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Après le cas Awa Fadiga/ Ce que cache l’Hôpital général d’Abobo-Sud sur la mort de Koffi Affouet Christine


Au lendemain du décès de Koffi Affouet Christine  et celui plus médiatisé d’Awa Fadiga, il y a de cela quelques mois, Lepointsur a diligenté une enquête pour révéler les similitudes entre les deux décès et mettre  encore une fois de plus à  nu, les insuffisances des Services d’urgences dans les centres de santé publics.

Chronologie des faits

ACCOUCHEMENTCentre hospitalier universitaire de Treichville, mercredi 03 septembre 2014, 4h du matin : Koffi Affouet Christine, 31 ans est déclarée morte quelques temps après son arrivée. Cependant, l’équipe de garde a tenté désespérément de sauver l’enfant qu’elle portait en vain.

Koffi Affoué Christine avait eu une grossesse normale selon les médecins. A 22H, dans la nuit du mardi 2, quand elle se rendait à l’Hôpital général d’Abobo Sud pour donner naissance à son 3éme enfant, elle ignorait qu’elle était entrain de prendre rendez-vous avec la mort.

La jeune dame aurait souffert d’une rupture de l’utérus comme l’indique son carnet de santé. Son utérus s’est déchiré et l’enfant se serait retrouvé à l’intérieur de son ventre ce qui expliquerait toute cette perte de sang dans l’ambulance.

C’est hélas à 3h48 que l’hôpital Général D’Abobo-Sud décide de la faire évacuer sur le Chu, leur plateau technique étant inférieur à celui du Centre Hospitalier.

Selon  Mme Diomandé Salimata, la mère de la défunte, sa fille avait commencé par sentir dès le matin des douleurs au bas ventre dues aux contractions, signes précurseurs de la venue imminente de l’enfant. C’est donc aux environs de 22h, avec la fréquence des contractions devenue plus grande, que la mère accompagne sa fille donner la vie.

Elles se rendent naturellement à l’hôpital d’Akeïkoi village où Affoué avait fait toutes ses consultations prénatales. Elles sont surprises de constater que l’hôpital est fermé.

On leur explique qu’il ne fonctionne plus passé 17H car à maintes reprises, l’hôpital a reçu la visite des malfrats. Au profit de la nuit, « les microbes »  terroriseraient tout le monde, pilleraient  et violeraient les infirmières et sages-femmes.

Une trentaine de minutes plus tard, Koffi Affoué Christine se retrouve donc à l’hôpital Général d’Abobo. Une sage femme convainc sa mère de payer 10000 Fcfa pour une injection qui apaiserait les douleurs de sa fille et faciliterait la délivrance.

La mère donne donc son accord verbal et l’injection semble accélérer les choses. Elle assiste cependant impuissante aux contorsions de sa fille qui fini par chuter de son lit pour échouer au sol sur son ventre. Elle aurait manqué d’assistance sinon, elle ne serait pas tombée. Un peu tard tout le monde accourt, la mère est écartée et éloignée de sa fille et l’attente devient longue…

Les naissances se succèdent, le cri des nouveaux- nés déchire la nuit mais maman Diomandé perçoit les gémissements de sa fille et reste anxieuse. Il est bientôt 3h et sa fille est toujours en travail.

La mère ne reçoit aucune information de l’évolution de la situation d’Affoué sa fille. L’hôpital Général d’Abobo Sud a quand même une bonne renommée avec ses plus de 600 accouchements par mois. Mais certains membres du personnel manquent de professionnalisme et Mme Diomandé est traitée sans état d’âme.

Elle n’a pas eu le temps de régler ces fameux 10000 F qu’on lui annonçait qu’elle devait envoyer sa fille d’urgence au Chu de Treichville, la jeune Affoué présenterait des signes de pré rupture de l’utérus. Les secousses dans l’ambulance ont certainement accentué les choses car Affoué était encore lucide dans l’ambulance. Elle allait jusqu’à rassurer sa mère…

Elle saignait beaucoup et à un moment disait qu’elle ne sentait plus l’enfant bouger.

