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Billet d’humeur n°23 d’André Silver Konan/ “Faire une tournée en province avec la coupe d’Afrique ne contribuera pas inéluctablement à la réconciliation”


UNEASKJe vais vous surprendre. A mon avis, faire une tournée en province, avec la coupe d’Afrique, tel que suggéré par certaines personnes; ne contribuera pas inéluctablement à la réconciliation nationale en Côte d’Ivoire.

Ne soyons pas dupes, encore moins naïfs. La ferveur patriotiotique, l’élan consensuel et le rassemblement politique autour de la victoire des Eléphants ce dimanche glorieux du 8 février et jours suivants, participent de l’unité nationale, pas à la réconciliation nationale. Il y a nuance.

La réconciliation nationale ne viendra pas après une coupe fut-elle continentale. Ma conviction la plus profonde, telle que je l’affirme depuis la fin de la maudite crise postélectorale, est que la réconciliation doit être précédée par la justice. Une justice équitable, sans complexe, ni parti pris. Tant que le bourreau quelque soit son camp, ne sera pas confondu par des faits incontestables et incontestés, suite à une enquête minutieuse et non approximative; celui-ci sera toujours dans le sempiternel déni du criminel psychopathe, et les victimes innocentes elles, demeureront dans la haine viscérale.

Le pardon, qui précède inconditionnellement la réconciliation, à mon avis, est assujeti à la vérité, or la vérité est établie par la justice. Je n’appelle pas à des condamnations impératives quoiqu’il faut bien que des gens payent pour ces 3 000 morts qu’on aurait pu épargner aux vivants, mais j’appelle à la vérité pour disposer les coeurs des victimes directs et indirects, au pardon, ainsi que les bourreaux et leurs commanditaires à demander sans hypocrisie, pardon.

Je résume donc: parcourons les rues de Bouaké, sillonnons les villages de Duékoué, allons dans les campements de Grabo, avec la coupe d’Afrique, nous apporterons le temps d’une tournée, de la joie aux Ivoiriens, à ce brave peuple épris de tranquilité, mais ne rêvons pas pour autant, cela ne changera rien aux sentiments haineux que les uns nourrissent envers les autres depuis septembre 2002 et que les moments d’unité nationale (qui n’ont certes pas manqué depuis lors), n’ont pas réussi à annihiler. Ceci est mon avis, et il est forcément subjectif.

André Silver Konan

Journaliste-écrivain

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