Amnesty accuse la Guinée pour les violences post-électorales
Amnesty International a déclaré dimanche que les forces de sécurité guinéennes avaient tiré à balles réelles contre des manifestants, dans des troubles post-électoraux qui ont fait une dizaine de morts cette semaine dans ce pays instable d’Afrique de l’Ouest.
Dans un communiqué, le groupe de défense des droits de l’homme a ajouté que les déclarations de témoins et des analyses de vidéos avaient confirmé que les manifestants étaient visés.
Amnesty a également condamné les coupures d’internet pendant les troubles. Le président Alpha Condé, 82 ans, a remporté un troisième mandat présidentiel controversé avec 59,49% des voix selon des chiffres encore provisoires, a annoncé samedi la commission électorale guinéenne. Mais le principal candidat de l’opposition, Cellou Dalein Diallo, conteste le résultat de la présidentielle.
Sans attendre les résultats, il a revendiqué la victoire au lendemain du scrutin très disputé du 18 octobre, ce qui a déclenché des affrontements entre ses partisans et les forces de sécurité à travers le pays, au cours desquels le gouvernement affirme qu’environ 10 personnes sont mortes.
L’opposition évalue le nombre de morts à 27. L’Afp n’a pas été en mesure de confirmer le nombre de décès.
Amnesty a ajouté qu’elle était toujours en train d’analyser des informations en sa possession, mais que ces dernières tout comme celles publiées dans la presse locale, laissent croire que « des dizaines de personnes auraient pu être tuées ».
L’Ong a ajouté que dans une vidéo tournée pendant les troubles récents dans la capitale Conakry, on peut voir un agent de sécurité en train de tirer sur des personnes à très courte distance, « sans aucune menace apparente pour sa vie (et) en violation des règles internationales sur l’utilisation des armes à feu par les forces armées ».
L’Ong a ajouté que les forces de sécurité guinéennes déployées dans la région sont souvent équipées de tels fusils, ce que le gouvernement nie.
« Les autorités doivent arrêter d’utiliser des armes à feu », a déclaré Fabien Offner, chercheur à Amnesty, cité dans le communiqué. « Si une culpabilité pénale est établie, les personnes soupçonnées doivent être traduites en justice dans le cadre de procès équitables devant des tribunaux civils », a-t-il ajouté.
Le gouvernement guinéen n’était pas joignable dans l’immédiat pour commenter le communiqué d’Amnesty.
D’autre part, Amnesty a également critiqué les coupures d’internet et téléphoniques survenues vendredi et samedi, les qualifiant « d’attaques frontales à la liberté d’expression ».
Condé est devenu le premier dirigeant démocratiquement élu de Guinée en 2010 et a été réélu en 2015. Les groupes de défense des droits humains l’accusent toutefois de sombrer dans l’autoritarisme.
AFP