Claude Makélélé :  » Je ne suis pas surpris par ce que fait Zlatan « 


CLAUDE MAKELELE

CLAUDE MAKELELE

Claude, le Paris Saint-Germain possède dans ses rangs un joueur d’exception avec Zlatan Ibrahimovic. Vous avez vous-même joué avec des joueurs de classe mondiale, mais êtes-vous tout de même surpris par ses performances ?
Non, je ne suis pas surpris par ce que fait Zlatan en ce moment. C’est un compétiteur, un grand joueur, qui veut gagner des titres. Il veut toujours avancer, il veut dépasser ce qu’il a déjà réussi dans d’autres grands clubs et il fait tout pour ça. Vous n’avez rien à dire à un tel joueur, c’est lui qui emmène les autres joueurs, qui les tire vers le haut. Parfois il faut parler à certains pour leur insuffler de la confiance. Ibrahimovic n’a pas besoin de ça, il a tout le bagage nécessaire.
Comment vivez-vous votre rôle sur le banc, alors qu’il y a peu vous étiez sur le terrain pour jouer ces matches-là ?
Depuis le banc, je vois plus vite ce qui se passe, j’anticipe, je sais à l’avance. Je l’ai vécu en tant que joueur puissance mille, ce qui me donne une grande acuité des situations à venir. Je peux sentir ce qui va se passer sur le terrain. Quand j’étais joueur, je ne pouvais pas vraiment expliquer, je « vivais » l’instant. Maintenant, c’est mon rôle d’expliquer, d’analyser et surtout de transmettre.
Vous aviez un rôle particulier, ingrat mais crucial, celui de récupérateur ou relayeur. Qui, au PSG, se rapproche le plus de votre jeu ?
L’exemple que je connais bien puisque je l’entraîne à Paris, c’est Blaise Matuidi. A ce poste, il faut faire abstraction de ses ambitions personnelles, c’est un rôle très spécial. En équipe de France, il y a une richesse énorme en milieu de terrain, dans ce registre-là : Yohan Cabaye est en pleine progression, Matuidi que je viens de citer. Ces garçons n’ont pas encore une expérience énorme mais ils ont déjà compris ce qu’impliquait leur position sur le terrain. Ils doivent transmettre ça aux autres, en toute tranquillité. C’est un poste très ingrat, où l’on demande beaucoup et où il ne faut rien revendiquer.
Tout de même, n’est-ce pas un peu frustrant de travailler dans l’ombre ?
Dans une équipe, chacun a son rôle. Chacun doit savoir ce qu’il a à faire pour que l’équipe fonctionne mieux, pour que l’équilibre soit parfait. Une fois qu’on a accepté ça, on se donne au centuple, avec une ardeur énorme. Il faut aimer ce poste pour bien y évoluer, sinon ça ne fonctionne pas. Mais si c’est le cas, on peut vraiment savourer, c’est un rôle qui donne beaucoup de satisfactions. Je pense que Blaise a toutes ces qualités, cette hargne, même s’il est perfectible. Je vais le pousser encore pour qu’il progresse car je crois qu’il peut devenir l’un des meilleurs milieux de terrain du monde, tout simplement.
A quelques semaines de la Coupe du Monde de la FIFA, Brésil 2014™, comment trouvez-vous l’équipe de France ?
Il me semble que les Bleus vont bien. Ils sont comme « guéris ». Ils ont pris conscience de leurs qualités. Je ne parle pas des individualités mais du collectif, ils ont réalisé leur force. Pour une grande compétition, c’est ce qu’il y a de plus important. Il faut un noyau dans le groupe, il faut de la solidarité entre joueurs, c’est la base. Ils ont compris ça. Je n’ai pas de doute sur la qualité de ce groupe et je pense même qu’ils pourraient créer la surprise.
Comme en Allemagne en 2006, la France n’est pas attendue comme favorite au Brésil. Est-ce un atout ?
Je ne sais pas si l’on peut comparer. En 2006, trois d’entre nous sommes revenus au dernier moment dans l’équipe : Zinedine Zidane, Lilian Thuram et moi-même. Ces retours tardifs n’ont pas créé de tensions ou quoi que ce soit de ce genre, parce que ce qui comptait pour chacun d’entre nous dans le groupe, c’était la notion d’équipe de France, ce sentiment spécial. Je crois que cette génération a capté ça aussi. S’ils ont compris ça, ce sera une force énorme au Brésil. Si nous avons atteint la finale en 2006, c’est grâce à ce petit supplément d’âme. C’est ce qui a permis aux individualités de briller. Pour aller tout en haut d’un tel tournoi, c’est absolument nécessaire.
Quand on évoque le Brésil, qu’est-ce qui vous vient à l’esprit ?
Le Brésil, c’est le football. Je pense à la samba, aux gestes techniques, un passement de jambes… Je vois des buts. La joie, le spectacle, le plaisir. Pour les Brésiliens, jouer reste avant tout un plaisir, c’est quelque chose qui ressort souvent quand on leur parle et c’est agréable.
Vous avez participé au Match contre la Pauvreté organisé par Ronaldo et Zidane, pour aider les Philippines. Est-ce important pour vous de participer à de telles activités ? 
C’est important pour tous les joueurs. Se revoir, et pour une bonne cause. J’ai toujours beaucoup donné. Ce que font Ronaldo et Zidane est exceptionnel : ça ouvre les yeux aux gens sur une situation précise, en l’occurrence, les Philippines, et ça permet aussi de donner une autre image des footballeurs. Ce n’est pas toujours facile pour nous joueurs de nous expliquer. Ce match est le meilleur moyen de passer aux actes, tout simplement.

Considérez-vous comme une nécessité pour les joueurs ou anciens joueurs de s’engager ? 
Nous avons un rôle important vis-à-vis du monde du football en général, et de nos jeunes en particulier. La médiatisation de notre sport fait que par moments, les gens oublient que nous sommes des êtres humains, que nous avons nos sensibilités et que nous faisons des choses, pour nos proches, mais aussi pour des causes. Les joueurs de football se mobilisent régulièrement pour aider les gens qui se trouvent dans des situations difficiles. On n’en parle pas souvent et c’est dommage. En ce qui me concerne je participe à plusieurs activités caritatives, en particulier en Afrique parce que c’est là que se trouvent mes racines.
Quand avez-vous pris conscience qu’il fallait arrêter votre carrière de joueur ?
J’ai réalisé quand j’ai commencé à faire le coach sur terrain. Je donnais des instructions, je replaçais tout le monde, je disais à un tel de se calmer, à un autre de défendre pour garder le résultat et du coup je ne tenais plus mon rôle de joueur à fond. J’ai compris à ce moment-là qu’il fallait passer la main. On ne peut pas tout faire ! Le terrain ne me manque pas vraiment en fait. C’est un peu fou parce que je pensais vraiment que ce serait difficile. Mais comme je me suis très vite retrouvé sur le banc, j’imagine que la rupture n’a pas été trop violente.
Qu’avez-vous fait juste après avoir pris cette décision ?
Le lendemain de ma décision, je partais en vacances ! Un bon moyen de couper. Mais quand même, je me souviens, je pensais football. Je me demandais ce que j’allais faire, si j’allais entraîner tout de suite, si j’allais prendre une année sabbatique. Mais je ne pouvais pas faire ça, le football c’est toute ma vie…

fifa.com

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