[Changement de dénomination des CHU en EPH] Gouvernement et société civile « s’empoignent » sur les réseaux sociaux
Le changement de dénomination des centres hospitaliers universitaires (CHU) en établissements publics hospitaliers (EPH) avec gestion privé et une meilleure prise en charge des malades », adopté par le gouvernement en Conseil des ministres le mercredi 13 mars 2018, fait polémique actuellement sur les réseaux sociaux.
Les internautes s’attaquent à la décision du gouvernement
C’est d’abord le magistrat Grah Ange Olivier qui s’est attaqué à ça, sur sa page Facebook.
«Il faut que le gouvernement sache ce qu’il veut. On passe d’une politique ou des soins gratuits nous étaient promis à une autre qui va entrainer nécessairement un renchérissement des frais hospitaliers et médicaux car des privés ne s’investissent pas Dans une activité sans perspectives de bénéfices. Les CHU et le CHR sont les établissements sanitaires publics qui présentent un minimum de plateau technique, cela aura nécessairement un impact négatif sur l’accès aux soins des plus défavorisés. Que devient la CMU dans tout ça ? Comment peut-on décréter que le social est la priorité du gouvernement cette année et prendre une mesure aussi diamétralement opposé ? Pourquoi cette politique d’exploitation systématique du peuple et de discrimination vis-à-vis des plus défavorisés ? C’est un scandale.
Nous aimerons avoir l’optimisme de certains relativement à la privatisation des CHU et CHR mais nous devons accepter la réalité des choses: qui dit privé, dit profit. Le bon fonctionnement de l’établissement hospitalier ne peut jamais être l’objectif principal d’une entreprise privée, sa raison d’être, étant la recherche du profit. La conséquence, c’est l’augmentation des coûts de santé pour la population. Les exemples les plus édifiants sont ceux de la privatisation de l’EECI et de la SODECI. La recherche du profit à amener les concessionnaires à augmenter le coût de l’électricité et de l’eau mais par contre, ils n’ont pas procédé aux investissements qui s’imposaient pour garantir l’approvisionnement régulier des foyers en eau et en électricité. La conséquence a été les pénuries d’eau et les nombreux délestages. Cela a amené l’Etat à s’endetter lourdement pour pallier à leur défaillance. Finalement, la CIE et la SODECI exploitent et font des bénéfices énormes sans bourse délié au détriment de l’Etat dont l’endettement s’est accru pour enrichir ces sociétés. S’agissant des hôpitaux, les conséquences risquent d’être dramatique car nous parlons de santé et donc de vie. Comment peut-on envisager de privatiser ce levier essentiel de la politique social que sont les CHU et les CHR, sans mettre à mal ce droit primordial pour le citoyen qu’est l’accès à la santé. Rien ne justifie la privatisation de la gestion des hôpitaux. Au moment où le gouvernement prétend donner la priorité au social et que l’on a décidé de lancer enfin la CMU, on privatise curieusement les principaux instruments de la réussite de cette avancée sociale, fragilisant Sinai ses chances de succès. Tout se passe comme si l’on tenait à récupérer par cette stratégie, la cagnotte engendrée par la mise en œuvre de la CMU. Finalement on n’aura plus d’établissements hospitaliers publics avec des plateaux techniques suffisants à moindre coût pour les pauvres. Comment l’essentiel des services de santé peut relever du privé dans un pays où près de la moitié des habitants sont sous le seuil de pauvreté ? Par ailleurs, ces entreprises privées qui vont avoir la gestion des CHU et CHR vont faire une concurrence déloyale aux cliniques privées puisqu’en utilisant le matériel et le personnel de l’Etat, elles vont nécessairement être plus compétitives, mettant ainsi en danger les emplois dans ce secteur d’activité. Cette concurrence déloyale est inacceptable. Pour conclure nous pouvons dire qu’après le système éducatif qui est déjà sorti de la politique sociale du gouvernement à travers les nombreux frais injustifiés imposés aux parents d’élèves, c’est celui de la santé qui prend le même chemin. Qu’il est devenu vraiment invivable d’être pauvre dans notre pays. Il est temps de mettre un terme à la trahison des promesses de campagne Monsieur le Président. L’histoire vous regarde», a écrit le magistrat.
Outre le magistrat qui vit en ce moment en exil, au Canada, la cyber activiste Kyria Doukouré, s’est également prononcé sur le sujet, sur Facebook à travers le Forum « Observatoire démocratique en Côte d’Ivoire ».
