Bernard Doza, journaliste écrivain tout feu tout flamme : « On ne demande pas à Gbagbo de faire meeting au téléphone depuis la Haye »
– L’élection de 2015 sera un référendum populaire’
Le journaliste écrivain ivoirien, Bernard Doza revient encore plus fort sur la crise au FPI et la vie politique ivoirienne en jetant un regard sur le départ du pouvoir de Blaise Compaoré. Entretien.
Il y a quelques mois, dans une interview vous avez surpris plus d’un Ivoirien et d’un observateur de la vie politique ivoirienne, en affirmant que Laurent Gbagbo peut gagner la prochaine présidentielle, en étant à la tête du Fpi en Côte d’Ivoire, tout en étant détenu à la Haye.
Bernard Doza : En effet, le 01 septembre 2014, dans le Monde d’Abidjan, j’avais proposé, l’idée de la candidature de mon ami Laurent Gbagbo, à la présidence du FPI. Ceci, pour en faire le candidat du parti à la présidentielle de 2014 contre Alassane Ouattara. Dans la volonté, de déjouer le plan de la France qui cherche, par tous les moyens politiques, à abattre la gauche de Côte-d’Ivoire, (au profit du tribalisme qui chevauche le RHDP) en divisant le FPI depuis 2011.
Aujourd’hui, votre idée semble avoir été comprise, par une bonne partie des militants de ce parti, si bien que Gbagbo estcandidat à la présidence du FPI au prochain congrès. Votre réaction ?
Bernard Doza : C’est la récompense du combat idéologique, contre les partisans de la France, qui ont voulu instrumentaliser le président Affi N’guessan Contre Gbagbo. Je vois, Simone et Laurent, enfermés, dans les goulags du nord et de la CPI, réagir, pour adhérer à l’appel des fédérations qui ont proposé la candidature Gbagbo, au congrès du FPI en décembre 2014, c’est une bonne nouvelle. Car, si Laurent Gbagbo doit être en prison, il faut qu’il soit le président incontournable du FPI, pour être au centre de toutes les négociations pour le retour de la paix en Côte-d’Ivoire, comme Nelson Mandela l’était, pour l’ANC en Afrique du Sud.
Il y a pourtant des militants qui sont contre la candidature de Laurent Gbagbo à la présidence du FPI. Pour eux, cela signifierait qu’il reconnait sa défaite à la dernière élection.
Bernard Doza : Donc, nous allons au référendum populaire, dans ce face à face : Laurent Gbagbo contre Alassane Ouattara, en octobre 2015. Parce que, aucune juridiction internationale crédible, ne peut maintenir un homme en prison, alors qu’il est accusé d’avoir massacré son peuple, si ce même peuple, qui marche à Paris depuis 2011, le plébiscitede nouveau, dans les urnes, comme son président de la République.
Par ailleurs, ils soutiennent que toutes les communications à la Haye sont sur écoute, il serait donc difficile pour Gbagbo de donner des consignes aux militants.
Bernard Doza : On ne demande pas à Laurent Gbagbo, de faire des meetings au téléphone, depuis la Haye, ni encore moins de lancer des appels au soulèvement, où voire, diriger sa campagne. Je crois savoir, dans sa lettre de candidature, qu’il vient de nommer, le ministre AssoaAdou, comme son représentant sur le terrain politique ivoirien, pour gérer les militants et les sympathisants, lors de sa campagne aux congrès et aux présidentielles, en son nom.
Question. Ils parlent même,de la non libération de Gbagbo, car la CPI leconsidérantcomme un obstacle à la paix en côte d’ivoire ?
Bernard Doza : Alors, nous y voilà. Qui a donc peur de Laurent Gbagbo, pour qu’il soit un obstacle à la paix intérieure de Côte-d’Ivoire? La France ? Alassane Ouattara ? En tout cas, Ce n’est pas la CPI qui libère Laurent Gbagbo, en cas de victoire aux présidentielles contre Alassane Ouattara en 2O15. Gbagbo sort de prison, sur la volonté du peuple ivoirien qui l’aura plébiscité, car aucun ivoirien sérieux (que ce soit au FPI, au PDCI et même au RDR) n’est d’accord que Gbagbo soit en prison à la CPI pour une affaire d’élection en Côte-d’Ivoire. Et dans cette affaire, la CPI,qui navigue sur le droit des peuples, pour devenir« le nettoyeur de l’Occident » contre les nationalistes africains, joue sa crédibilité. Car, elle s’affirmera officiellement comme un tribunal colonial aux ordres de la France, si elle empêche, Laurent Gbagbo enfermé, d’être candidat, pour être élu, comme président de la république, par la Côte-d’Ivoire du peuple. Allons donc, jusqu’au bout de la loi, telle qu’écrite par les Européens eux –mêmes. Car la CPI, sera responsable de la future Côte-d’Ivoire ingouvernable, à cause du chaos qui va
Que conseillez-vous à Affi N’guessan alors ? Le retrait de sa candidature ? Son départ du FPI ?
