peut pas avoir été chef d’État ou un élu et créer le CNT’’
-Le mandat du président ADO n’est pas négociable !
Abidjan, le 23-11-2020 (lepointsur.com) Victoire de Ouattara, débat sur le taux de participation, violences électorales, reprise du dialogue politique…, le délégué RHDP de Niakara-Sud, Clément Ouattara, revient sur la victoire de son champion, Alassane Ouattara, et sur les circonstances de ce plébiscite (94,27%). Non sans dénoncer l’attitude des jeunes qui ont alimenté la violence par des actes répréhensibles qui ont endeuillé des familles. Il ne manque toutefois pas de se réjouir de la reprise du dialogue entre les présidents Ouattara et Bédié. Entretien.
Monsieur le délégué, on est aujourd’hui à plus de 10 jours après la victoire de votre champion, le président Alassane Ouattara, quels sont vos sentiments après le ‘’1 coup KO’’, comme vous l’aviez annoncé?
Je voudrais d’abord m’incliner devant la mémoire des personnes qui ont perdu la vie durant tout le processus électoral, que Dieu les reçoive dans son royaume céleste. A ceux qui ont encore des séquelles, que Dieu apaise leurs cœurs.
Au-delà de cette épreuve qui a freiné un peu notre célébration, qui aurait été très immense, avant le début de la campagne, j’avais dit que le président n’avait pas de campagne à faire et que son bilan allait le faire à sa place.
Le résultat aurait été le même avec le candidat qui avait été choisi (paix à son âme), le Premier ministre Amadou Gon Coulibaly, qui était le meilleur candidat, selon nous, après le retrait du président Alassane Ouattara, mais Dieu en a décidé autrement. Lorsque le président Alassane Ouattara a décidé de faire ce grand sacrifice en se représentant, on savait qu’il partait favori et c’est cela qui a effrayé ses adversaires.
Je vous le dis en tant que responsable politique de ma sous-préfecture, à notre niveau, nous n’avons pas eu à nous attarder sur les réalisations du président, parce que les populations même voulaient qu’on se projette directement sur le prochain mandat parce qu’ils disaient avoir déjà vu les réalisations du président de la République. Donc aujourd’hui, au vu des résultats de ce scrutin présidentiel, ma joie est immense, n’eut été ce qui est arrivé par la faute des opposants, je veux parler des actes de violence qui ont conduit à des pertes en vies humaines, nous sommes satisfaits.
Les chiffres proclamés par la CEI, font dire à certains qu’il y a eu des fraudes, certains s’étonnent même d’un tel taux de participation (53,90%) vu que l’opposition a appelé au boycott, qu’est-ce que vous leur répondez ?
Je suis très à l’aise quand j’aborde ce sujet, parce que je suis un acteur majeur de la politique en Côte d’Ivoire et surtout dans ma zone. Vous savez, ces derniers jours, même aux USA, on parle de fraudes, cela signifie que ceux qui ont peur du choix du peuple, trouvent toujours quelque chose à dire. Le taux de participation aurait été supérieur, si tout le monde était allé aux élections, ou alors si nos adversaires n’avaient pas eu des comportements anti-démocratiques. Parce qu’un démocrate sait qu’on n’empêche pas un citoyen d’aller accomplir son devoir civique. Mais nos adversaires qui se disent démocrates, ont empêché des gens de voter avec même des menaces de mort.
Mais malgré tout cela, les populations sont sorties pour aller voter. Malgré les troncs d’arbres, les assassinats, tous ces blessés, les biens des gens incendiés, les populations sont quand même allées retirer leurs cartes d’électeurs. Pour parler de la région du Hambol, dont je suis un fils, je puis soutenir que le boycott actif n’a pas été suivi par les militants de l’opposition. Tout simplement parce que nous vivons en fraternité et dans la cohésion.
Au vu des mots d’ordre lancés par les leaders de l’opposition, les militants se sont dit, nous vivons en frères, pourquoi empêcher mon frère d’aller prendre sa carte, d’aller voter. C’est ainsi qu’ils n’ont pas obéi aux mots d’ordre dans le Hambol. Militant de l’opposition ou pas, tout le monde a retiré sa carte, sauf ceux qui sont peut-être en déplacement et qui devaient voter au village, mais qui n’ont pas pu s’y rendre pour une question ou une autre.
Vous pouvez le vérifier en regardant le nombre d’inscrits et le nombre de votants. Deuxième argument, l’opposition a désobéi parce que même les adversaires ont eu des voix alors qu’ils ont empêché des citoyens de retirer leurs cartes et d’aller voter. Cela sous-entend qu’il n’y a pas eu de fraudes. Leurs militants ont trouvé que le mot d’ordre n’était pas juste, et qu’il fallait, en tant que démocrates, accomplir son devoir civique.
Honnêtement, si Bédié et Affi s’étaient présentés contre votre candidat, celui-ci aurait-il gagné ‘’1 coup KO’’ ?
