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Assoa Adou (FPI): «La Côte d’Ivoire a un problème de paix»


Dans quelques jours les magistrats de la CPI doivent se réunir pour statuer sur le sort de Laurent Gbagbo et décider s’ils lui accordent ou non la liberté conditionnelle. Pendant ce temps en Côte d’Ivoire, son parti le FPI se remet de la mort début novembre d’un autre de ses fondateurs, Aboudramane Sangaré. Certains observateurs décèlent même des rivalités internes dangereuses pour l’avenir de ce parti déjà déchiré. Comment se porte le FPI ? Quelle est sa stratégie ? Que fera Laurent Gbagbo s’il devait rentrer au pays à la faveur d’un possible acquittement à La Haye ? Le secrétaire général du FPI Assoa Adou répond aux questions de RFI.

RFI : On attend toujours la décision de la Cour pénale internationale concernant la remise en liberté provisoire de Laurent Gbagbo. Vous êtes toujours confiant ?

Assoa Adou : Plus que jamais confiant. Parce que, vous voyez, c’est quelqu’un qui est accusé des crimes les plus abominables de la terre – comme je dis toujours de « tous les pêchers d’Israël » – on avoie, contre lui, 82 témoins en charge, on envoie, contre lui, des images montées de toutes pièces et à la fin de l’audition de ces 82 témoins, les juges eux-mêmes ont jugé que ce n’était plus la peine que les avocats de monsieur Laurent Gbagbo présentent des témoins. Ce qu’ils ont entendu est suffisant. Donc ils demandent à ses avocats de demander tout simplement, un non-lieu. Donc nous ne pouvons qu’être dans une position de satisfaction d’attente de son retour. Toute autre décision contraire, je dirais à ce moment-là que c’est du domaine purement politique. Ce n’est plus de la justice.

Beaucoup d’observateurs de la vie politique ivoirienne décrivent maintenant un FPI à trois têtes. Laurent Gbagbo et vous, Simon Gbagbo et Pascal Affi N’Guessan. Qu’est-ce que vous leur répondez ? Comment se porte le FPI aujourd’hui ?

Nous ne pouvons pas empêcher les gens de spéculer. C’est de la pure spéculation. Mais la réalité est faite, c’est qu’il n’y a qu’un seul FPI. Le FPI qui a été dirigé par Aboudramane Sangaré. Je ne suis que le secrétaire général. Ce qu’ils oublient, c’est que le congrès de Mama, en son temps, et le congrès de Moossou, l’année dernière, a porté à la tête du parti monsieur Laurent Gbagbo. Et dans les textes du Front populaire ivoirien, le président est élu et le président nomme ses collaborateurs. Ce qu’il a fait. Donc, le parti fonctionne conformément aux textes du parti, après la disparition de Sangaré.

Il n’y a pas de divisions qui se sont aiguisées après la mort d’Aboudramane Sangaré ?

Non. Pas plus tard que samedi, nous avons fait un secrétariat général présidé par madame Gbagbo, deuxième vice-présidente du parti.

Est-ce que le FPI est prêt à aller à des discussions en vue de la réforme de la CEI proposée par le président Ouattara ?

Nous sommes prêts à aller à toute discussion. Nous le disons, la Côte d’Ivoire a un problème de paix. Le pays a besoin de sérénité. Et c’est cette sérénité-là que nous cherchons. C’est cette sérénité que le président Laurent Gbagbo nous demande de chercher. On a vécu ensemble, ici, sans savoir que celui-ci est du Nord, celui-ci est du Sud… Depuis sept, huit ans, ce poison, ce virus mortel que le RDR qualifie de rattrapage, a mis les Ivoiriens les uns contre les autres. Il faut aplanir cela. Il faut que, si je rencontre un militant du PDCI, un militant du RDR, nous puissions causer, rire, et aller en paix à une compétition. Donc la CEI, c’est important, mais la paix en Côte d’Ivoire est l’élément le plus important. C’est ce que nous cherchons.

Henri Konan Bédié, récemment, dans une interview, expliquait avoir eu l’accord de Laurent Gbagbo pour parler avec le FPI d’une éventuelle plateforme de l’opposition en vue de 2020. Quelle est la position du FPI ?

Le FPI, sur recommandation du président Laurent Gbagbo, nous devons discuter avec tous les partis politiques, sans exception. Le PDCI, certainement ses cadres qui veulent aussi peut-être la paix, ont contacté des militants FPI. Mais il n’y a aucun accord entre le président Laurent Gbagbo et le président Bédié.

Mais est-ce qu’il est envisageable une alliance ou une plateforme dans laquelle on trouverait notamment le PDCI et le FPI ?

Aujourd’hui, notre ligne est que tous les partis politiques – PDCI, FPI, RDR et les autres – tout le monde se mobilise pour que la paix qui n’a pas été faite, soit faite. C’est cela que nous cherchons. Le reste vient après. Il ne faut pas soigner une plaie sans l’avoir nettoyée. Mettre du sparadrap dessus, quel est le résultat que vous allez avoir ? C’est ce que l’on voit au Plateau, c’est ce que l’on voit à Bassam, c’est ce que l’on voit à Port-Bouët. C’est ce que l’on a eu à Bokoba pour les élections municipales. On finit avec des morts. Il faut en finir avec cela. L’objectif, c’est la paix, pour préparer des élections qui viendront plus tard, dans des conditions de sérénité.

C’est-à-dire que les conditions actuelles ne permettent pas de tenir une élection présidentielle en 2020 ?

D’après les informations que nous avons reçues, à Bassam les élections se déroulent. Et dans les bureaux de vote où le candidat qui est opposé à celui que le pouvoir veut, ce candidat dans ce bureau de vote, nous sommes sûrs qu’il va gagner. Un commando avec des gens cagoulés et armés atterrit, prend les urnes, disparaît. Si par hasard, ceux qui étaient là avaient résisté, il serait allé les abattre.

Donc 2020 c’est trop tôt pour résumer ?

Pour 2020, les Ivoiriens doivent, dès maintenant, construire la paix dans leur pays.

Que devra faire Laurent Gbagbo s’il rentre dans les semaines ou les mois qui viennent ?

Ce qu’il pense faire c’est ce qu’il nous a dit de faire. Faire que l’Ivoirien n’ait pas peur de l’autre. Faire que les Ivoiriens ne se regardent pas en chiens de faïence. Sinon, on ne peut pas construire ce pays ! Nous avons besoin de toutes les intelligences, de toutes les ethnies.

Mais est-ce qu’il est candidat aux prochaines élections pour mener un programme ?

Pour nous, ce n’est pas à l’ordre du jour. Ce n’est pas notre priorité actuellement. Une candidature, même de qui que ce soit au FPI, n’est pas à l’ordre du jour actuellement. Il faut que les partis politiques, les associations, le gouvernement, reconnaissent. Ce n’est pas difficile de reconnaître. Nous avons essayé et nous n’avons pas réussi. Asseyons-nous et voyons comment on va procéder. Nous sommes prêts à dire ce que nous pensons.

RFI

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