Bernard Doza : Affi est un grand cadre du FPI. Il doit éviter sa candidature, surtout contre Laurent Gbagbo, parce qu’il va perdre. Et je propose son retrait immédiat, car je ne veux pas qu’il perde aussi la face, sur les conseils des pro-Ouattara et du RHDP qui l’ont grandement soutenu (à travers la presse de droite) pour liquider la gauche dans notre pays. Donc, je ne souhaite pas qu’il quitte le FPI, pour ne pas faire le jeu de la France. Mamadou Coulibaly est parti, sur les conseils de Jean Marc Simon(L’Ambassadeur de France) qui pensait ainsi, casser le FPI en deux, avec le départ de la moitié des militants. Aujourd’hui, Mamadou Coulibaly a perdu la chance, d’être un jour président. Parce que, contre la droite réunifiée dans le RHDP, c’est le FPI SEUL, qui fera devenir un jour, Affi N’Guessan, Président la république de Côte-d’Ivoire. Pour l’instant, qu’il nous laisse sortir Gbagbo de la prison coloniale, et nous verrons…
Le pouvoir affirme à travers ses journaux, que l’idée de la candidature de Gbagbo, est montée de toutes pièces, par Mme Nady Bamba ?
Il faut qu’Alassane Ouattara et ses journaux cessent d’accuser les gens systématiquement, en fonction de ce qu’ils croient. La pauvre Nady Bamba, n’y est pour rien, car je ne l’ai jamais rencontrée. Elle ne tire aucune ficelle , pour la candidature de mon ami Laurent, au congrès du FPi. C’est moi qui(le 01 septembre 2014 dans la presse), a lancé l’idée de la candidature Gbagbo, aux présidentielles contre le tyran du Nord. Et ensuite les fédérations FPI, l’ont récupérée dans « l’appel de Mama. »
Mais, certains disent que Simone Gbagbo ne soutenait pas la candidature de Laurent Gbagbo ?
C’est archi-faux. Des gens aux esprits tordus et étriqués ont voulu exploiter le faire-part de Sangaré Aboudramanedu décès de la mère de mon ami et frère Laurent Gbagbo, Maman Gado Marguerite, à des fins machiavéliques. Mais, Simone a vite compris et elle a su déjouer ce piège. N’ayant plus d’argument, ils se rabattent sur des accusations fallacieuses et fantaisistes.
Quelle est la position du pouvoir français ?
Bernard Doza : La position de l’Elysée est claire. On reproche, surtout à Laurent Gbagbo d’avoir voulu créé, une nouvelle monnaie de Côte-d’Ivoire, pour sortir du CFA. Alors la France ne fera rien pour intervenir dans le jugement de Laurent Gbagbo, organisé par la CPI. Une position contraire, serait, contre l’installation d’Alassane Ouattara au pouvoir à Abidjan, donc c’est le statut quo.
La position de François Hollande vis-à-vis de Laurent Gbagbo a-t-elle changé, lui le camarade socialiste français qui trouvait pourtant ce dernier infréquentable ?
Bernard Doza : La position de François Hollande reste celle des intérêts français. Même de gauche, Hollande ne peut combattre la décision politique qui destitue un président africain, soupçonné de comportement antifrançais, surtout en Côte-d’Ivoire, qui est la carte postale des intérêts français en Afrique noire.
Quelle est votre réaction par rapport à la chute de Compaoré au Burkina Faso ?
Bernard Doza : La chute de Blaise Compaoré, doit montrer aux chefs d’états africains, qui ont la caution de l’état français (dans la prise du pouvoir), que la France n’a pas d’amis. Elle compose avec celui qui crée, le rapport de force sur le terrain. Blaise Compaoré, qui avait la caution totale de la France et de la Côte-d’Ivoire de Félix Houphouët, pour organiser l’assassinat de Thomas Sankara, s’était vu confier le leadership de l’Afrique de l’Ouest par la françafrique, après la mort du bélier de Yamoussoukro, en décembre 1993. Avec les armes de Jonas Savimbi, (un grand protégé de Félix Houphouët), il a frappé la Sierra Leone puis le Libéria. Mais, c’est le coup, du soutien à la rébellion contre la Côte-d’Ivoire, qui l’a perdu…Car, tactiquement, il a eu affaire à plus fort que lui, dans le bras de fer qui l’a opposé à Laurent Gbagbo.
Avez-vous des remords pour l’avoir coaché il y a quelques années ? Quel avenir pour le Burkina sans lui ?
Bernard Doza : Vous savez, dans le pouvoir, il n’ya pas d’état d’âme. Il fallait, que je sois avec Blaise Compaoré en juillet 1988, pour que nous combattions dans l’opposition politique, le puissant Félix Houphouët-Boigny en Côte-d’Ivoire. Un jour, j’écrirais mes mémoires, en entrant dans les détails sur mon métier de conseiller, pour la future génération politique. L’avenir sociopolitique du Burkina, serait dans une fédération avec la Côte-d’Ivoire ; tellement les rapports entre les deux pays sont devenus passionnels.
