Contribution

BRAVO SOTRA !


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Tôt le matin, longue attente

Motion de soutien à M. Méité Boiké, DG de la nouvelle SOTRA. Nouvelle ! On est passé de 90 bus en 2011,  à environ 450 en 2014,  en route pour 1000 bus en 2016.  Le plan : « Contrat Sotra 2016 » qui vise à redresser et développer la  Société des Transports Abidjanais jusqu’en 2016, est en passe d’être une réussite. De tout cœur, je l’espère.

D’aucuns diront que des œufs ont été cassés pour  l’omelette. Beaucoup du personnelde la SOTRA , du jour au lendemain, ont subitement accru la regrettable liste de chômeurs. Un sacrifice nécessaire pour redresser un des derniers bijoux encore non privatiséde l’Etat de Côte d’ Ivoire…

2014, amorce du développement qualitatif.

Ce sera certes, une phase aussi sensible que les autres. Forger le squelette même de cette nouvelle compagnie. Inculquer une méthodologie saine de travail, de la rigueur, ponctualité et discipline. Tous ces changements de concert avec l’acquisition de nouveaux bus qu’ils soient d’Inde ou de France. Eléphantesque de Mumbay ou deuxième-main de Paris, pourvu seulement que ça tienne les routes d’Abidjan.

…Pourvu qu’on puisse reprendre sa place après la colline quand le bus n’arrive pas à la gravir ;que la fenêtre soit aussi accessible que la porte lors de la course aux places. Pas de fenêtre, chaleur on n’en peut plus, pas de problème… Pourvu qu’on arrive pour 200 FCFA seulement à notre destination.

Merci SOTRA !

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FRCI matraque à la main, à l’entrée du bus

Aussi, au terminus d’Abobo – Sogefiha. Bien que l’attente semble être fonction de la longueur du rang, il n’y a plus, enfin, moins de lutte pour emprunter l’autobus. Les rangs sont longs, interminables, et serpentent le quai. Dans ce désordre ordonné chacun sait où il va. Ici, on ne réserve plus les places d’attente avec des pierres… Qu’il s’agisse d’achat de cartes de bus ou tout simplement de prendre l’autobus, Il faut être présent dès 4h du matin sur les lieux pour voir les premiers bus arriver aux environs de 6h ou les guichets de vente s’ouvrir après 8h. Ces bus, on les empruntera, tout ce qu’il faut, un peu de lutte et un peu plus de patience. Mais, me semble-t-il, les choses sont en train de changer : ici-bas, on ne se bagarre plus les matins ou même le long de la journée à la SOTRA. Plus besoin de bagarre,ou de course pour emprunter le bus et avoir peut être une place assise. En général, les bus offrent une trentaine de placesassises  et par conséquent, ellesseront occupées par ordre d’arrivée. Ah oui, elle est à féliciter cette SOTRA là : bravo SOTRA !

Bravo… il est bientôt sept heures et une certaine clameur s’élève. Les rangs se resserrent tel un long serpent avançant,de loin on a l’impression que la proie arrive… le bus tout à coup surgit.  Les élèves qui attendent depuis pourront enfin se rendre à leurs établissements scolaires respectifs. Au quai d’Abobo, ce matin-là ; ils sont les plus nombreux. Ils y sont d’ailleurs tous les jours. Mais à Abobo il n’y a pas assez de bus. Fortement irréguliers, ici on a pensé à faire deux (2) rangs : un pour les élèves et l’autre pour les personnes plus âgées, femmes enceintes, handicapés…  Peut-être cette mesure découle du fait qu’ils n’arrivaient pas se battre contre tous ces jeunes pour accéder aux bus, n’étant plus aussi valides, avec l’âge pour certains, on perd la virilité et force d’antan. Alors la SOTRA a « aménagé »…  et les Forces Républicaines de Côte d’Ivoiresontdésormaisprésentes…