Cela ne fait pas l’ombre d’un doute, on aurait gagné ! Parcourez la Côte d’Ivoire, nous étions très à l’aise et cela aurait été le cas, quel que soit le candidat. Le président Bédié a dirigé la Côte d’Ivoire après le décès du président Houphouët. Il a bénéficié des retombées de la dévaluation du Franc CFA. Il était encore jeune et entouré d’un certain nombre de cadres qui sont aujourd’hui à la retraite. Même si son mandat a été interrompu, il n’a pas pu réaliser grand-chose. Donc Bédié en tant que président de la Côte d’Ivoire n’a rien fait.
A l’époque, il y a eu le boycott actif, parce que l’opposition avait demandé, après la mort d’Houphouët-Boigny, que la constitution soit revue, puisqu’il y avait déjà problème entre le Premier ministre d’alors Alassane Ouattara, et lui Bédié président de l’Assemblée nationale. Alors, l’opposition avait demandé qu’il y ait révision de la constitution. Le président Bédié a dit qu’il ne changera pas la constitution pour faire plaisir à un individu et que la Loi fondamentale est impersonnelle. Le président Bédié est allé à l’élection, et le grand constitutionnaliste, Francis Wodié, a trouvé que c’était juste et il a même été candidat. Le président Bédié a été élu, et il a dirigé.
Qu’est-ce que vous pensez des mots d’ordre de l’opposition, à savoir la désobéissance civile et le boycott actif?
Mon sentiment, c’est que la Côte d’Ivoire est arrivée trop loin dans la démocratie et dans son développement pour qu’un boycott actif face effet. Il y a eu un boycott actif en 1995 et nous connaissons les morts qu’il y a eus au moment où le président Bédié était candidat et ensuite, il a été élu. Pour le respect du droit, les élections ont eu lieu. Donc on ne peut pas venir avec les mêmes acteurs venir créer encore ce même désastre.
C’est dommage ! On peut avoir des incompréhensions, des rancœurs et autres mais on doit privilégier le dialogue. Surtout qu’une grande leçon a été donnée par le président Félix Houphouët-Boigny qui disait qu’il faut éviter de faire la guerre, parce qu’on finit toujours par être perdant et que c’est avec le dialogue qu’on résout tout.
En 2010, nous avons fait la guerre, on a vu les conséquences. Houphouët a donné la chance à des personnes qui avaient 26 ans à l’époque, et eux aujourd’hui ils ont 86 ans, mais ils refusent de nous donner cette même chance. Nous qui étions l’avenir de ce pays, nous sommes aujourd’hui le passé de ce pays. Et ils continuent toujours à juger la démocratie selon leur conception.
Le 1er novembre 2020, au lendemain de l’élection présidentielle, l’opposition a créé un conseil national dit de transition, quel est votre sentiment par rapport à cette démarche?
J’ai été formé à l’école du PDCI d’Houphouët-Boigny ; le MEECI avait été créé pour former les cadres de demain. J’ai eu comme responsables nos ainés, le président Henri Konan Bédié, le ministre Guikahué donc je fais partie de cette pépinière, je suis de la génération d’Hamed Bakayoko, Mabri Toikeusse, Adjoumani… la démocratie se construit. On ne peut pas avoir une constitution qu’on a tous soutenue récemment, on ne peut pas avoir été un acteur majeur dans le vote de cette constitution et venir créer un gouvernement bis comme en 2011. Mais ça ne pouvait pas prospérer, la population ne pouvait pas accepter cela. Vous voyez que ce ne sont que quelques rares villes qui ont suivi ce mot d’ordre. Ce qui me rassure, c’est que les cadres du PDCI qui a 75 ans et qui est le plus vieux parti après l’ANC en Afrique du sud, ne parlent pas de CNT mais de PDCI tout court.
Ceux qui ont créé le CNT doivent l’effacer rapidement sinon ça risque de rester dans leur CV. Vous ne pouvez pas être député comme Affi N’guessan et créer un gouvernement bis, un élu du peuple et vous créez un gouvernement bis. Ça veut dire qu’il faut d’abord démissionner de ton poste de député et de président du Conseil régional pour aller créer ce gouvernement parallèle. On ne peut pas avoir été un chef d’Etat, héritier d’Houphouët-Boigny et créer un CNT.
On va rebondir sur le cas Soro, qui avait annoncé qu’il n’y aurait pas d’élection, que le président Ouattara ne serait pas le prochain président, et au final, on voit que toutes ses prédictions se sont avérées fausses, qu’est-ce que cela suscite en vous?
Dans la sagesse africaine, comme dans nos religions, on dit : ‘’s’il plait à Dieu’’, et le musulman dit : ‘’Inch Allah’’. Ça veut dire qu’un être humain ne peut pas prédire. Il n’a pas cette capacité, Dieu n’a pas donné cette capacité à l’être humain d’affirmer péremptoirement que quelque chose aura lieu. Seul Dieu a cette capacité.