Quelle leçon les autres pays africains peuvent-ils tirer de l’expérience burkinabé ?
Bernard Doza : Les 14 pays africains francophone, qui sont les néo-colonies de la France depuis 1960, doivent s’attendre à la volonté de la France, qui depuis 1990, change les chefs d’état africains (avec la démocratie africaine inventée à la Baule), comme elle change une paire de chaussure à son pied.
La France a-t-elle la main derrière tout cela ?
Bernard Doza : Oui. Sinon, elle n’aurait pas exfiltré, Blaise Compaoré du Burkina Faso vers laCôte-d’Ivoire, comme l’a, clairement affirmé, François Hollande sur RFI. Blaise Compaoré était l’homme de la France, qui pour avoir assassiné Thomas Sankara, s’était crût assez fort (dans les arcanes de la Françafrique à Paris), comme Paul Biya, pour s’éterniser et mourir au pouvoir, en refusant même les conseils de l’Elysée, qui lui a proposé le poste de l’OIF, à la place d’Abdou Diouf, qu’il a refusé. Blaise Compaoré, qui a aujourd’hui, un cancer du cerveau, voulait à tout prix mourir au pouvoir, pour éviter le procès de l’assassinat de Thomas Sankara. Mais la dimension populaire, brutale à Ouagadougou, à été une aubaine pour la France, qui lui a offert, l’évacuation politique, désormais sans garantie contre tous les procès…
Le retour de Sarkozy à la tête de l’UMP est-il une menace pour les Ivoiriens en général et le FPI en particulier ?
Bernard Doza : Le retour de Nicolas Sarkozy à la tête de son parti UMP, comme président (et qui ira en compétition, pour les futures présidentielles en France), est un grand échec cuisant, pour les africains de la diaspora. Parce qu’ils ont eu tort de penser, que le peuple français avaitréellement compris avec eux, le danger que représentait Nicolas Sarkozy, pour avoir bombardé la Côte-d’Ivoire de Gbagbo et la Libye de Kadhafi. Ils n’ont pas encore compris, que les élections en France et le vote français, sont une carte blanche offert aux dirigeants de tous bords politiques, qui ont le droit de l’utiliser partout dans le monde, au nom des intérêts supérieurs de la France. Des dirigeants, qui ne pourront craindre pour cela, la réaction des tribunaux français. Voilà pourquoi, Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy qui sont les donneurs d’ordre, donc les auteurs des crimes contre le peuple ivoirien, commis à Abidjan en 2004 et 2011, ne seront jamais jugés. Mais plus grave, Nicolas considéré comme un « grand président » par la droite parlementaire, pourra même rempiler en 2017 et redevenir « président de la république » de la France. Donc, ce n’est pas le retour de Sarkozy qui est une menace pour les ivoiriens et le FPI, mais Ce sont les hommes du pouvoir, mandaté par le peuple français, au nom des intérêts économiques contre les peuples africains et ivoiriens.
La situation en côte d’ivoire devient intenable. La pauvreté gagne du terrain, les emprisonnements continuent. Les acteurs sociaux manifestent dans la rue parfois. Pourtant, le gouvernement parle de croissance à deux chiffres avec des infrastructures. Votre avis ?
Bernard Doza : Alassane Ouattara est un agent colonial, dont le rôle est de ponctionner sur la misère du peuple ivoirien pour le compte des haussiers de la grande finance internationale qui sont le FMI et la Banque Mondiale. Le discours sur la croissance, est destiné aux indicateurs des banquiers, qui gèrent la soi-disant dette ivoirienne, dette, qui en réalité profite localement, au pouvoir politique et à la bourgeoisie du RHDP, quand l’autre partie de la fameuse croissance s’envole vers Paris et Washington. Aujourd’hui, il est toujours question des fameux 50% des ivoiriens qui vivent sous le seuil de la pauvreté, alors que la Côte-d’Ivoire, premier producteur mondial du CACAO, devient progressivement un pays pétrolier ? Les arrestations des opposants, mis tous sous le compte des pro-Gbagbo, est une stratégie, pour nier l’opposition du peuple ivoirien (toute tendance confondue), à la gestion catastrophique de l’autoproclamé, Alassane Ouattara.
Que pensez-vous des actions récentes des ex-combattants en Côte d’ivoire ?
Bernard Doza : Alassane Ouattara, avait promis dans l’euphorie de la prochaine victoire contre le régime de Laurent Gbagbo, 5 millions de Francs Cfa chacun, à de jeunes désœuvrés, hissés au rang de mercenaire d’une cause barbare. Or, le mercenaire, il faut le payer. Dès le 11 avril 2011, Ouattara leur a dit : Envahissez, les maisons des pro-Gbagbo et des ivoiriens nantis et payez-vous, au nom de la guerre. Beaucoup ce sont payer en biens d’autrui et en nature. Mais il en restait, une poignée d’irréductibles qui n’a pas renoncée aux 5 MILLIONS. Je vois-là, des mercenaires face à un contrebandier, qui prépare le lit de la révolution nationale.
Source : Cellule communication de Bernard Doza
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