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Bangui/ Des soldats français accusés de viols


Des soldats français de l'opération Sangaris en décembre 2013 à Bangui. (Photo Miguel Medina. AFP)

Des soldats français de l’opération Sangaris en décembre 2013 à Bangui. (Photo Miguel Medina. AFP)

Abidjan, le 30-4-15 (lepointsur.com)-Un rapport de l’ONU avance que des hommes de «Sangaris» auraient abusé d’enfants. Une enquête a été ouverte.

Un rapport des Nations unies, relayé par le quotidien britannique The Guardian, accuse des troupes internationales, et particulièrement les soldats français de l’opération «Sangaris», d’avoir commis des viols en 2014 sur de jeunes garçons en Centrafrique. La capitale, Bangui, était alors soumise à de terribles combats entre les miliciens chrétiens anti-balaka et les musulmans de la Séléka. Des milliers de civils avaient alors fui les quartiers de Bangui pour trouver refuge dans les environs de l’aéroport de M’Poko. C’est dans ce camp de réfugiés que les viols auraient été commis «courant juin 2014»,selon une source jointe mercredi à Bangui. Le texte du rapport, révélé mercredi par The Guardian, avance que des soldats de Sangaris auraient abusé de jeunes enfants des rues, dont l’un n’aurait pas 9 ans.

«Violences». Toujours selon le quotidien britannique, un cadre suédois de l’ONU, Anders Kompass, a été suspendu la semaine dernière par l’organisation internationale pour avoir transmis aux autorités françaises un rapport interne portant le cachet «confidentiel» sur ces abus sexuels supposés commis par des soldats français déployés. Anders Kompass, directeur des opérations de terrain au Haut Commissariat de l’ONU pour les droits de l’homme, est en outre accusé d’avoir fait «fuiter» ce document et d’avoir court-circuité de fait sa hiérarchie.

Selon les témoignages recueillis, de jeunes garçons ont accusé des soldats français de les avoir violés et d’avoir abusé d’eux «en échange de nourriture» ou d’argent. Les faits auraient eu lieu avant et après la mise en place de la Minusca, la mission des Nations unies dans le pays.

Le rapport avait été commandé par le bureau du haut commissaire de l’ONU pour les droits de l’homme, à la suite de rumeurs d’abus dans le camp de M’Poko. Jointe mercredi par Libération, une source locale de l’Unicef tenait«à recontextualiser les faits» publiés par The Guardian : «Il s’agit certainement de la période de juin 2014. Une période extrêmement chaotique, marquée par une grande violence, notamment contre les enfants.» Une autre source humanitaire également jointe mercredi se souvient de cette période : «On se trouve avec des milliers d’enfants enrôlés dans diverses factions. La tâche est de les extraire du conflit mais aussi de les mettre en garde contre d’autres violences dont ils pourraient être les victimes, y compris au contact des forces armées» chargées de la pacification.

Rallonge. «Les enfants ont dû être entendus notamment par l’Unicef, dont la mission est de les protéger et ensuite de les reconstruire après de tels abus», explique une autre source, qui ne «se montre pas surprise» par les révélations du quotidien. Devant la gravité des faits, un rapport a été transmis à l’ONU. «C’est [elle] qui devait décider de poursuivre et de sanctionner. La question est de savoir pourquoi ce dossier a été planté»,s’interroge cette source. Et de conclure : «On ne peut écarter deux hypothèses : soit le dossier a été abandonné par incompétence, soit il a été mis sous la pile par mauvaise volonté. Hélas, ça arrive…»

Cette affaire met gravement en cause les forces armées, le jour même où François Hollande tranchait en faveur d’une rallonge de 3,8 milliards d’euros supplémentaires alloués sur la période 2016-2019 au budget de la Défense. L’enquête a été confiée au bureau des services de contrôle interne des Nations unies. Cela va en tout cas compliquer la mission Sangaris, qui compte toujours 1 000 hommes stationnés sur la zone.

Jean-Louis LE TOUZET de Libération Monde

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