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Après la nomination de Valls/ La presse française entre dans la danse


Manuel Valls, ici le 19 février à l'Elysée, a été nommé Premier ministre par François Hollande ce lundi 31 mars (Ph: Dr)

Manuel Valls, ici le 19 février à l’Elysée, a été nommé Premier ministre par François Hollande ce lundi 31 mars (Ph: Dr)

Et Libération applaudit des deux mains ! « Le président a tranché comme un chef. En nommant Manuel Valls à Matignon, dès le lendemain de la déroute socialiste aux municipales, François Hollande fait un choix clair », se félicite Libération. « Dans la stratégie présidentielle, Valls incarne, au fond, la cohérence et le professionnalisme qui ont manqué jusque-là. Sauf que le choix présidentiel a un revers sérieux, tempère le journal. Il court le risque de fissurer une majorité déjà vacillante et de braquer un peu plus l’aile gauche du Parti socialiste. »
Le Figaro approuve du bout des lèvres… « Manuel Valls apparaît comme le moins mauvais choix à gauche, estime le quotidien d’opposition. Après tout, l’impétueux ministre de l’Intérieur a déjà prouvé, sur le plan économique, que les chimères ne le hantaient guère. Le mot“libéralisme” ne lui fait pas peur et il n’est pas convaincu que l’État a réponse à tout. Si François Hollande exige de lui qu’il sabre dans les dépenses, qu’il simplifie la carte administrative, qu’il s’attaque aux excès de la protection sociale, on suppose qu’il engagera la bataille sans états d’âme, voire avec allégresse. »

Pour autant, la tâche du nouveau Premier ministre sera rude, relève Le Parisien : « à lui aujourd’hui de trouver la clé de l’équation que François Hollande lui demande de résoudre : réduire les déficits, relancer l’économie et épargner l’austérité au pays. Un tempérament, une énergie, une forme de liberté face aux dogmes, voilà ce que l’on sait du nouveau Premier ministre. » Et Le Parisien de s’interroger : « cela suffira-t-il à rassurer et les Français et sa majorité, cela permettra-t-il à la France de commencer à se relever ? A moins de trois mois d’une nouvelle échéance électorale périlleuse, les européennes, Manuel Valls est condamné à réussir. Ou bien il ne jouera qu’un rôle de Premier ministre “normal”, celui de fusible du président. »

Les Echos sont également assez partagés : Valls « est organisé, méthodique, travailleur et expert en communication. Il sait réagir et trouver les mots, il l’a prouvé ces deux dernières années au ministère de l’Intérieur. Il sait gérer des crises, alimenter le débat public, et se trouve être l’un des rares ministres qui réfléchit en dehors de ses attributions, lectures à l’appui, à la crise de défiance qui secoue la politique. Mais au-delà ?, s’interroge le quotidien économique. Difficile à dire. Manuel Valls est un risque pour François Hollande parce que la preuve n’est pas faite qu’il sait avoir des résultats et mener des réformes. Il porte une étiquette économique plutôt libérale, mais au fond qu’en est-il ? »

Autre facteur de risque, politique celui-là, relève Sud Ouest, « en nommant Manuel Valls à Matignon, François Hollande prend un risque considérable pour son propre avenir politique. Car de deux choses l’une. Ou Valls réussit et il devient un rival sérieux pour le président dans la perspective de 2017 ; ou il échoue et c’est le quinquennat qui part à vau l’eau, avec au bout du chemin une défaite inéluctable. »

Double peine ?

En tout cas, pour François Hollande, la priorité reste au redressement de la France. C’est ce que note La Croix : « Hollande change de Premier ministre, pas de cap. (…) La nomination d’un homme d’autorité à Matignon », marque le désir pour le président « de mettre un terme au débat, fort mal engagé, sur le cap économique du gouvernement. Dès dimanche soir, relève La Croix, une part significative de la majorité, dont des responsables d’Europe Écologie-Les Verts, avaient critiqué les orientations du “pacte de responsabilité”. D’ailleurs, Cécile Duflot et Pascal Canfin ne feront pas partie de la nouvelle équipe, note le quotidien catholique. À cette question brutale d’un changement de politique, François Hollande a donné une réponse nette, hier soir, pointe La Croix. Argumentation appuyée sur l’annonce des chiffres de la dette française, à la hausse. Le président de la République a vu là de très bonnes raisons de maintenir la ligne de rigueur esquissée en janvier. “Produire plus et produire mieux” pour ne pas “fragiliser la croissance”. »

