[Cacaoculture] Voici les solutions pour ne plus essuyer les foutaises des consommateurs occidentaux
Abidjan, 17-03-2023 (lepointsur.com) Hier, c’était le travail des enfants, aujourd’hui, déforestation.
Consommons notre cacao, tout va finir.
Que des sociétés transforment notre cacao en poudre qui va servir à fabriquer des jus en bidons de 33 cl, 50 cl, en pots à yaourt, en sachets à frigolo, en boîtes à yaourt groto… Quand on va commercialiser ces différents produits dans les écoles, les gares, les cars comme on le fait pour les sodas, les jus de gingembre, bissap, baobab, passion, tomi…, les Occidentaux vont venir nous supplier pour qu’on leur vende une partie de notre cacao.
Sinon, cette histoire de cacao destiné à l’exportation a trop duré. Le cacao s’était bien vendu jusque dans les années 1980, puis les prix ont commencé à dégringoler. Les Blancs consommateurs ont décidé d’ajouter du beurre au chocolat, Houphouet Boigny s’y opposait, je ne comprenais rien. Comme si les exportateurs de blé pouvaient nous empêcher d’ajouter du manioc au blé pour la fabrication du pain. Houphouet-Boigny perd cette bataille et celle du relèvement du prix de la tonne de cacao. En effet, en 1989, il revient de Paris, résigné, et dénonce les actes « de margoulins de tout acabit, des irresponsables malheureusement responsables de notre malheur ».
On en était là, puis les cours sont repartis en hausse dans les années 2000. Mais, un matin, les mêmes Blancs se lèvent et menacent de ne plus acheter notre cacao car ils sentent pipi d’enfants ou sueur d’enfants quand ils consomment le chocolat. Laurent Gbagbo envoie sa ministre de la Famille, de la Femme et de l’Enfant aux États-Unis pour leur faire comprendre que les enfants ne peuvent pas faire de cacaoculture. Malgré cette assurance, ils continuaient à proférer leurs menaces quand la Première dame, Dominique Ouattara de l’ONG Children of Africa, est montée au créneau pour rencontrer ces consommateurs et réussir à les persuader qu’elle lutte elle-même contre la maltraitance des enfants et que ce travail a pris fin.
On pensait être sorti de l’auberge quand un matin encore, les mêmes Blancs sont revenus contre notre cacao avec une nouvelle trouvaille : la DÉFORESTATION. Depuis des décennies qu’ils consomment notre cacao, c’est maintenant qu’ils découvrent que le cacao ne se cultive pas dans les cours des villages ou sur du béton le long des routes, mais en brousse. Le cacaoyer n’est-il pas un arbre ? De quelle déforestation parle-t-on quand on enlève des arbres pour mettre des arbres ?
Consommons notre cacao, toutes ces réprimandes et menaces dégradantes vont prendre fin. Solution sine qua non pour ne plus essuyer les foutaises des consommateurs occidentaux.
Par Pascal Kouassi