C’est pourquoi, on dit ‘’s’il plait à Dieu’’, or il ne plait à Dieu que ce qui est bon. Il n’y aura pas d’élection le 31 octobre parce que lui n’est pas candidat (rires), les autres qui sont candidats, il y a eu élection pour eux. Mais ce n’était pas pour empêcher les Ivoiriens d’aller aux élections. Les Ivoiriens connaissent le parcours de tout un chacun, ils ne veulent plus des désillusions, des divisions ou de la mort. Ils préfèrent ce qui est là. Les Ivoiriens savent choisir.
Les troncs d’arbres, les casses, les incendies des biens de l’Etat ou privés n’ont pas empêché les Ivoiriens d’aller dans les urnes pour donner leurs voix, soit à KKB, soit à Bédié, soit à Affi N’guessan. Si je dois donner un conseil au président de GPS, Soro Guillaume, c’est de ne faire que la politique. Le monde évolue, la mentalité des gens évolue. Allons aux négociations pour voir comment rebâtir la confiance rompue. Mais, il faudrait qu’ils sachent que le mandat du président Ouattara n’est pas négociable.
Les présidents Ouattara et Bédié se sont rencontrés le mercredi 11 novembre 2020, qu’est-ce que vous dites sur cette reprise de dialogue entre les deux hommes qui étaient en froid depuis 2 ans?
Je ne suis pas étonné, ça fait 42 ans que je fais la politique et ces retrouvailles ne m’étonnent pas connaissant les deux ainés. Ils sont du même père, ils sont tous issus du PDCI. C’est comme les dents et la langue dans la bouche, il arrive que les dents écorchent la langue, mais celle-ci ne sort pas de la bouche. Et après, ils s’associent pour manger les bons plats.
Vous voyez, quand le président Ouattara a annoncé vouloir rencontrer officiellement son ainé, le président Bédié pour dialoguer, les deux jours qui ont suivi, ils se sont rencontrés. C’est pour dire que ceux qui veulent s’immiscer entre eux perdent leur temps, ils sont comme petit frère et grand frère. Et depuis lors, les attaques se sont arrêtées. Les deux vont remettre la Côte d’Ivoire sur les rails, et je vous le dis, je ne serais pas étonné que le PDCI et le RHDP se mettent ensemble. Aux autres qui veulent créer la division, qu’ils sachent que les Ivoiriens ne sont pas rancuniers entre eux.
Le peuple ivoirien vit en symbiose. Ce sont les politiques qui se battent. Ces villes qui ont suivi le mot d’ordre de désobéissance civile, ce sont elles qui sont perdantes aujourd’hui. Ce n’est pas la Côte d’Ivoire qui perd, au contraire la Côte d’Ivoire avance.
Généralement, les manifestations sont menées par des jeunes, qu’est-ce que vous leur dites, ce sera votre mot de fin…
A ces jeunes, je dirais que même quand on est jeune, on peut réfléchir. Vous vous rappelez, comment, en 2010, tout le monde fuyait Abidjan, il y a eu des morts. Comment un individu, même président de parti politique, peut-il te dire d’aller barrer des routes, brûler les biens d’une personne, d’aller boycotter et lui-même tu ne le vois pas sur terrain, tu ne vois pas ses enfants, tu ne les connais même pas, mais c’est toi qui es toujours en train d’accomplir la sale besogne, et eux, ils avancent. Je veux dire aux jeunes que si quelqu’un vous dit d’aller faire quelque chose qui n’est pas bien, n’y allez pas, ceux qui vous manipulent, leurs parents sont en sécurité.
Quand la maison d’un leader est incendiée, tous les médias internationaux relaient l’information, mais quand c’est un citoyen lambda ça passe inaperçu. Cette jeunesse doit prendre conscience. Nos enfants ne doivent plus obéir à tout ce qui est mot d’ordre de destruction. Ne brûlons plus les bus, parce que c’est nous qu’ils servent.
La Côte d’Ivoire est bénie par Dieu, je suis fier d’être Ivoirien, je salue la grandeur de nos deux dirigeants, les présidents Alassane Ouattara et Henri Konan Bédié, qui ont décidé de briser le mur de glace. Tous ceux qui prévoyaient la catastrophe en Côte d’Ivoire ont honte aujourd’hui. C’est une leçon pour tous ceux qui n’ont rien compris.
Au moment où les leaders se concertent, ils ne demandent pas notre avis, donc lorsqu’ils disent d’aller faire des bêtises, n’y allez pas. Je ne saurais clore mon propos sans adresser mes remerciements et félicitations à tous les responsables politiques régionaux et départementaux, aux cadres de Niakara-Sud pour leurs conseils, soutien financier et matériel à l’occasion de la campagne de notre champion, le président Alassane Ouattara. Au ministre Ali Coulibaly, Konaté Khalil, le coordonnateur, véritable chef orchestre de cette campagne, le sénateur Ouattara Lamine, le départemental Charles Sanga, la coordonnatrice des femmes de Niakara, Mme Koné Catherine pour son engagement.
Réalisée par AMBROISE TIETIE (Le Rassemblement)
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