«CHU : GESTION PRIVÉE ET BONNE GOUVERNANCE
Non, non et non ! Le conseil des ministres du Reich a annoncé une décision concernant les Centres Hospitaliers Universitaires CHU qui fait rire certains qui ne mesurent les grands risques que les populations vont courir dès la mise en œuvre de cette disposition. Nous sommes en face d’une situation où du service public sera transféré à des privés et c’est un secret de polichinelle que lorsqu’un privé investit c’est pour faire des bénéfices et non du social. Faire des bénéfices inclus une gestion rigoureuse quelques fois mais toujours une augmentation des coûts. C’est ce modèle qui a été expérimenté avec l’hôpital de Mme Ouattara à Bingerville. Sous prétexte que cet hôpital ferait du social, M. Ouattara a donné plusieurs milliards de nos francs à son épouse pour se construire un hôpital privé. Qui peut objectivement expliquer ce charabia » la participation des établissements hospitaliers privés au service public hospitalier, tout en préservant son caractère social ». Le privé ne fait pas du social. Ce qu’on ne vous a pas dit par contre, c’est que dès l’arrivée de son époux au pouvoir, Mme Ouattara a investi énormément dans le domaine de la santé. Son homme de main et avatar attitré est le français Christian Delmotte, ancien conseiller médical de M. Ouattara qui gère déjà plusieurs cliniques dans la capitale. Faites une petite recherche sur Google et vous serez ahuris. C’est Pourquoi là où certains parlent de privatisation, moi je parle d’expropriation. En fait, M. Ouattara offre des biens qui nous appartiennent à ses proches. Ses zélateurs essaient de vous convaincre que c’est pour votre bien, que la gestion privée sera plus rigoureuse et que par conséquent elle vous profitera. Dans ce cas, on serait bien heureux de confier la présidence à des privés. Pourquoi ne pas confier le ministère de l’éducation nationale à des privés, vu les errements de Mme Kandia? C’est du grand n’importe quoi! Comme en 1990 lors des grandes privatisations, nous sommes en face d’une deuxième opération « Ouattara vend, Ouattara rachète »», écrira la célèbre cyber activiste ivoirienne.
Le gouvernement réagit
Face à cette situation, le ministère ivoirien de la santé et de l’hygiène publique a produit un communiqué, dans lequel, il a apporté certains éclaircissements sur l’affaire. Ci-dessous nous vous proposons l’intégralité de la note d’information.
COMMUNIQUE PROJET DE LOI PORTANT REFORME HOSPITALIERE : UNE NOUVELLE ERE S’OUVRE POUR LE SYSTEME DE SANTE IVOIRIEN
Le mercredi 13 mars 2019, le conseil des ministres a adopté l’avant-projet de loi portant réforme hospitalière. Désormais, les CHU, CHR et les Hôpitaux généraux deviennent des Etablissements Publics Hospitaliers « EPH », ouvrant ainsi, la voie à une gestion administrative et financière plus autonome des structures de santé. En réalité, l’adoption de ce projet de loi vient mettre fin à une lourdeur dans la gestion des structures de santé ce qui engendrait une insuffisance dans les prestations de soins. Il convient d’informer l’opinion publique nationale, qu’il n’est nullement question de privatisation des structures de santé publique ; mieux un nouveau mode de gestion pour se conformer aux normes pour une offre de soins de qualité. Une nouvelle organisation financière et comptable garantissant une fiabilisation des opérations économiques et la gestion optimale du patrimoine. Les coûts des prestations demeurent en l’état. Le gouvernement soucieux du bien-être de la population a entériné le message de SEM Alassane OUATTARA, Président de la République de Côte d’Ivoire de faire des années 2019 et 2020, années du social, faisant de la santé pour tous la priorité de son action. Le Ministère de la Santé et de l’Hygiène Publique tient à rassurer les populations ivoiriennes et les prestataires de soins que la réforme hospitalière vient combler au mieux les insuffisances de notre système sanitaire. A toute fin utile, il est important de rappeler que la création d’une nouvelle catégorie d’établissements publics dénommés Etablissements Publics Hospitalier (EPH), pour l’exercice du service public hospitalier fondé sur l’analyse combinée des dispositions des articles 9 et 101 de la Constitution ivoirienne de 2016, place les malades au cœur du système de santé et permet aux hôpitaux de fonctionner selon un mode de gestion axé sur les résultats. L’EPH est une personne morale de droit public disposant de l’autonomie administrative et financière dont la vocation est sociale et réaffirme, en raison des spécificités des actions de santé publique. Les CHU demeurent donc des Centres Hospitaliers et Universitaires.
Notre commentaire
En attendant l’application effective de l’avant-projet de loi portant changement de dénomination des CHU en EPH en Côte d’Ivoire, gouvernement et société civile s’affronte sur les réseaux sociaux. Aussi, au vu de la diversité et la pluralité des avis sur le changement de dénomination des CHU en EPH, la polémique qui enfle actuellement les réseaux sociaux, n’est pas prête à s’arrêter.
Georges Kouamé