Cession de Petroci à Puma-Energy/ Un véritable scandale au sommet de l’Etat ivoirien #petroci
Abidjan, 14-02-16 (lepointsur.com)-La cession de Petroci-Holding à Puma-Energy se présente de loin, comme un véritable scandale. Tant, la corruption massive, le manque de contrôle dans les règles de bonne exécution des marchés, sont entre autres maux qui minent ce genre de transaction.
Pour certains observateurs qui suivent le dossier de très près, comme sur beaucoup d’autres questions d’ailleurs, et qui préfèrent garder l’anonymat, les membres du gouvernement n’agissent pas comme des personnalités en début de mandat ayant une claire lisibilité de ce qu’ils ont à faire, sur un chemin qu’ils maîtrisent et vers une destination connue. « On a l’impression d’être en transition pour préparer l’avènement d’un nouveau régime, » s’inquiètent-ils, ajoutant par ailleurs, « C’est bien déroutant !!! »
D’autres, par contre, n’hésitent pas à pointer un doigt accusateur vers l’exécutif qu’il accuse de « donner sur un plateau en or Petroci-Holding à son neveu, Ahmadou Touré ». « Comment, peut-on céder de la mauvaise manière Petroci-Holding à une société (Ndlr : Puma Energy) impliquée dans un désastre environnemental et humain en Côte d’Ivoire ? » S’interroge un observateur, visiblement choqué.
Pour ces derniers en effet, c’est « un scandale au sommet de l’Etat ».En effet, il y a des paliers selon la valeur du marché. Le gré à gré est admis jusqu’à 150 millions FCFA, mais au-delà, c’est un appel d’offre. « Même si la valeur du marché ici n’est pas connue, il s’agirait de milliards FCFA » , précise notre source.
Le président de l’ONG Club Ivoirien Nouveau très amer
Ahmed A. Traoré, Président de l’ONG Club Ivoirien Nouveau (Club I.N) continue de s’interroger sur la passation de marché de gré à gré entre l’État de Côte d’Ivoire et Puma Energy pour la cession de PETROCI. Pour lui, après cette entreprise stratégique Ivoirienne, que restera-t-il aux Ivoiriens en 2020 ?« En 2016, il est simplement inconcevable que l’État de Côte d’Ivoire décide de vendre dans un processus de gré à gré les actifs de la Société nationale d’opérations pétrolières de Côte d’Ivoire (PETROCI). Cette décision est justifiée par les difficultés financières que connaît cette compagnie nationale. Si une telle initiative est une décision classique, mais passive, dans le monde des affaires, les conditions dans lesquelles, cela se passe sont pour le moins brumeuses et scandaleuses », martèle-t-il et de poursuivre : « Les règles de bonne gouvernance et surtout l’esprit des affaires qui auraient dû prévaloir auraient voulu qu’il ait un processus transparent et ouvert. Cela aurait produit plusieurs avantages dont entre autres permettre à des nationaux de racheter cette entreprise, sélectionner la meilleure entreprise ayant un dossier technique et financier approprié, obtenir le meilleur prix à cause de la concurrence dans les offres reçues. Rien de tout cela n’a prévalu ! »
Le président de l’Ong Club I.N s’est donc interrogé : « Nous notons juste que la voie utilisée est celle du gré à gré, dont on avait dit, il y a quelques mois que l’État abandonnerait cette pratique dénoncée par les institutions financières internationales. Mieux, ce qui semble avoir prévalu est le lobbying familial opéré par le neveu du chef de l’État Ahmadou Touré (Source Jeune Afrique). Combien d’entreprises continueront ainsi à être bradées aux membres de la famille du chef de l’État ou de ses proches ? » Et de conclure : « le Président travaille-t-il vraiment à enrichir la Côte d’Ivoire et ses populations ou pour ceux qui ont financé son accession au pouvoir ? En tout état de cause, il ne pourra pas satisfaire ces deux parties. Mais, certains signes semblent montrer qu’il a déjà fait son choix ».
En effet, Petroci-Holding présente un résultat d’exploitation déficitaire, du fait de la chute des cours du pétrole brut, aggravé par les pertes de l’activité de distribution. Avec ce marché de gré à gré, c’est la porte ouverte à la corruption et à la mauvaise gouvernance.
Avec les derniers événements qui ont secoué la Pétroci par le licenciement de 10 conseillers vendredi 8 janvier 2016 et de 40 agents mardi 12 janvier 2016, « pour motif économique », l’on était en droit de s’imaginer que Petroci-Holding allait s’inscrire dans la même dynamique politique que la compagnie pétrolière angolaise Sonangol. Une entreprise publique chargée de l’exploitation (à travers le monde) et de la production de pétrole et de gaz naturel en Angola qui accorde une priorité absolue à l’hygiène, la sécurité et l’environnement. Après plus de 40 années d’existence, Petroci-Holding est à la recherche de ses repères.
Sériba Koné
onjici1@gmail.com
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