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Clandestin ! Orpaillage Clandestin (Simple Avis)


Depuis quelques années, à l’issue de Conseils de ministres, j’entends « l’orpaillage clandestin est interdit ou lutte contre l’orpaillage clandestin ». On a même demandé aux autorités préfectorales, aux élus de veiller à l’application des mesures d’interdiction. Je me suis dit comment une activité qui se fait, en plein jour, au vu et au su de tout le monde, peut être clandestin. De surcroît, dans les champs, dans les parcelles des villages et des villageois. Si le mot « clandestin » en Côte d’Ivoire est celui des dictionnaires Larousse ou Robert, c’est-à-dire « secret, caché, à l’insu de… », c’est que l’on ne peut pas dire que l’orpaillage est clandestin, mais plutôt illégal et informel.

 

‘’Quel étranger est venu entrer dans une forêt sans l’accord du propriétaire terrien ? Un étranger qui arrive dans un village peut-il s’introduire dans une forêt et se mettre à creuser des trous sans l’avis des propriétaires des lieux ?’’

Des gens, généralement, allogènes ou allochtones viennent trouver des populations de villages, leur demandent de leur permettre d’extraire de l’or dans leurs parcelles; elles acceptent, font des sacrifices pour implorer le pardon, la générosité des génies ; elles les conduisent ensuite sur leurs domaines, et vous parlez de clandestinité. Quel étranger est venu entrer dans une forêt sans l’accord du propriétaire terrien ? Un étranger qui arrive dans un village peut-il s’introduire dans une forêt et se mettre à creuser des trous sans l’avis des propriétaires des lieux ?

 

‘’Si le mot « clandestin » en Côte d’Ivoire est celui des dictionnaires Larousse ou Robert, c’est-à-dire « secret, caché, à l’insu de… », c’est que l’on ne peut pas dire que l’orpaillage est clandestin, mais plutôt illégal et informel.’’

Soyons sérieux et honnêtes ! Des gens, par myriades, traversent votre village, passent à côté même de votre clôture, en voiture, à moto, et vous rabâchez nos oreilles avec « clandestin ». Si les populations n’adhèrent pas à cette activité, elle ne peut se dérouler et prospérer dans un village. Je vous donne un exemple. Les vieux de mon village avaient cédé des parcelles de terre à des jeunes venus d’ailleurs. Ils avaient cultivé du riz au même titre que les jeunes du village.

‘’ Soyons sérieux et honnêtes ! Des gens, par myriades, traversent votre village, passent à côté même de votre clôture, en voiture, à moto, et vous rabâchez nos oreilles avec « clandestin ».’’

À la fin des récoltes, ces gens que la population avait accueillis ont voulu acheter le riz. Comme le prix d’achat proposé était bas, les jeunes de mon village se sont rendus à Bouaké pour prendre attache avec des acheteurs de riz, puis louer un camion de 35 tonnes. Pendant qu’ils chargeaient le camion, leurs « protégés » sont allés discrètement à Bouaké pour voir ces acheteurs, « leurs parents ».

Les jeunes du village arrivent. Les commerçants se rétractent et proposent un autre prix plus bas. Comme ils ne pouvaient pas revenir avec leur riz, les jeunes du village, la mort dans l’âme, l’ont bradé. De retour au village, ils ont prié leurs « hôtes très reconnaissants » de quitter notre village. Ce qui fut fait un mois plus tard. C’était en 2002.

‘’Conclusion : il n’y a pas d’orpaillage clandestin, mais d’orpaillage illicite qui se fait avec la complicité de populations naïves, et souvent, sous la bienveillance de ceux qui sont appelés à veiller à la mise à l’exécution de la loi.’’

Aujourd’hui, l’orpaillage illicite est en vogue dans la région. Personne n’ose se hasarder dans notre village. Orpailleur « va passer où » ? Quel habitant du village va être garçon pour introduire son orpailleur ? Cabri qui est là là, avant de mordre dans ton igname, il regarde ton visage d’abord.

Conclusion : il n’y a pas d’orpaillage clandestin, mais d’orpaillage illicite qui se fait avec la complicité de populations naïves, et souvent, sous la bienveillance de ceux qui sont appelés à veiller à la mise en exécution de la loi.

Par Pascal Kouassi

 

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