[Cherté de la vie en Côte d’Ivoire] Pour Eveline Kouamé, le prix du silence ou la prison pour ceux qui osent parler
Abidjan, le 04-10-2024 (lepointsur.com) En Côte d’Ivoire, l’inflation galopante ne cesse de peser sur le quotidien des citoyens, et pour certains, dénoncer cette situation peut entraîner de lourdes conséquences. C’est le constat amer d’Eveline Kouamé, membre d’une plateforme de développement, qui voit dans chaque manifestation un risque accru d’emprisonnement.
Son inquiétude est née de l’arrestation récente de 16 membres de la plateforme Agir pour le Peuple (AGIP), condamnés à six mois de prison ferme pour « troubles à l’ordre public ». Leur crime ? Avoir tenté de faire entendre la voix de plusieurs millions d’Ivoiriens écrasés par la hausse des prix des produits de première nécessité.
« Depuis quelque temps, les prix des denrées alimentaires connaissent des hausses vertigineuses au détriment des populations », affirme Eveline Kouamé. Elle dénonce une situation où les prix des produits de consommation augmentent de façon incontrôlée sans consultation préalable des associations de consommateurs. Cette flambée des prix plonge une grande partie de la population dans la précarité, certains peinant même à subvenir à leurs besoins alimentaires quotidiens.
Eveline Kouamé ne mâche pas ses mots lorsqu’il s’agit d’interpeller le gouvernement, qu’elle accuse de contribuer à cette situation. Selon elle, « le gouvernement via le ministère du Commerce semble prendre plaisir à nous maintenir dans une situation d’inconfort en validant ces prix excessifs qu’il fait varier selon ses humeurs ».
Pour Eveline Kouamé, les arrestations des membres d’AGIP illustrent une tendance inquiétante. Elle se demande si le gouvernement ne cherche pas à faire taire ceux qui osent contester les politiques qui contribuent à la cherté de la vie. Ces activistes sont parfois accusés d’être des marionnettes de l’opposition, un argument utilisé pour discréditer leurs actions.
Elle appelle à une prise de conscience collective : « La cherté de la vie ne fait pas de distinction entre les partis politiques ni les groupes ethniques. Nous devons parler d’une seule voix pour montrer au gouvernement que cette inflation imposée aux populations n’est pas normale ». Eveline déplore également l’inaction des députés, qui selon elle, ne sont pas affectés par ces réalités, grâce à des salaires élevés et des sponsors généreux.
Pour Eveline Kouamé, il est temps que les populations disent « non » à la cherté des denrées alimentaires. Son message est clair : la lutte contre la hausse des prix ne peut se faire dans le silence. Mais elle souligne aussi que s’exprimer publiquement comporte des risques. Dans un contexte où la liberté d’expression semble de plus en plus restreinte, la voie de la contestation pourrait bien mener derrière les barreaux.
Médard KOFFI