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LA LETTRE A COLETTE:Que Bruno le sache, s’ils n’étaient que 200 à se plaindre, la nouvelle décision de nos douanes n’aurait pas été annulée


Abidjan 25-04-2016(lepointsur.com)-Alors comment tu vas ma belle ?

       Non nous ne l’insulterons pas, parce qu’il ne nous a pas insultés. Bruno Koné puisque c’est de lui qu’il s’agit, ne sera pas livré à la vindicte populaire.Nous nous contenterons d’un ramassis de ses sorties qualifiées quelques fois de hasardeuses, pour un ministre d’un Etat démocratique.

Que Bruno le sache, s’ils n’étaient que 200 à se plaindre, la nouvelle décision de nos douanes n’aurait pas été annulée#La lettre à Colette

Et comme démocratie rime avec usage soigné des termes utilisés pour créer le contact avec ses concitoyens, chacun analysera selon sa capacité et tirera la conclusion  qui sied.

Nous sommes le mercredi 21 mai 2014, comme tous jours ouvrables, le centre des affaires d’Abidjan grouille de monde. Un fait moins banal attire l’attention vers le sud du Plateau. On accoure et impossible d’avancer, car le palais « royal » n’est pas assez loin.

Aux dernières nouvelles, c’est une dame du nom de Madjara Ouattara qui a tenté de s’immoler au moment ou se tenait le conseil des ministres.  cette fervente militante RDR qui a d’ailleurs battu campagne pour Ouattara a osé franchi le Rubicond après avoir tenté en vain d’entrer en possession de son dû, suite à un contrat de location de voiture avec la présidence sous l’ère Gbagbo.

Le même soir, sans même fouiner les tenants et les aboutissants de ce drame, les propagandistes au service du pouvoir ont donné le son  de cloche. « Une des prostituées déçus des refondateurs a tenté de se tuer cet après midi… »

Trente minute après, la publication qui a fait le tour des forums est supprimée par son auteur. Et le porte- parole du gouvernement ivoirien, face à la presse n’usera pas de gueule de bois pour commenter cette affaire de tentative de suicide : « Il y a dix siècles, il y avait des drames personnels. Dans dix siècles, il y en aura. (…) C’est notre position et nous restons fermes là-dessus »

il ne s’agissait pas de prime à bord de dédouaner politiquement l’affaire, mais de la  considérer selon sa gravité et s’il le fallait, plus tard appeler à éviter l’amalgame.

Et comme le médecin après la mort, le médecin (Bruno) interviendra une semaine après le décès de la dame dans le but d’exprimer son amertume, et d’accompagner la famille de la défunte pour des  funérailles dignes.

Trois mois avant ces événements, 17 février 2014, entrait en vigueur la nouvelle taxe de 3%, sur la communication en Cote d’ivoire. Ces 3%, s’ajoutaient au 18% habituels de taxes sur la valeur ajoutée. Malgré l’annonce fait officiellement au conseil des ministres, l’usager n’a exprimé aucune inquiétude.

D’ailleurs en janvier 2014, lors d’une conférence de presse, le directeur de cabinet du ministre des Postes et Tic, André Apété, avait expliqué que « le secteur des télécommunications ne devrait pas connaître d’augmentation, et mieux,Bruno lui-même répondant à la question d’un journaliste, qui s’étonnait de la hausse à 21% de la taxe, avait été clair, « ces 3%, seront à la charge des entreprises et non du client. » surprise générale.

Dans la seconde moitié de février, la recharge de 200 est passée à 206 frs, celle de 2500 à 2575…. Et comme mercredi ne finit jamais dans calendrier,vu aussi le faite que le porte-parole du gouvernement se prête toujours aux questions de la presse ce jour, le même journaliste,comme assis dans un virage attendra impatiemment le ministre.

Et dès l’ouverture de la série questions/réponses, l’homme de presse reviendra sur sa question : M. le ministre, vous disiez il y’a quelques semaines que les 3% seraient à la charge de l’entreprise et non du client.

Réponse presque lapidaire du beau du président : « …. Mais est ce que ces mêmes entreprises de téléphonie ne vous donnent pas de 100%, ou des 200% plusieurs fois en semaines … ? Et l’on passa à la question suivante sans explication réelle.

Sans nous attarder sur ses autres faits d’armes précédents, le même ministre, minimisera la grogne sociale actuelle à la suite du dernier conseil des ministres. « … les réseaux sociaux, c’est mon secteur d’activité… quand on prend les noms de ceux qui commentent l’actualité ivoirienne, on arrive difficilement à 100 ou 200 personnes (…) le pouvoir d’achat s’est fortement amélioré en Côte d’Ivoire ».

Comme si la société ivoirienne à qui les tenants actuels du pouvoir avaient miroité monts et merveilles,paradis sur terre, fin de la misère, et retour des effets de la pseudo-croissance, qui s’indignait et exprimait son mécontentement se résumait à facebook, twitter…

on peut ne pas avoir de considération pour celui qui a fait de nous ce que nous sommes devenus,on peut oublier le désert que nous avons traversé lorsqu’on est arrivé au cœur de l’eldorado, on peut même ôter de sa capacité de réflexion que nous n’étions rien, avant d’avoir l’abondance.