Sa mère lui tenant la main avait senti les paumes de sa fille se refroidir. Que se passait-il : Affoué était elle en train de rendre l’âme ou venait-elle de perdre l’enfant dans son ventre ?

Au Chu, on leur demanda en urgence deux poches de sang, il n’était que 4h du matin. C’est à 7h que sa petite sœur revenait de la banque de sang ; hélas un peu trop tard ! Affoué et son enfant n’étaient plus. La famille reste inconsolable…NAISSANCE

Encore un autre décès… nous restons cependant accrochés  aux lèvres du Ministère de la Santé quant à ce qui s’est réellement passé. Une enquête est en cours et d’ici peu livrera son verdict.

Nous voulons croire au dévouement du corps médical en dépit de tous ces malheureux incidents dont Awa Fadiga, et bien d’autres patients, nous voulons croire que les médecins ont tenté de la « soigner » mais que Dieu en a décidé autrement.

Mme Diomandé pleurait déjà la disparition de son petit- fils et la voilà rattrapée par un autre malheur. Que chacune de ces âmes puissent reposer en paix.

N’Da Kouakou

Mme Doumbia Salimata  mère de la défunte  se prononce: « Ma fille est morte suite à une injection…. »

MERE DE LA DEFUNTEDans le cadre de l’enquête sur le mystère qui entoure la mort d’une jeune fille en grossesse,  à l’hôpital général d’Abobo-Sud, nous nous sommes rendus  le vendredi 12 septembre 2014, 11heures, 08 mm à Abobo Akéikoi.

Pour prendre langue avec les parents de la défunte.

Après une demi-heure de marche sur une ruelle dont l’état laisse à désirer, nous arrivons enfin au domicile des parents de la défunte. Là, un silence de cathédrale mêlé à une sorte de mélancolie nous transperce le cœur.

Assise sur un matelas, au salon, une dame d’un certain âge, nous dévisage. À notre vue, elle dissimule tant bien que mal sa douleur. Après les échanges de civilité, dame Doumbia Salimata, d’une voix entrecoupée de sanglots,  nous replonge dans le film du drame qui a conduit au décès de sa fille. 

Quelle était l’activité principale de votre  défunte fille ?

Elle commercialisait le riz local qu’elle allait chercher chez son mari à Gagnoa.

Avait-elle connu des difficultés lors de ses deux premières grossesses ?

Pas du tout. Elle n’a pas été malade, encore moins lors de ces précédentes grossesses.

Expliquez-nous la situation qui a conduit au décès de Mlle Affouët

Tout a commencé le mardi 02 septembre 2014. Ce jour-là, au réveil elle m’a dit qu’elle ne se sentait pas bien. Elle manifestait de la fièvre. Son corps chauffait de plus en plus. Au rythme de ses va et vient, je lui ai posé la question de savoir si elle ne saignait pas. Après vérification, elle m’a fait savoir que ce n’était pas le cas. Mais qu’elle sentait  toutefois,  quelque chose remuer dans son ventre. C’était aux environs de 11 heures. Nous en sommes restées là toute la journée à la maison.

Etait-elle vraiment à terme ?

Bien- sûr. Elle était dans le neuvième mois de sa grossesse. Loin de la ville, mon inquiétude croissait avec le temps qui avançait sans que le processus d’accouchement ne se déclenche chez ma fille. Je lui ai donc demandé de nous rendre chez sa tante d’où on se ferait accompagner par celle-ci et sa petite sœur. De chez sa tante, nous sommes arrivées à la maternité de l’hôpital général d’Abobo aux environs de 22 heures. Là, après qu’elle a été reçue par les sages-femmes, nous avons été littéralement vidées de la salle. Sans oublier de nous demander de faire enregistrer ma fille à la caisse contre 500 FCFA. De la salle d’accouchement, j’entendais les cris des femmes en travail sans ceux de ma fille. C’est alors que la sage-femme m’a approchée avec la promesse d’aider ma fille en toute tranquillité. Curieusement, elle a demandé une récompense de 10 000 Fcfa. Je lui ai dit qu’il n’y avait pas de problème. A la suite de notre échange, elle est allée administrer une injection à Affoué.

