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[Canton Péomé] Le Chef Badia Kéi Séa 2 demande la libération des jeunes arrêtés lors des manifestations dans sa localité


Facobly, 13-08-2021 (lepointsur.com) Le Chef Carton Péomé, un regroupement de trente-deux (32) villages et de vingt et un (21) cites habités (des localités à forte densité qui sont administrés par des Chefs, pas encore reconnus par l’administration territoriale) Badia Kéi Séa 2 souhaite la libération des jeunes arrêtés lors des manifestations dans sa localité. Ce dit Canton du département de Facobly dans la région du Guémon, a en effet  été récemment le théâtre de violents manifestations, après le meurtre d’une jeune fille.

A l’ occasion de la commémoration des 61 ans, de l’indépendance de la Côte d’Ivoire à Tiény-Séably, ce guide coutumier a bien voulu se confier à notre journal dans le cadre d’une interview, où il a exprimé le désir manifeste de ses populations.

“ Je voudrais remercier les autorités gouvernementales pour les efforts fournis dans le sens du développement harmonieux de notre pays. Aussi, voudrions-nous leur demander de nous aider en offrant la liberté aux jeunes arrêtés à la faveur des manifestations suscitées par la mort tragique de notre fille. ’’

Chef du Canton Péomé, que représente pour vous la commémoration de l’indépendance de la Côte d’Ivoire et quels impacts ce genre d’activité produit sur les populations ?

La Célébration de la date anniversaire de notre indépendance, chaque année est une grande opportunité d’abord culturelle et sociale. A ces occasions, les cadres et autres travailleurs qui le peuvent descendent dans leurs différents villages et tiennent des rencontres sur le développement. Ce sont aussi des moments de réjouissance, les danses et autres manifestations culturelles permettent aux enfants qui n’ont pas souvent la possibilité de vivre ces moments, de les découvrir avec grande satisfaction. Dommage que ces dernières années, nous sommes contraints à célébrer modérément à cause de la Covid-19. Chez nous, c’est le village de Zê qui devrait recevoir la fête tournante cette année, après la non fête  de l’an dernier à cause du même Coronavirus. C’est la désolation face à cette décision gouvernementale d’interdire les manifestations de masse.

Quels sont les grands défis qui demandent à être relevés par le Chef de Canton Badia Kéi Séa 2 et qui satisfassent ses administrés ?

Notre grand défi, reste et demeure le maintien de la cohésion sociale entre nos populations, dont les allogènes qui vivent avec nous. Ensuite viennent les infrastructures de développement dont l’accès à l’eau potable pour tous nos concitoyens. A ce niveau de la dotation en eau, nous travaillons et sommes convaincus que nous réussirons avec le concours des cadres à offrir l’eau potable à nos parents. Nous avons également le défi de la finition de la résidence de notre sous-préfet, qui est obligé de se trouver une résidence à Man. Ce qui n’est pas du tout normal car, cet état de fait n’est honorable pour nous et ses conséquences dont des retards de signatures sont récurrentes. Il nous faut mettre fin à cela. Nous allons nous organiser et achever le bâtiment que le Conseil régional d’alors avait commencé à réaliser. Le Conseil actuel nous a fait des promesses d’aide. Mais, nous n’allons pas attendre si longtemps, cette bonne foi qui a d’autres contraintes. Nous avons obligation de loger notre sous-préfet, afin de le rendre encore plus efficace au service de nos populations dont certains ont encore des problèmes de documents de naissance.

Au niveau de la cohésion sociale, nous travaillons de sorte à ce que l’entente et la paix règnent  de plus belle. Nous sommes embêtés par la mise aux arrêts de certains de nos jeunes, suite aux manifestations qui ont suivies l’assassinat de la jeune Charlène Guéi.

L’arrestation de ces jeunes, constitue-t-elle un frein à la cohabitation ?

Manifestement ! Toutes fois, nous ne sommes pas du tout focus sur une quelconque position. Nous exprimons la volonté de nos parents qui souhaitent que leurs enfants recouvrent la liberté, à parti du moment où le calme est revenu dans notre cité qui avait été secouée par la disparition tragique de notre défunte Charlène dans la fleur de l’âge. Nos parents sont encore ébranlés par ce fait et aussi par la prison que font leurs progénitures. Et si nous en sommes arrivés là, c’est parce que la jeunesse dans sa quasi-totalité a été excédée par ces tueries tragiques à répétition par certains de nos frères allogènes.

A Kiriao (un village), un jeune autochtone, a été découpé à la machette par un travailleur ressortissant de la sous-région. Ce travailleur  avait été surpris en plein vol de manioc dans le champ du tué. Nous sommes intervenus efficacement pour maintenir le calme. Pendant cette période de précarité dans laquelle étions-nous, un autre venant d’un pays limitrophe a aussi commis un autre crime et nous sommes allés mettre de l’ordre avec beaucoup de difficultés. C’est dans cette atmosphère délétère, qu’est intervenu l’assassinat de Charlène par étouffement. Tous ses faits malheureux dans un temps record. Cela a dû irriter les jeunes et s’en est suivi ces manifestations que nous condamnons. Toutes fois, nous demandons à nos autorités sécuritaires et judiciaires de pardonner à ces jeunes en les libérant.

Considérant leur mise en liberté comme un acte qui boosterait le renforcement des liens entre nos peuples, adressons nous aussi notre requête à nos autorités politiques afin que nos souhaits de libération de ces jeunes, aient une suite plausible. C’est un cri du cœur du Canton Péomé. 

Des actions allant dans le sens du renforcement des capacités de vos collègues chefs de villages et autres actions pour le bien être de vos populations, figurent-elles sur votre calepin ?

Je suis Inspecteur option lettres modernes à la retraite depuis le 1er août 2021. Je dispose désormais de temps matériel à consacrer à mon Canton. Pour ce qui est des chefs de villages, je compte organiser des journées de la chefferie. Ces dites journées donneront l’occasion de tabler sur des modules de traitement des dossiers liés à la gestion des situations de conflits, de sorte à les régler pacifiquement. Nous multiplierons ce genre de panels pour le renforcement des capacités de nos chefs.

Aussi, en notre qualité d’agent de développement rural,  nous avons des projets de promotion de la riziculture en nous appuyant sur les zones cultivables. C’est encore plus rentable, avec les changements climatiques qui nous fatiguent, le riz de bas-fond, pourrait nous aider. La culture du manioc qui a pris d’énormes proportions, mérite d’être encouragée. La commercialisation des dérivés du manioc que sont l’Atiéké et le Placali, offre une certaine indépendance financière à nos femmes du secteur rural, qu’il faut soutenir en faisant recours aux agents d’ANADER, pour l’encadrement de cette frange de nos populations.

La diversification des cultures de rente, avec l’hévéa culture, est une très bonne initiative que nous allons encourager par des conseils, malgré son impact négatif sur les autres cultures. Il faut quand même, chaque mois ou chaque trimestre que les parents puissent avoir un peu d’argent, pour ceux dont les champs sont en production et cela peut les soulager.

Le dernier message de Badia  Kéi Séa 2 pour mettre un terme à cet entretien ?

Je voudrais remercier les autorités gouvernementales pour les efforts fournis dans le sens du développement harmonieux de notre pays. Aussi, voudrions-nous leur demander de nous aider en offrant la liberté aux jeunes arrêtés à la faveur des manifestations suscitées par la mort tragique de notre fille. Je vous vous remercie. 

Interview réalisée par SimpliceTiagbeu, correspondant régional 

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