Cependant, il est méprisant de narguer celui qui subi, il est honteux de ridiculiser la victime. Et c’est dans cette logique qu’au football, lorsqu’on a fini de dribbler tous les joueurs d’une équipe, et qu’on est seul face au but, certaines fantaisies humiliantes pour celui qu’on mène 10-0 sont prohibées pour préserver la dignité de celui qui encaisse.

Au-delà de Bruno, c’est tout le gouvernement qui a parlé, c’est le sommet qui s’est prononcé, puisqu’il n’intervient pas son propre chef. Il intervient au nom de son gouvernement,du premier ministre et du sommet. Pourquoi donc faire porter le chapeau au genou, sachant bien que la tête est là ? Pourquoi faire preuve d’amnésie face à la vérité.

« Si tu as nommé un mal-parleur, c’est nous qui te baptiserons de ce nom » point barre. Tout le reste consiste à chercher des poux sur la tête d’un « coco taillé »

Enfin, qu’est-ce qui pourrait avoir motivé le ministre dans sa déclaration ? Notre manque de cohésion face aux douleurs de l’autre. Nous surfons sur la vague du « à chacun ses problèmes ». Et cela nous fait penser à un village où les gérontocrates ont décidé que chaque année, ils conduiront à l’abattoir tous les jeunes de 25 ans.

Et dans ce village, il y’a deux catégories de jeunes : les premiers vaquent à leur occupations comme si de rien était en attendant d’avoir 24 ans, et 364 jours, pour commencer à manifester.

C’est-à-dire la veille de leur exécution, et d’autres qui pour des miettes reçues de la part de ces vieillards, les soutiennent ignorant qu’ils auront forcement un jour 25 ans, ainsi que la presse proche des gérontocrates.

Tenez quelques exemples, le ciment a augmenté, l’autre s’en fout, il n’est pas entrain de construire une maison. Les écoles privées deviennent de plus en plus chères, pourtant l’Etat peut réguler le secteur, on s’en fout car on n’a pas d’enfants.

Le péage sur l’autoroute n’a pas été étudié correctement, puisqu’il n’ya pas d’autre alternative, ce n’est pas mon problème, j’emprunte jamais l’autoroute du nord.

Même le chewing-gum que vous avez acheté à paris que vous mâchez dans l’avion, à l’aéroport d’Abidjan, il faudra désormais le dédouaner, çà c’est affaire de ceux qui empruntent l’avion.

Le tarif d’abonnement au réseau SODECI est un calvaire pour la population, que vais-je en faire, j’ai mon canari dans la chambre. Le permis de conduire confectionné il y’a moins de un an doit être renouvelé à 10000 frs, çà ne me regarde pas, je n’ai pas de voiture.

La bouteille de gaz butane 12 kilo est passé de 3500 à 5500frs, et alors ! Moi j’utilise fagot, les hôpitaux sont devenus des mouroirs, gérez-çà seuls, le tradi-praticiens de Bramakotè est mon médecin.

Trop d’emplois dans l’informel détruits suite aux passages de Anne Ouloto, réponse : ceux- là même, on devait les chasser depuis là, pour rendre le quartier chic chic.

Plus de wôrô-wôrô entre cocody et Treichville, s’ils veulent, qu’ils les suppriment définitivement, moi je n’emprunte pas ce type de véhicule.

Le processus de recrutement des enseignants à l’université laissé entre les mains des anciens professeurs est très mauvais et ne favorise pas l’émergence des jeunes docteurs, çà c’est ton affaire qui t’a dit d’avoir doctorat.

La facture CIE semble salée pour tous ce mois-ci. Et pourquoi tu m’en parles, la lune nous éclaire la nuit. Et pas plus tard qu’une semaine, nous disions que l’Etat et la MUGEFCI entendent augmenter les mois à venir, la cotisation mensuelles de 7004 frs à 9005frs, les non-concernés ont répondu : « mais on attendait quoi pour augmenter çà depuis là ».

Enfin, les éternels défenseurs. Partisans de toutes les actions gouvernementales. Dépouillés de la capacité de discernement, et ces journalistes partisans dont la réflexion logique a tari au sein de leur psyché.

Quel que soit le décret, l’arrêté, ou la décision, il suffit qu’il émane du gouvernement, ces griots s’en feront le relais, l’amplifieront, dans le but de créer un processus d’ancrage au sein de la population. 

Que Bruno le sache, s’ils n’étaient que 200 à se plaindre, la nouvelle décision de nos douanes n’aurait pas été annulée. D’ailleurs, le directeur de la douane lui-même a reconnu dans son intervention que se sont les réseaux sociaux qui ont contribué à amplifier la « désinformation », ce qui a abouti à son l’annulation en conseil des ministres.

Tant que nous seront dispersés face aux complaintes d’une classe sociale, tant que les maux de l’autre seront banalisés parce que ne nous atteignant directement, enfin tant que l’atmosphère sera embaumée par les défenseurs chevronnés à la solde des courants politiques naissant,  Bruno sera toujours  conforté dans sa position.

Les 200 dont ils parlent, même si nous n’avons pas l’honneur d’en faire partie, ce sont ceux qui se dépouillent de leur militantisme, de la peur et de l’amnésie, et regardant le capitaine droit dans les yeux pour lui dire : Ouattara le bateau tangue et nous voguons à contre courant, et de réelles mesures pour le stabiliser s’imposent. 

 

 

 

 

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