A quoi devait servir les 10 000 Fcfa ?

C’était pour que ma fille accouche sans problème.

Quel est le nom de l’injection administrée à votre fille ?

Je n’en ai aucune idée. Elle a seulement rassuré pour dire qu’elle était disposée à aider ma fille. Quelques temps après, la sage-femme me fait savoir que ma fille était en travail. A peine ai-je jubilé qu’elle me rappelle encore pour m’annoncer que sa situation s’est compliquée.

Que les services de la maternité ne pourraient parvenir à la soulager. C’est pendant qu’on échangeait que ma fille a fait chute sur son ventre. Du lit où elle était couchée, j’ai vu tomber ma fille à plat ventre. (Elle éclate en sanglots). Au bout de mille efforts, Christiane m’a indiqué que son cœur lui faisait très mal. Soulignant au passage que l’enfant ne bougeait plus dans son ventre.ENFANTS DE LA DEFUNTE

Ce que j’ai pu constater en touchant son. Le saignement est devenu plus important. Elle a été installée dans une ambulance pour le Chu de Treichville. J’ai dû payer des poches de sang pour Christiane, sans grand succès.

Jusqu’au petit matin son état ne s’était guère amélioré. Lorsque j’ai enfin eu accès à la salle, les médecins m’ont fait  savoir qu’ils ont tenté de sauver l’enfant sans pouvoir y parvenir malheureusement. J’ai alors sorti un morceau de pagne dans lequel le corps du bébé sans vie a été enveloppé.

Ma question sur l’état de ma fille est restée sans réponse. Les médecins me demandaient plutôt de la patience. Après un long moment d’hésitation, la mort de ma fille Christiane m’a été annoncée. Et de me préciser qu’elle est arrivée agonisante au Chu.

Ce qui revient à dire que le décès de votre fille tire sa source de l’hôpital général d’Abobo ?

Effectivement, c’est à partir de l’injection qui lui a été administrée que tout est parti. D’autant plus que selon le médecin qui nous a reçues plus tard, l’utérus avait cédé et le bébé s’était retrouvé dans le ventre.

 

Opportune Barth

 

Encadré

 

Que de mystères autour de la mort d’Affoué

Toujours dans le cadre de notre enquête, nous nous sommes également rendus dans la formation sanitaire qui a accueilli la jeune fille bien avant son décès au Centre hospitalier universitaire de Treichville. Des informations recueillies ici et là  nous ont laissé perplexes.

La jeune  fille, selon  notre interlocuteur,  serait conduite dans cet hôpital aux environs de 3 heures du matin,  avant  d’être évacuée  à 3h 58 mn au Chu de Treichville, à cause de la défaillance du plateau technique.

Aussi, à la question de savoir pourquoi aucune prescription  relative à l’évacuation  de la patiente n’était inscrite sur son  carnet de maternité, l’un des responsables de l’hôpital nous a laissé entendre qu’un bulletin leur avait été délivré.

Cependant, une enquête dans une maternité de la place nous a permis de nous rendre  compte d’une seule évidence. Qui n’est autre qu’avant toute évacuation d’une femme en étant de couche dans un Centre hospitalier, le médecin traitant se doit  de toujours prendre le soin de le notifier dans son carnet de maternité.

Nos tentatives pour rentrer en possession du rapport rédigé par les responsables de cet hôpital sont restées vaines. Ce qui nous amène à prendre les propos  des deux parties avec des pincettes.

 

Opportune Barth

 

 

 

 

 

 

 

 

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