A contrario, L’Humanité voit dans cette nomination de Valls, après l’échec de la gauche aux municipales, une « double peine : (…) malgré la lourde sanction de sa politique par le peuple de gauche, François Hollande a décidé de poursuivre son coup de barre à droite en désignant le ministre de l’Intérieur à Matignon. »

Commentaire affligé du quotidien communiste : « le porte-parole des oligarques a eu gain de cause : François Hollande a nommé à Matignon l’ennemi des 35 heures, le partisan de la TVA sociale, celui qui stigmatisait les Roms. Le choix de Manuel Valls rassure la droite, tempête le journal, inquiète la gauche et froisse des écologistes qui auront attendu cet ultime épisode pour prendre leurs distances. Il incarne le courant le plus à droite du Parti socialiste, celui qui voudrait enterrer une nouvelle fois Jaurès. »

Le Midi Libre complète le commentaire de L’Humanité : « Valls ne sera jamais aimé de la gauche et c’est une erreur politique d’avoir cru puiser dans le réservoir du “meilleur d’entre nous” pour donner le change. Le peuple de gauche attendait évidemment un autre signe. Dimanche, il était déçu. Il est aujourd’hui, estime Le Midi Libre, en colère. »

Qui pour faire quoi ?

Alors, le nouveau gouvernement devrait être constitué sans tarder, sans doute dans la journée… Et chacun y va de son pronostic. Pour Le Parisien, « les heures qui viennent risquent d’être bien remplies : entre les départs affichés des deux ministres écolos, Pascal Canfin et Cécile Duflot, celui, probable pour cause de divergence politique autant que de fatigue personnelle,  de Christiane Taubira, le respect de l’objectif de parité femmes-hommes dans les grands ministères et la nécessité de faire du neuf, parfois avec des anciens, tout en garantissant la présence de poids lourds et les équilibres entre les sensibilités du PS. »

Concrètement, croit savoir Le Parisien, « l’Intérieur aurait été promis à François Rebsamen. Fidèle de Hollande, Stéphane Le Foll souhaite rester à l’Agriculture, où il est apprécié, mais il pourrait être en mission commandée sur un autre secteur. Marisol Touraine devrait rempiler, mais pas forcément à la Santé, et Michel Sapin, Travail et Affaires sociales, sera – quoi qu’il arrive – une des poutres maîtresses du futur édifice. Ségolène Royal devrait occuper un gros ministère autour de la Jeunesse et de l’Education où Peillon est menacé. Bertrand Delanoë pourrait remplacer Christiane Taubira en cas de départ confirmé de la garde des Sceaux. Fabius s’accroche au Quai d’Orsay. Montebourg resterait à l’Industrie, avec peut-être un périmètre agrandi. Trois autres ministres de Bercy, Benoît Hamon (Numérique), Fleur Pellerin (PME) et Bernard Cazeneuve (Budget) pourraient être promus. Enfin, fidèle au poste, Jean-Yves Le Drian devrait rester à la Défense. »

Pour ce qui est des écologistes, rapporte cette fois Le Figaro, « si Duflot et Canfin ont décidé de partir, plusieurs sources affirment que d’ores et déjà des offres de services ont été faites de la part de parlementaires Verts qui se verraient bien attribuer un portefeuille… Du côté de l’exécutif, la volonté est claire d’avoir une participation des Verts. Le PS cherche aussi à se concilier les bonnes grâces des écologistes. En cas de départ des Verts, ce sont les contours de la majorité qui seraient modifiés, relève en effet Le Figaro. L’exécutif redoute d’avoir une majorité réduite au seul Parti socialiste. Avec Cécile Duflot de retour à l’Assemblée nationale, c’est un foyer de contestation supplémentaire qui est ouvert. »

Source Rfi.fr

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