Il est bientôt sept heures et un bus est parti. Un autre gare à son quai, le numéro 49, reliant la commune de Cocody à celle d’Abobo. Cocody, Université Felix-Houphouët-Boigny ! On comprend alors pourquoi ce rang ci est aussi long. Les dirigeants de demain vont à l’école. Ils doivent tous faire comme leur président, aller loin dans les études pour espérer briguer de belles carrières, s’assurer un avenir radieux… mais la préoccupation du moment c’est ce 49 qu’on a tant attendu… on ne peut plus lutter car les FRCI sont là, chicotte, fouets et matraque à la main. Tout pour maintenir l’ordre. Des FRCI en civil l’air quelque peu en état d’ébriété,  des yeux rouges au regard absent, une cigarette qui ne quitte jamais leurs lèvres. « Moussa faut prendre gbamé là *» clame un d’eux encore essoufflé. «  Drissa viens tout ‘chite‘on va mettre ça propre propre *»… Ils accourent. Le bus 15 a été rendu « propre » et s’en est allé. Ils ont usé de la force,tapéçà et là pour s’assurer qu’il n’y est aucune bousculade. Mais bousculade, ma foi, ça n’a point manqué. Beaucoup de zèle. Certains n’ont pu prendre le bus, ils ont été matraqués injustement, juste par ce qu’ils essayaient d’aller à l’école. Qui me dira que c’est nécessaire ? Est-ce parce qu’avant ces FRCI, le peude bus octroyé à Abobo, toujours en retard d’ailleurs, était quotidiennement harcelé par une horde d’élèves, étudiants bref tout le monde ? Ainsi, dans le plan de redressement de la SOTRA, quel est ce chapitre qui évoque la matraque ?

Le chef de gare donne des consignes à l’oreille de Moussa, sûr de lui, fier d’être de ceux-là qui rendentles bus de la SOTRA « propre propre ». Au nom de quoi ces élèves,usagers et clients de la SOTRA devront être matraqué? Nos dirigeants de demain ? Ah chère SOTRA… Mais là où le bâtblesse,figurez-vous que ces mêmes FRCI qui donnent littéralement un coup de main à la SOTRA sont eux qui occupent illégalement les cités universitaires, des résidents parasites. La vie dans sa providence est paradoxale ! La cité universitaire d’Abobo, éclatée en plusieurs bâtiments de quatre étages repartie autour de la gare SOTRA d’Abobo. Heureux hasard pour les dirigeants de ladite compagnie qui ne sont pas allés chercher loin, de l’autre côté de la rue du terminus, un renfort pour la sécurité. Des FRCI qui abusent des locaux à priori destinés à ces étudiants qu’ils prennent un plaisir malsain à tabasser. Des FRCI qui violeraient les jeunes filles qui s’aventurent à passer la nuit tombée près de leur nouvelle caserne au dire de la population. Sans impunité ! Des FRCI qui passeraient leur temps au racket. Les « gbèlèdromes *» sont leurs lieux de prédilections. Toujours ivres, des tenues qui laissent à désirer. Des FRCI qui n’ont aucun ordre à recevoir du grand Chef d’Etat-major, le GénéralSoumaïla Bakayoko, encore moins de leur ministre de tutelle M.  Paul Koffi Koffi. Ici, c’est Abobo, bastion de la re… nomméeFRCI. Ici, ce sont eux qui font la loi, ils sont la loi, ils ont la loi avec eux et dans le creux de leur main. 2015 est une année d’élection, ils ne partiront donc pas des cités universitaires et vont vite de clamer tous d’être le tremplin  présidentiel. Alors la SOTRA a peut être vu juste en leur faisant appel  pour rétablir l’ordre. Eux qui ont si bien crée le désordre dans les cités universitaires. Le monde à l’endroit…Bravo SOTRA !

*Moussa faut prendre gbamé là : Moussa occupe-toi de ce bus

*Drissa viens tout ‘chite ‘on va mettre ça propre propre : Drissa viens tout de suite afin qu’on s’y occupe

*gbèlèdromes : bistro de fortune où est servi des boissons alcoolisées traditionnelles

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