Après le 26e sommet de l’UA/Le paradoxe africain demeure
Les lampions se sont éteints sur le 26e sommet de l’Union Africaine (UA) dimanche 31 janvier 2016 à Addis-Abeba en Ethiopie. Le président tchadien Idriss Deby Itno a succédé au Zimbabwéen Robert Mugabé. De l’avis de nombreux observateurs, cet autre sommet des leaders africains a d’une part accouché d’une souris, mais remis au goût du jour sur le paradoxe africain qui consiste à vouloir une chose et son contraire. Tant, les nombreuses attentes sont restées dans les tiroirs.
Peu avant le 26e sommet de l’UA, la présidente de la commission, Mme Dlamini-Zuma, avait été ferme sur la crise au Burundi. Selon la première Dame sud africaine, pour mettre fin à la folie meurtrière en cours au Burundi, l’envoi d’une force militaire de quelque 5 000 hommes, même sans le consentement du gouvernement de Pierre Nkurunziza, serait judicieux. Comme il fallait s’y attendre, de nombreux observateurs avaient alors exprimé leur scepticisme quant à la réalisation de ce projet.
Au regard des résolutions dudit sommet, l’on peut avancer que ces derniers ont eu raison très tôt. En effet, au nom d’une pseudo souveraineté, des chefs d’Etat, notamment l’Equato-guinéen Teodoro Obiang Nguema et le Gambien Yahya Jammeh se sont montrés très hostiles à ce déploiement. L’UA agissant sur la base du consensus, l’épouse de Jacob Zuma n’aura d’autre choix que de renoncer à son projet.
Des raisons du refus des présidents gambiens et équato-guinéen
A l’analyse, il n’en pouvait pas être autrement, quand on sait que l’Institution africaine, fort de la faiblesse de certains aspects de ses textes est exposée aux diktats des dictateurs. Est-il besoin de rappeler que Yahya Jammeh et Teodoro Obiang Nguema ne sont pas des modèles en matière de démocratie. D’où leur collusion avec Pierre Nkurunziza dont ils ne peuvent se désolidariser. De fait, l’envoi d’une force militaire africaine au Burundi ne pouvait se faire sans l’accord de Nkurunziza.
A moins que ce soit une force d’invasion, et donc ennemie, on ne voit pas trop comment les militaires africains auraient pu débarquer au Burundi sans autorisation expresse du président burundais qui a engagé cette course folle et meurtrière pour un malheureux troisième mandat dont il risque de ne même pas jouir en toute tranquillité comme l’a souligné le confrère burkinabé L’Observateur paalga .
Ce qui a milité en faveur du tchadien Idriss Deby Itno,
Les multiples crises, pour la plupart artificielles souvent créées et entretenues par des leaders politiques avides de pouvoir, relèguent toujours au second plan les soucis majeurs qui freinent malheureusement le développement socio-économique ou la lutte contre le terrorisme. Nul, ne peut affirmer qu’Idriss Deby Itno, lui-même candidat à sa propre succession après 25 de règne, changera quelque chose. C’est donc à juste titre qu’un autre confrère burkinabé a révélé que l’offensive diplomatique du Tchad a milité en faveur du guerrier Idriss Deby Itno qui s’est positionné comme un aiguilleur de la lutte contre le terrorisme en Afrique.
Loin d’être un exemple en matière de gouvernance et de démocratie, ce que l’on pourrait qualifier d’atout pour le président tchadien, c’est son offensive diplomatique quant à la lutte contre le terrorisme. Surtout la secte Boko Hram qui sévit au Nigéria et dans certains pays de l’Afrique central. La priorité des pays africains étant la lutte contre le terrorisme, Idriss Deby Itno apparait comme celui qui connait mieux ce sujet, et dont la voix est aussi écoutée par la communauté internationale. (…) Pour ce coup-ci, donc, et vu le contexte, son choix répond aux aspirations de l’UA.
En attendant le prochain sommet qui aura lieu à Kigal au Rwanda, le nouveau président de l’UA Idriss Deby Itno pense qu’il faut agir vite. Pour autant, indique-t-il que si le président burundais Pierre Nkurunziza fait trainer les choses, l’Institution africaine interviendra militairement pour mettre fin à la folie meurtrière dans le pays.
EKB
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